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« Sans Jour J, il n’y aurait pas eu Wonderball »

Entretien avec Fred Duval, Jean-Pierre Pécau, Fred Blanchard et Colin Wilson

Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade Interview 10/11/2014 à 09:49 12684 visiteurs

Wonderball. Le titre sonne presque comme un nom de super héros, mais c'est du côté des friandises "made in USA", sorte de Kinder Surprise, qu'il faut aller chercher sa véritable signification. Dans le premier tome de cette nouvelle série, imaginée par les auteurs de Jour J, les références sont légions : de l'Inspecteur Harry à l'assassinat de JFK, en passant par les Grateful Dead. Les amateurs des bons vieux polars des années soixante-dix vont se régaler.     


Vous avez travaillé ensemble sur les tomes cinq et dix de  Jour J qui traitent justement de l’assassinat de Nixon (élu à la place de Kennedy) et du clan Kennedy. La genèse de Wonderball vient-elle de ses deux albums ?

Jean-Pierre Pécau : Oui, complètement. On a contacté Colin Wilson pour faire un Jour J sans espérer qu’il allait accepter et… il accepte ! On fait alors un deuxième Jour J. Ça se passe très bien, et au moment de lui en proposer un troisième, Colin nous dit qu’il préfèrerait faire une série. On lui demande alors quel univers il aimerait dessiner. Et là, deuxième coup de chance, il nous parle des États-Unis des années soixante-dix et quatre-vingt, de complots, de JFK… Tout ça fait partie de nos intérêts, à Fred Duval et à moi. Le projet est né comme ça.

La théorie du complot, c’est une mine inépuisable d’inspiration ?

Fred Duval : C’est l’un des socles de la série. Ce qui nous intéresse dans Wonderball, c’est surtout de parler d’un personnage. C’est d’ailleurs pour ça que la série s’appelle ainsi. C’est avant tout le portrait d’un flic avant d’être une histoire de conspiration. Ce flic a été jeune dans les années soixante et se retrouve dans les années quatre-vingt avec une bonne gueule de bois à cause de tous les changements politiques aux États-Unis. La culture des années soixante est totalement changée avec, par exemple, l’arrivée des drogues dures… C’est ça qui nous a intéressés. Effectivement, c’est un thriller, un polar, donc il faut en fond des éléments incontournables : un complot, un héros fort mais avec aussi des grosses faiblesses, et de quoi faire courir tout le monde aux quatre coins des États-Unis ou du monde.

J.-P.P. : Oui, le vrai sujet est le passage des années soixante-dix aux années quatre-vingt, d’où la dédicace de Gramsci en début d’album sur la fin d’un monde et le début d’un autre. C’est aussi le passage de JFK, qui représentait l’espoir de nombreux américains, à la fin de l’innocence même si, à l’époque, on ne le vivait pas comme ça. Nous avons pris le complot de JFK non pas en tant que thème mais en tant que mythe, cette dimension, avec la théorie du complot, arrivant à la fin des années soixante-dix.

Le pivot, que vous avez déjà abordé, étant les années Nixon…

F.D. : Oui… Les années Nixon, c’est le Viêt-Nam, le grand scandale, le début du doute… C’est surtout la désillusion que Wonderball a traversée. Lui a fait la Corée mais a connu toutes ces années-là.

D’où vous est venue l’idée d’associer la théorie de la balle magique avec les Wonder Ball ? Êtiez-vous des gros consommateurs de Kinder Surprise ? (sourire)

F.D. : Quand on fait de la BD, qui est un art très visuel, c’est aussi intéressant de s’appuyer sur des objets, sur une certaine culture… C’est vrai que les gens vont de suite voir les Kinder Surprise… Son intérêt, c’est qu’il y a vraiment un chocolat, une croûte, on l’enlève et on trouve une boîte puis on assemble l’objet. Et ça, c’est aussi une bonne base pour un thriller. Le héros, à chaque épisode, va reconstituer un puzzle.

Fred Blanchard : C’est un peu la vision moderne de la poupée russe à l’ère du pop. D’ailleurs on a mis à moment donné dans une case un astronaute comme jouet, ce qui renvoie l’image de l’ère Kennedy, puis le chien broie le jouet… C’est un peu une symbolique de bazar… On tournait aussi autour du thème de la balle magique. Et en faisant des recherches, on est tombés sur Wonderball. On a trouvé que le titre collait parfaitement.

