P aris, la nuit : cent dix coureurs attaquent le Tour de France 1910. Quarante et un « chanceux » arriveront au bout, éreintés, cassés. Pluie, froid, canicule, chutes, sabotages, étapes allant jusqu’à 400 kilomètres, crevaisons – les coureurs, sans aucune aide extérieure, réparent eux-mêmes leurs vélos et Lapize finira une étape sur la jante –, toutes les conditions sont réunies pour faire de cette « grande boucle » une épreuve hors norme. Tout d’abord, une précision : pas besoin d’être accro au Tour de France, ni même d’être passionné de sport pour apprécier cet album. Le Tour des géants est avant tout une extraordinaire aventure humaine, racontée avec émotion et drôlerie, et portée par des images d’une grande beauté, en bleu nocturne, sous la flotte ou le cagnard. Quant aux héros, Octave Lapize dit « le Frisé », Faber dit « le Géant de Colombes », Gustave Garrigou dit « le Dandy » – et ceux qui tomberont en cours de route, parfois terrassés par les effets désastreux de « reconstituants » mal dosés –, ils ont tous un petit air de Serge Reggiani dans Casque d’or, et une manière très personnelle d’attaquer le problème, de celui qui s’exclame « Ah ! bin, v’la aut’ chose ! » quand il crève, à celui qui trimballe partout ses malles de linge impeccablement amidonné.
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