La couronne de France 2. De Charles VII à Charles VIII

A u début du XVe siècle, le royaume de France est exsangue, miné par une guerre qui dure depuis presque cent ans, réduit à une portion congrue après maintes défaites contre les Anglais. Pire, le duc de Bourgogne, régent au nom de Charles VI atteint de folie, a signé un traité prévoyant la cession de la couronne à Henri V d’Angleterre. Depuis, l’héritier légitime est cantonné à Chinon et soupire après un miracle. Sa belle-mère, Yolande d’Anjou y croit et œuvre en ce sens, aidée par le mystérieux chef des charbonniers. Puis, il y a cette jeune fille qui n’a pas hésité à prendre une arme contre un pilleur. Remarquée par le capitaine Robert de Baudricourt, Jeanne d’Arc assure qu’elle entend des voix la poussant à chasser l’ennemi. Avec elle, l’espoir d’un couronnement renaît pour Charles VII.

Ce deuxième volet de la Couronne de France fait un saut dans le temps et entraîne le lecteur à la suite de deux nouveaux monarques qui ont marqué la fin du Moyen-Âge. Comme précédemment, Jean-Pierre Pécau s’est entouré d’une double paire d’artistes pour dresses ces portraits : en l’occurrence Marco Pizi et Diego L. Parada officient comme dessinateur et coloriste pour faire revivre Charles VII, tandis que Roberto Viacava et Bertrand Denoulet s’occupent d’animer Charles VIII. Globalement, les deux duos livrent des copies honnêtes, au trait expressif. Si un effort est apporté aux décors et aux costumes de part et d’autre, le rendu paraît davantage mis en valeur dans le premier récit, grâce à un travail plus poussé sur les détails et les nuances de couleurs.

Quant aux vies des deux monarques, Jean-Pierre Pécau les retrace à travers un propos parfois un peu trop dense. Les destinées de Charles VII et de son petit-fils Charles VIII invitent par ailleurs à mettre davantage en avant certaines figures de leur entourage qu'eux-mêmes. Ainsi, trois femmes investissent le devant de la scène : d’abord la duchesse d’Anjou, habile politique, et Jeanne d’Arc, sauveuse miraculeuse, tirent leur roi du marasme ; ensuite, Anne de Beaujeu officie comme régente au nom de son frère mineur. Les hommes ne sont pas en reste, puisque Charles VII, une fois dûment rétabli sur son trône, a maille à partir avec son dauphin (le futur Louis XI) ; tandis que Charles VIII passe une partie de son règne à se dépêtrer des menées de son cousin Louis d’Orléans (lequel lui succédera) omniprésent. Il convient également de relever le rôle plus marqué du fameux « inconnu en noir », dont les actions sont mises en avant et qui représente, en quelque sorte, le peuple français. Entre la geste de la Pucelle - désencombrée de son aspect romantique -, la victoire française mettant fin à un conflit séculaire, les alliances changeantes entre princes, barons et/ou pays voisins, la "guerre folle" (de 1485 à 1488) et l'expédition napolitaine débutée en 1494, les événements narrés sont nombreux et le rythme les suit généralement tambour battant.

Ce second opus de la Couronne de France donne corps à une leçon d'histoire dessinée plutôt touffue, mais dont les figures de proue sont finalement moins les rôles-titres que ceux qui les secondent ou jouent leurs rivaux.

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