J.-P.P. : C’est ça qui est sympa de bosser à plusieurs. Fred Blanchard a été beaucoup plus que directeur de collection pour Wonderball. Le scénario a quasiment été écrit à six mains. On a un mode de fonctionnement, toutes proportions gardées, identique à celui des séries américaines. Par exemple, j’ai du mal à me représenter graphiquement les choses. L’idée d’avoir un Wonder Ball et d’avoir systématiquement un jouet, ça permet de monter les couches scénaristiques. On va s’apercevoir que le flic mange ces chocolats pour une raison bien spécifique. Les jouets, quant à eux, ne seront pas toujours des petits soldats. Le prochain, par exemple, sera un sheriff... Tout ça nous permet d’avoir des petits modules qui se mettent en place au fur et à mesure. Et ce système fonctionne parfaitement parce qu’on est trois. On se relance constamment, avec des idées. Cela aurait été beaucoup plus difficile à faire si on avait été tout seul.

F.B. : Il y a également une autre signification pour Wonderball. Le personnage de Spadaccini a été bâti sur des archétypes du polar des années soixante-dix, comme l’Inspecteur Harry. Il y avait aussi à l’époque une série télé, Kojak, dont le héros était amateur de sucettes.

J.-P.P. : Voilà, chacun a mis ses propres références.

F.B. : Comme des petits œufs de Pâques balancés un peu partout dans l’album.

J.-P.P. : L’idée est de ne rien faire juste pour le fun. Tout doit avoir une explication… On a par exemple mis dans une case une affiche du Grateful Dead, beaucoup de lecteurs d’une vingtaine d’années n’avaient aucune idée de quoi il s’agissait. (sourire)

Concernant l’approche graphique, l’album semble construit dans une certaine verticalité et le relief, que ce soit avec la ville de San Francisco, les nombreux escaliers, les vagues…


J.P.-P. : C’est peut-être un peu voulu. (sourire)

F.D. : San Francisco est la ville idéale pour un polar. Los Angeles aussi mais pour d’autres raisons. San Francisco est une ville où l’on ne cesse de monter sans jamais savoir ce qui va se trouver derrière. Cette particularité a été parfaitement utilisée au cinéma, comme dans Bullitt. En BD, c’est assez simple à utiliser. J’ai dû reprendre quinze fois la scène de la poursuite dans Bullitt. Puis on a travaillé sur Google Earth en essayant de travailler vraiment sur les pâtés de maison et en montrant justement cette verticalité. C’est la volonté d’être exact qui donne ce réalisme à l’histoire.


Voir le pont de San Francisco dans la brume alors qu’on a l’habitude de le voir représenté toujours dégagé, ce n’est pas banal… (sourire)

J.-P.P. : Il y a souvent de la brume à San Francisco. (sourire)

Une autre différence entre San Francisco et Los Angeles vient également des populations qui les composent…

J.-P.P. : Ça ne serait pas le même polar.

F.D. : Los Angeles en termes de mise en scène, c’est la lumière la nuit qui est très particulière. C’est ce qu’a fait Michael Mann dans tous ses films. On a chaque fois l’impression d’être dans quelque chose qui tourne en rond car tout se ressemble, et tout est à l’horizontale.

J.P.-P. : Il y a aussi à San Francisco cet esprit de contre-culture… Si on l’avait mis à Détroit ou à Pittsburgh, ça aurait été une autre histoire.

F.B. : On savait aussi qu’en ayant Colin au dessin, on aurait l’horizontalité par la suite, l’histoire ne restant pas à San Francisco. Colin a l’habitude des western et des grands espaces. Quant à Jean-Paul Fernandez, qui officie aux couleurs, il a une culture proche de celle de Colin et s’entend très bien avec lui.

F.D. : Pour l’instant ce n’est pas évident, mais on voulait aussi parler de la création d’internet. La Silicon Valley est très proche de San Francisco… Quand on parle de la fin d’un monde et le début d’un nouveau, c’est aussi ça, la création d’un monde informatisé, numérisé… On pose pour l’instant toutes nos bases, néanmoins avec de l’action. Wonderball est un récit très compliqué qu’on essaie de raconter de façon très simple.

J.P.-P. : Toutes les cases, même les plus anodines, ont une importance pour la suite. On espère qu’à la fin, les lecteurs retrouveront les liens qu’ils n’auront pas forcément vus à la première lecture.

Une couverture sans héros. Comment ce choix s’est-il effectué ?

F.B. : Avec Colin, on s’est construit ensemble à travers Jour J. Déjà, il y a avait eu une réflexion par rapport aux couvertures. Il y a sur cette série un illustrateur qui est venu homogénéiser un peu tout ça pour caler sur l’esprit « magazine » qu’on voulait mettre en place. Vendre de l’Histoire au travers de peintures me semblait logique. Avec Wonderball, on s’est servi de toute l’expérience accumulée sur Jour J. Il nous a semblé essentiel de revenir à l’esprit des séries des années soixante-dix. Au départ, Colin n’était pas chaud pour dessiner la couverture. Je savais qu’il était très bon dans les clairs obscurs et dans les personnages évoluant comme ça dans les ombres. Comme c’est quand même une série qui est proche du polar, avoir un personnage dans l’ombre, ça m’a semblé intéressant pour une couverture. Et ne pas avoir un héros non plus. Par exemple, sur une série comme Carmen Mc Callum, on finit par s’arracher les cheveux car on sait par avance que Carmen doit absolument figurer sur la couverture, et si elle n’y est pas, les lecteurs vont râler. De plus, l’histoire de Wonderball va à chaque tome avancer grâce à un personnage secondaire.

