« Tu poursuivras la bête et la transperceras de ta flèche. Tu couperas sa tête, mangeras son cœur et boiras son sang. Elle t’apprendra à voir le vrai visage du monde. »
Obéissant à l’oracle, l’homme se met à traquer l’animal, gibier capable de sustenter toute sa famille, toute sa tribu. S’enfonçant dans la forêt inhospitalière, nécrosée, le chasseur flaire sa pâture, perd sa trace puis la retrouve. La quête devient alors initiatique : la proie se fait guide, l’homme et l’animal, s’agrègent pour écrire, par-delà l’espace et le temps, leur tragédie commune.
Dans ses précédents travaux de bande dessinée (Psychonautes) et de cinéma d’animation (Psiconautas, los niños olvidados et Decorado), Alberto Vázquez dénonçait les ravages de la pollution massive et la déshumanisation croissante de notre modèle social. Autant de métaphores dystopiques qui lui ont permis de mettre en évidence l’échec de la modernité, que la science et le progrès, ces mythes, ne peuvent désormais plus enrayer.
Ces thèmes constituent de nouveau le cœur de La chasse, haletant récit de traque et de survie mêlant rites primitifs et initiatiques où Vázquez recompose le couple ancestral homme / animal, lui seul qui pourrait endiguer la destruction du vivant. Tissées d’échos à l’art pariétal, à la peinture classique chinoise ou encore à l’expressionnisme sombre de Lynd Ward et Frans Maaserel, les pages de La chasse sont de plus émaillées de lavis saisissants. Le tout est mis au service d’une allégorie puissante à la poésie déchirante, qui incite à la réflexion.
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