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Recherche héritier désespérément

Entretien avec Nicolas Jarry et Guillaume Tavernier

Propos recueillis par L. Gianati Interview 16/05/2014 à 11:37 8309 visiteurs

Qui n'a jamais rêvé de recevoir un jour la visite d'un notaire annonçant que vous êtes l'unique héritier d'un oncle jusque là inconnu ? Les clients de Lélio de Luca, personnage principal de Chasseur d'Héritiers, n'habitent pas au coin de la rue et sont souvent difficiles à dénicher. C'est sans doute ce qui fait le charme de la nouvelle série imaginée par Nicolas Jarry et Benoît Rivière, mise en images par Guillaume Tavernier, dont le premier tome vient de sortir aux éditions Delcourt.

Nicolas, comment avez-vous eu l’idée de Chasseur d’Héritiers ? Avez-vous récemment découvert l’existence d’un vieil oncle richissime en Amérique ? (sourire)

Nicolas Jarry : Non, malheureusement... J'avais vu un reportage à la télé qui parlait de ces enquêteurs qui partaient à l'autre bout du monde à la recherche d'héritiers. L'enquêteur était certes moins glamour que Lélio, mais le germe de l'histoire était là.


Comment avez-vous travaillé à quatre mains avec Benoît Rivière ?

N.J. : Simplement : on discute, je rédige le fil rouge, on se dispatche les pages suivants nos affinités, on se corrige l'un l'autre... et on recommence pour la suite.


Qui est vraiment Lélio de Luca ? Un savant mélange de Sherlock Holmes et d’Indiana Jones ?

N.J. : J'aurais plutôt dit un mélange entre Indiana Jones et monsieur tout le monde. C'est ce paradoxe qui le rend intéressant à mettre en scène.


Les autres personnages (le commissaire-priseur, le notaire…) sont-ils amenés à rester durablement dans la série ?

N.J. : Bien sûr... c'est une équipe ! Un pour tous et un tous pour un. Chacun a son rôle à tenir et il n'est  pas exclu qu'à certains moments, ils volent la vedette à Lélio.


Pour quelles raisons avoir débuté ce premier tome par une courte enquête plutôt que par l’énigme principale ?

N.J. : Techniquement : pour bien marquer la transition entre le "Lélio" sur le terrain et le "Lélio" dans sa vie de tous les jours... En vérité : pour se faire plaisir, parce que sans plaisir des auteurs, il n'y a pas de plaisir du lecteur. (sourire)


Comment bien doser l’utilisation de flashbacks afin de ne pas perdre le lecteur en cours de route ?

N.J. : C'est simple, si les auteurs ne s'y perdent pas, alors ça devrait passer avec le lecteur. (sourire) Plus techniquement, il faut préserver le rythme naturel de l'histoire, bien prendre garde à ce que la transition soit à chaque fois logique (on boucle une scène avant d'en commencer une autre ou au moins la césure intervient à un moment de rupture) et on l'amene grâce à la mise en scène (gestion des plans), on peut aussi jouer sur  la couleur (sépia..).  Voilà voilà...


Hasard du calendrier, ce premier tome colle à l’actualité avec le décès de Cornélius Gullit, soupçonné d’avoir détenu plus de 1400 œuvres dont une grande partie aurait été volée aux juifs par les nazis…

N.J. : Oui... on a vu ça et on a été vraiment (agréablement) surpris d'être en parfaite synchronicité avec l'actualité...


L’éditeur annonçant une enquête par tome alors que celle du premier volume n’est pas terminée, c’est du pur marketing ?  (sourire)

N.J. : Non, c'est une pure erreur de com'. (sourire)


Combien de tomes sont-ils prévus pour l’instant ? À quel rythme de parution ?

N.J. : Deux et si tout se passe bien, après on continuera de deux en deux, ça laisse assez de place pour développer une intrigue tout en permettant au lecteur d'avoir la suite et fin assez rapidement. 

Guillaume, comment êtes-vous arrivé sur cette série ?

Guillaume Tavernier : Grâce à cafésalé ! Je regardais régulièrement les annonces sur le forum du site et je suis tombé sur celle mise par Benoît (Rivière, NDLR) et Nicolas. Ils recherchaient un dessinateur pour Chasseur d'Héritiers. Nous avons discuté un peu, le courant est bien passé entre nous et très rapidement j'ai fait des essais. Il a fallu faire quelques réglages, Thierry Joor, notre interlocuteur chez Delcourt, m'a aidé dans la réalisation de ces planches. Au final, mes pages ont été convaincantes et le travail pouvait commencer.


Travailler sur deux périodes différents, est-ce plutôt une contrainte ?

G.T. : Non, j'ai adoré ça. Ça permet de ne pas s'ennuyer. J'ai l'impression de dessiner deux BD différentes. Les pages se passant en 1940 demandent plus de doc, plus de recherches mais c'est une partie du travail que j'aime beaucoup. L'alternance de périodes casse le rythme et c'est bon !

On peut voir sur votre blog quelques images d’un projet avec Thierry Lamy…

G.T. : Tout n'est pas très jeune sur mon site ! Mais oui, avec Thierry Lamy nous avions monté un projet ensemble il y a quelques années. Il n'avait pas séduit d'éditeur et c'était bien dommage. Peut être n'étions nous pas prêts. Mon dessin évolue et je travaille toujours mon aquarelle. J'aimerais beaucoup faire un livre avec cette technique. Je pense ne pas encore être au point mais ça vient. Je serai bientôt prêt pour faire des pages ! Pourquoi pas sur "de joyeuse" avec Thierry, nous en parlons encore de temps en temps. Mais il termine ses séries Promise et Skraeling et moi mon tome deux de Chasseur d'Héritiers !


...également quelques planches pour Le Crépuscule de Tellure. Des essais pour la série éditée par Soleil ?

G.T. : Une expérience douloureuse. C'était en fait plus que des essais.  J'avais monté un dossier avec les scénaristes sur Le Crépuscule de Tellure qui avait été validé par Soleil, avec contrat et tout le toutim. Nous avions fait vingt planches avant d'apprendre que le directeur éditorial souhaitait arrêter là. Le reproche c'est que rien ne s'est dit franchement. C'était mon dessin qui au final ne plaisait pas, puisque Le Crépuscule de Tellure est sorti plus tard avec un autre dessinateur. Je n'ai aucun reproche à faire aux scénaristes, tout s'est toujours bien passé avec eux. C'était mes premiers contacts avec la bande dessinée professionnelle...







Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Chasseur d'héritiers
1. Les sept vierges

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