Au détour de la bande-annonce du film, on découvre un conteneur
militaire barré de la mention : «U.S. Roswell, New Mexico. 1947»,
référence au soit-disant crash d'une soucoupe volante au Nouveau-
Mexique.
Les extraterrestres sont au coeur de l'énigme du film, qui sort le 21
mai. Enquête à partir des indices livrés par les bandes-annonces et
les produits dérivés.
Depuis dix-huit ans, les fans du monde entier piaffent d'impa tience
en attendant la sortie du prochain Indiana Jones. Alors que le
magazine américain Variety a annoncé qu'Indiana Jones et le Royaume du
crâne de cristal (qui sort en France et dans le monde le 21 mai
prochain, et dont le budget global est de 125 M$) ferait
vraisemblablement l'ouverture du 61e Festival de Cannes, le mystère
reste total quant au sujet de ce quatrième et dernier volet.
Afin de tenir les spectateurs en haleine, le studio Lucasfilm a
réalisé une série de teasers et de bandes-annonces internationales,
diffusés depuis quelques jours sur Internet et à la télévision. En
visionnant très attentivement ces films, une image d'une demi-seconde
retient l'attention. On y voit une paire de lunettes rondes cerclées
de métal qui se fracassent sur un conteneur militaire vert-de-gris
barré de la mention «U.S. Roswell, New Mexico. 1947». Pour le grand
public, cette mention ne signifie pas grand-chose. Mais pour tous ceux
qui s'intéressent de près ou de loin à l'ufologie (étude des ovnis),
elle est lourde de sens.
«Quand j'ai visionné pour la première fois ce trailer à la télévision,
j'ai immédiatement repéré ce détail qui sous-entend que le film va
parler d'extraterrestres et du prétendu crash d'une soucoupe volante à
Roswell, au Nouveau-Mexique, en 1947, soucoupe qui serait conservée en
grand secret par les militaires, observe le sociologue Pierre
Lagrange, auteur de La Rumeur de Roswell (La Découverte). Depuis le
premier film, Les Aventuriers de l'arche perdue , sorti il y a vingt-
sept ans, en 1981, on sait que cette saga rend hommage aux séries B
des années 1930. Les trois longs-métrages jouent sur des thèmes liés à
l'archéologie. Après l'arche d'Alliance bi blique, après la légendaire
quête du Graal, Spielberg et Lucas ont choisi de s'attaquer à un
nouveau thème issu de ce que l'on nomme l'archéologie fantastique.»
Une discipline qui, dans le sillage de Jacques Bergier et Louis
Pauwels (fondateurs de la revue Planète, auteurs du livre Le Matin des
magiciens) et de l'écrivain suisse-allemand Erich von Däniken (auteur
du best-seller mondial Chariots of the Gods), se penche sur les
mystères de l'histoire et les énigmes des grandes civilisations
disparues.
«Si l'on se réfère à la bande-annonce ainsi qu'aux nombreux produits
dérivés déjà commercialisés par Lego ou Hasbro, le nouvel Indiana
Jones semble aborder le thème classique du paléocontact, précise
Pierre Lagrange qui vient de publier Ovnis, ce qu'ils ne veulent pas
que vous sachiez (Presses du Châtelet). Cette thèse, popularisée par
von Däniken, part du principe que les extraterrestres sont venus sur
terre par le passé. Certains monuments antiques, telles les "pistes
des Nazcas" au Pérou, les statues de l'île de Pâques ou bien le
"cosmonaute" de Palenque, au Mexique, gardent des traces de leur
passage.»
Mais le plus amusant reste à venir. Quel est le lien entre les crânes
de cristal évoqués dans le titre même de ce quatrième volet et
Roswell ? «Les crânes de cristal constituent une énigme archéolo gique
classique, dit encore Lagrange. Ce sont des crânes très finement
ciselés dans un cristal de roche naturel, dont certains ont été
découverts en Amérique centrale au début des années 1920. Ces
artefacts, dont un se trouve dans l'une des collections du Louvre, ne
cessent de susciter une abondante littérature spéculative concernant
leur origine. Considérés comme des faux par la plupart des
archéologues, ils ont même suscité l'intérêt de certains médiums qui
les ont étudiés de près. Un peu comme dans une boule de cristal, ils y
ont vu sous certains angles un hologramme de soucoupe volante ! Un
mystère reste donc associé à ces crânes. La question est de savoir
comment les scénaristes du film ont relié tout cela à l'affaire de
Roswell.»
Le quatrième volet d'Indiana Jones semble donc établir un lien entre
deux thèmes chéris des amateurs de science-fiction et des fans de
conspirations : l'archéologie fantastique et l'ufologie à travers l'af
faire Roswell. Selon cette légende, les militaires américains auraient
caché la soucoupe volante de Roswell dans le mystérieux hangar de la
Zone 51, célèbre base militaire située au Nevada. «C'est sans doute ce
hangar que l'on voyait déjà dans le premier film, et où finissait
l'arche d'Alliance, conclut Pierre Lagrange. La boucle serait ainsi
parfaitement bouclée !"