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« Eclore est un album qui s'est fait par couches »

Entretien avec Aude Mermilliod

Propos recueillis par L. Gianati Interview 15/10/2024 à 15:28 120 visiteurs

« Intime, poignante et touchante. Éclore est une œuvre salvatrice pour l’autrice comme pour les lecteurices. Aude Mermilliod y enjoint toutes les femmes à se réapproprier leur corps, et à recouvrer leur voix en devenant fauves. » La conclusion de la chronique de N. Laskar (lien en fin d'article) invite forcément à la lecture et à la découverte d'une artiste en totale maîtrise graphique et narrative de son art. 

Le mot qui revient le plus souvent pour qualifier votre dernier album est celui de « maturité »… 

Aude Mermilliod : Je me souviens d’une conversation que j’avais eue avant même d'envoyer le dossier pour le prix Raymond Leblanc (Pour l’album Les Reflets changeants sorti en 2017, NDLR). Je m’étais dit : « un jour, je ferai un album qui aborde ces sujets », mais j'avais clairement conscience de ne pas du tout maîtriser suffisamment l'outil BD. De plus, je pense que je serais aussi restée un peu dans le cadre de la victime. Il y a une dizaine d’années, j’aurais surtout raconté le début de mon histoire, sans les trois autres chapitres présents dans Éclore. Depuis, j'ai beaucoup écouté et lu d’éléments sur ces questions-là. Je me suis nourrie de réflexions d'autres personnes, principalement des femmes, ce qui m'a permis de prendre de la hauteur par rapport à mon histoire. L’enjeu sur cet album-là était de ne pas en faire un journal intime, de vraiment essayer d'extrapoler pour que ça puisse être utile au plus grand nombre. Ainsi, j'ai beaucoup élagué au début, beaucoup enlevé d'anecdotes en me disant « si ça n'a pas de portée hors de moi, ça n'a pas de sens ». Donc oui, c'est un album qui a été beaucoup écrit, réécrit, repensé.

Le but était-il de faire coller votre propre histoire aux thèmes que vous souhaitiez aborder ? 

A.M. : Ma propre histoire, c'était mon matériau de base. Il fallait que je vous le dise a été pour ça un parfait tremplin. Le principe était le même, celui de l’autobiographie, et j'ai bien vu l'impact que ça pouvait avoir sur les personnes qui le lisaient. Ainsi, pour Éclore, j'avais un peu l’impression d’avoir mes lectrices et mes lecteurs constamment sur les épaules, ce qui n’était pas du tout le cas pour Il fallait que je vous le dise où je racontais, presque égoïstement, mon histoire. Dans Éclore, j’étais plus tournée vers l’extérieur aussi bien dans le choix de mise en scène que dans la façon de dessiner.

Le choix de la chronologie pour raconter votre histoire a-t-il été fait rapidement ? 

A.M. : Quand j’ai commencé à travailler sur Éclore, il y a quatre ans, je n'avais pas encore ma compagne. Il a donc fallu que je décide quand j’arrêtais mon histoire. Par exemple, il était hors de question pour moi que ce livre touche à la maternité même si je me suis demandé si je devais le terminer sur la notion d'éclosion en lien avec ma grossesse. Puis, je me suis dit que je n’avais pas du tout envie que ma fille apparaisse dans un livre qui gère les traumas de la sexualité. Pendant longtemps, j'avais une espèce de grand carton avec plein de post-it où figuraient les scènes et j’ai cherché des alternatives à une narration chronologique avec des flashbacks mais j'ai trouvé que ça devenait un peu artificiel. Le respect de la chronologie est aussi plus doux pour les lecteurs et les lectrices qui ne sont pas emportés dans un jeu de création narrative mais qui souhaitent simplement suivre une tranche de vie. 

La libération de la parole des femmes qui a accompagné le mouvement #metoo a-t-elle accéléré votre envie de concrétiser ce projet ?

A.M. : #metoo est arrivé peu de temps après que j'ai commencé à faire de la BD. De toute façon, ce mouvement a tout accéléré, pour tout le monde, sur tous les plans. Il y a eu soudain un appel d'air de toutes les voix et de tous les témoignages et je m’en suis nourrie. Il y a clairement des scènes qui n'existeraient pas si ce mouvement-là n'avait pas lui-même existé, notamment celle de la panthère que je dois à la série The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate. (Attention spoiler). La révélation pour moi a été la scène où elles vont dans le No Man's Land, qu’elles tuent Fred et se retrouvent ensuite toutes hagardes, à marcher ensanglantées au petit matin. (Fin spoiler). Voir ça dans une fiction populaire m’a fait du bien. Les groupes de paroles, quand on a vécu autant d’années de violence que ces femmes, ça ne marche pas, on ne peut pas y atteindre une forme de pardon et de sérénité. On a juste la haine. Qu'une fiction populaire s'autorise à mettre en scène de la vengeance meurtrière féminine, ça n’existait pas avant. Elle m’a poussée à faire une scène similaire dans Éclore.