F.D. : Ce n’est surtout pas un nouveau concept ! (sourire) C’est comme dans les X-Files : il y a une grosse trame de fond, puis il y a des micro-épisodes avec des choses qui vont se résoudre. Les vraies questions que l’on se pose c’est pourquoi a-t-on tiré sur Kennedy mais aussi pourquoi a-t-on tiré sur Reagan. D’ailleurs on peut se demander ce qu’il se serait passé si Reagan était mort… Ça pourrait presque faire un Jour J… (sourire)

F.B. : Pour en revenir à la couverture, c’était vraiment l’idée du polar tout en le détournant, donc pas de héros, le personnage secondaire qui fait avancer l’histoire en revanche apparaît. J’essaie aussi de trouver des images et des couleurs qui vont vraiment marquer le lecteur. J’ai repris une image de l’Inspecteur Harry avec son magnum et le pont de San Francisco derrière. J’ai aussi toujours été fan d’une peinture qui représente le sculpteur Arman dans les années soixante. C’est un moulage du sculpteur, coupé aux jambes, bleu sur un fond doré. J’ai découvert cette image au lycée et j’ai trouvé qu’elle avait une force assez incroyable due en grande partie à cette complémentarité des couleurs. Je trouvais ça intéressant aussi pour la couverture d’autant que cette teinte rappelait aussi les polars des années quatre-vingt dont ceux de Michael Mann dont on parlait. Le concept de cette couverture est déclinable pour toute la série, ce qui permet de faire apparaître une vraie identité, essentiel pour la faire émerger de toutes les nouvelles séries qui sortent régulièrement. 


Entre les ambiances polar du Plomb dans la Tête ou Wonderball et celles plus SF de Star Wars, où va votre préférence ? 


C.W. : (Rires) C’est une question piège. Bien évidemment, je suis beaucoup plus à l’aise dans les polars. J’ai toujours lu beaucoup et vu beaucoup de polars. Pour Stars Wars, c’était très différent. Cet univers était déjà très connu et ça n’a pas été très difficile de travailler là-dessus. Mais je préfère les choses beaucoup plus ouvertes comme sur Wonderball

Sortir une version noir et blanc de Wonderball, c’est dans vos projets ? 

F.B. : On en a parlé effectivement. 

J.-P.P. : Ça viendra peut-être mais pas pour l’instant. 

Quelle serait la bande son idéale pour ce premier tome ? 

F.D. : En 1977, tous les groupes comme Grateful Dead ou The Eagles ont été balayés par les Ramones et le rock new yorkais en général. Le punk a aussi pointé le bout de son nez avec par exemple les Dead Kennedys. La bande son idéale commencerait donc avec Jerry Garcia des Grateful Dead, continuerait avec Hôtel California, et se terminerait avec California Über Alles des Dead Kennedys. 

C.W. : Pour moi, ce sera toujours les Beach Boys. Il y aussi le groupe texan 13th Floor Elevators qui a également joué à San Francisco. 

Un flic efficace, c’est forcément un flic meurtri ? 

F.D. : Avec Spadaccini, on est parti de l’icône Harry. Mais en fait, ils sont très différents. L’inspecteur Harry est une sorte d’ange exterminateur alors que Spadaccini est plutôt une bombe à retardement. 

J.-P.P. : La psychologie de l’Inspecteur Harry reste un mystère. C’est juste une brute d’extrême droite, un flic raciste et brutal. Pour Spadaccini, on va apprendre au fur et à mesure les raisons pour lesquelles il est comme ça. Ces raisons datent de son enfance, des entraînements qu’il a subis…

F.D. : Harry correspond aussi à un personnage qui a été écrit dans les années soixante-dix. Aujourd’hui, on est en presque en 2015 et faire du « sous Harry » n’a aucun sens. Par exemple, avec vingt ans de recul, Carmen Mc Callum ne serait pas le même personnage si je démarrais l’histoire maintenant… Pour l’instant, Spadaccini est un faux dur dans cette histoire, il subit beaucoup.

Comment va évoluer l’histoire de Wonderball ?

J.-P.P. : On va démarrer sur un cycle de cinq ou six albums. Après, on est évidemment soumis aux règles économiques. Quand j’ai commencé la bande dessinée il y a une vingtaine d’années, Delcourt avait la réputation de ne jamais arrêter une série avant qu’elle ne soit totalement terminée, même si elle ne se vendait pas. Maintenant, économiquement, il ne peux plus le faire. On n’a plus aucune garantie de la part d’un éditeur. Si ça ne marche pas, on arrête.

