B ien plus qu’un trip nostalgique façon c’était mieux avant, Gilbert Hernandez se replonge dans ces années qui l’ont vu grandir et l’ont marqué à jamais, les années 60 – période faste pour la bande dessinée made in US et la musique pop, mais également période de tension entre les deux blocs Est-Ouest. Beto délaisse donc ici les personnages de Palomar pour un récit partiellement autobiographique, où des enfants – toujours baignés dans l’insouciance qui est leur privilège et pourtant déjà porteurs des angoisses de l’âge adulte – se croisent et s’amusent, se battent et tombent amoureux, exposent avec le plus grand sérieux leur passion pour la bande dessinée et les séries télé. L’auteur nous offre alors une galerie de personnages aussi attachants que surprenants, de Lana le garçon manqué à Lucio l’hystérique, en passant par Suzy la mangeuse de billes et Huey le collectionneur compulsif de comics. Mais le vrai «héros» de ce livre est peut-être cette culture typiquement américaine, faite de comics de super-héros, de séries B et de cartes à collectionner, toutes ces influences qui ont nourri l’imaginaire du jeune Gilbert, et auxquelles il rend hommage dans cette Saison des Billes. Et si cette œuvre est clairement redevable à une certaine époque, pafois mythifiée aux Etats-Unis, elle touche pourtant à l’intemporel, quand les dilemmes des enfants d’hier et d’aujourd’hui résonnent à l’unisson, quand la naïveté de l’enfance se confronte avec l’âpreté de l’âge adulte – à l’image du tout jeune Chavo découvrant un cadavre d’oisillon, ou de Lucio parlant soudainement de sa sœur mort-née. C’est donc un livre généreux, drôle et touchant que nous offre ici le génial co-créateur de Love & Rockets, et sans aucun doute l’un de ses meilleurs.
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