F.B. : On est beaucoup sur les séries concept avec des successions de one shots comme Jour J… Ce n’est pas facile à faire car on est obligés chaque fois de repartir à trois sur une nouvelle histoire, de retrouver des personnages intéressants, une intrigue intéressante, de développer une histoire, de la finir de la façon la plus fine possible, tout en ayant une relecture de l’Histoire à chaque fois intéressante. On ne peut pas faire de l’uchronie au rabais. Pour Wonderball, au lieu de gravir des petites collines à chaque fois, on voulait gravir une grande montagne. D’autres questions se posent alors : comment faire avancer un récit rapidement, comment enrichir le personnage principal…

J.-P.P. : On a déjà plein de choses dans ce premier tome, d’ailleurs tout n’a pas été dit. On a de quoi développer un univers. Maintenant, ça sera aussi aux lecteurs de décider…

F.D. : C’est un projet difficile sur lequel on peut négocier avec un éditeur.

Wonderball, c’est un univers très masculin…

J.-P.P. : Oui, qui va se féminiser un peu dans les prochains tomes.

F.B. : On a respecté les codes. La priorité est d’avoir un personnage principal fort. Après… Il y a un personnage féminin qui arrive dans le deuxième tome. On va aussi développer certaines choses qu’on avait évoquées dans Jour J. Il y a aussi une évolution dans les paysages. Le désert va remplacer le milieu urbain et Colin est très à l’aise dans ces paysages.

Revenons à Jour J, confier un album à un dessinateur différent, c’est toujours aussi motivant ?

J.-P.P. : Tous les projets ne peuvent pas être construits avec des dessinateurs différents. Ce n’est ni mieux ni moins bien, ce n’est tout simplement pas du tout la même chose. 

F.D. : Bien sûr. Pour chaque bouquin, on doit réfléchir au dessin de quelqu’un. De toutes façons, on n’aurait jamais pu faire Jour J avec un seul dessinateur. Ce que je préfère dans mon boulot, c’est d’ailleurs de réfléchir au dessin du gars pour qui j’écris. Quand je fais un onzième Travis avec Christophe Quet, je m’amuse mais ce n’est pas du tout le même plaisir.
On nous reproche presque par moment d’avoir des idées, de vouloir travailler. On écrit avec Jean-Pierre quatre Jour J par an avec quatre dessinateurs différents. Ça m’a par exemple permis de travailler avec Kordey avec qui je n’aurais jamais travaillé tout seul.

F.B. : On est souvent suspectés d’appliquer des recettes avec Jour J alors qu'au contraire, c’est une expérimentation permanente. C’est un peu de la Recherche et Développement. On est tellement obligés d’avoir plein d’idées pour un tome de Jour J, que si ça devait s’arrêter demain, on aurait déjà plein de matière pour faire d’autres histoires. Il nous est arrivé de lancer un Jour J avec une simple idée de couverture, comme celle de Napoléon devant les pyramides Maya (Napoléon Washington, Tome dix-sept, NDLR). D’autres fois, on n’arrive pas à trouver une idée. C’est un peu l’idée d’un feuilleton où, à chaque chapitre, on est obligés de repartir à zéro. Sans Jour J, il n’y aurait pas eu Wonderball ni les autres séries qui vont apparaître par la suite. Jour J reste un prototype qu’on va poursuivre. L’Homme de l’Année est l’exemple parfait du prolongement de Jour J, l’approfondissement d’un personnage sur un tome. Aucune de ces séries ne s’est créée au hasard.
 
F.D. : Ce qu’on est en train de faire avec Jean-Pierre est assez exceptionnel. Les bouquins qu’on fait ensemble sont très différents de ceux que l’on fait tout seul. Je n’ai pas connaissance que la co-écriture se fasse par ailleurs en bande dessinée.

J.-P.P. : On est les Tic et Tac de la bande dessinée. (sourire)

F.D. : Et Jour J m’a permis d’aller rencontrer un public qui aime l’Histoire, un lectorat un peu différent de celui auquel j’étais habitué. C’est une très bonne expérience.










Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade

Bibliographie sélective

Wonderball
1. Le chasseur

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  • 3
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Note: 4.3/5 (69 votes)

Jour J
10. Le gang Kennedy

  • Currently 3.93/10
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6

Note: 3.9/5 (27 votes)

Travis
1. Huracan

  • Currently 4.35/10
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6

Note: 4.3/5 (95 votes)

Carmen Mc Callum
1. Jukurpa

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  • 5
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Note: 4.1/5 (114 votes)

L'homme de l'année
1. 1917 - Le Soldat inconnu

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Note: 3.8/5 (69 votes)