C’est cette scène-là, avec la prise de conscience que tout ne peut pas être pardonné, qui a aussi été un des déclencheurs pour réaliser cet album ? 

A.M. : Non, car cette scène là s'est vraiment ajoutée en cours de processus, elle n'était pas du tout prévue et l'album pourrait exister sans. Typiquement, c'est un album qui s'est fait par couches, comme s'il y avait des couches de compréhension qui s'ajoutaient les unes sur les autres. À un moment, il a fallu que je décide d’arrêter. Mona Chollet, dont je suis en train de lire le dernier livre, fonctionne de la même façon, elle repense à des choses qu'elle a écrites il y a dix ans et affirme qu’elle n’écrirait plus du tout la même chose. On est tous inscrits dans un processus où on n'arrête pas de désavouer des pensées qu’on avait il y a cinq ans car tout évolue très vite en ce moment, sociétalement et de façon générale. J’étais en paix dans la mesure où ma thérapie était faite et que je parle librement des quelques cailloux qui restent dans les chaussures. Ils n'impactent plus ma vie de façon directe, ils font juste partie de mon histoire. 

Cette scène tranche également avec l’ambiance générale du récit qui se veut apaisée…

A.M. : J’avais au départ prévu cette scène en clôture du chapitre 1 et je l'ai finalement bougée pour la mettre en clôture du chapitre 2. Pour moi, dans le chapitre 2, il y avait une quête dans le fantasme qui était liée à ce qui s'était passé avant. C’était un peu la sublimation de toute une culture qui est tout de même assez dominante, et je me demandais comment la faire mienne. Effectivement, cette scène clôt une première partie de vie et elle en ouvre une deuxième plus apaisée. Néanmoins, l'un n'empêche pas l’autre. En effet, la pensée « Je suis légitime pour être en colère contre ce gars » cohabite complètement avec le fait que je comprends pourquoi il a fait ça. Dans cette scène-là, je parle de lui, mais aussi de tous les autres dont je n'ai pas parlé dans le bouquin. Pour le coup, ça aurait été tout un catalogue de mauvaises expériences pas très agréable à lire. J’ai aussi réalisé cette scène pour autoriser les lectrices à taper du poing sur la table et ne pas être « que » dans de la compréhension. 

Extases de JeanLouis Tripp vous a-t-il nourri par son côté graphique mais aussi par sa liberté d’écriture ? 

A.M. : Forcément, oui. J'étais avec JeanLouis durant l'écriture de ces deux tomes et j'ai assisté à ses cheminements de pensée, vu les autorisations qu'il se donnait ainsi que tout son processus de réflexion. JeanLouis, contrairement à moi, me faisait lire ses pages quasiment tous les jours alors que je suis plutôt restée dans mon coin pendant la réalisation de mon album. D’un autre côté, nous n’avons pas du tout la même démarche, nous n’avons pas eu les mêmes blessures ni les mêmes histoires. JeanLouis a pris le parti de tout montrer, de mettre la sexualité au centre de son récit sans que ce soit pornographique. Moi, j'avais d'autres choses que lui à protéger, en étant une femme déjà. Je pense aussi que nous faisons de la BD et, par conséquent, nous montrons des images. Feuilleter un roman et une bande dessinée, ce n’est pas la même chose. Dans une BD, on peut trouver des scènes de sexe sans pudeur, en mode frontal et, si on n'a pas le temps de lire le texte, cela peut relever de la pornographie, qu’on le veuille ou non. Je n'avais pas du tout envie que mon image puisse résonner avec du porno, même si certaines images peuvent générer involontairement de l'excitation chez les lecteurs et lectrices. Je n’avais en tout cas pas envie d'appuyer sur ces curseurs-là d’autant qu’une partie de mon propos traite d'abus sexuel. Ainsi, le choix de « où est-ce que je mets la caméra, comment je cadre... » a été très nourri de cette volonté de pudeur. 

Choisir des pseudos plutôt que les vrais prénoms de vos relations, c'était une façon de mettre de la distance entre votre histoire et le lecteur ? 

A.M. : Dans le petit microcosme de la bande dessinée, les gens qui connaissent Extases de JeanLouis Tripp peuvent le reconnaître. De mon côté, j'ai un très grand pourcentage de mes lectrices qui ne viennent pas du monde de la BD. Pour elles, savoir qui est Jacques n'a aucune importance. Par ailleurs, j'ai anonymisé un de mes anciens compagnons car on n'est plus en lien mais aussi par respect et pour ne pas afficher sa vie intime. Pour JeanLouis, je n'ai pas envie d'être trop assimilée à « l’ex de ». Si j'avais eu envie de le cacher, je l'aurais fait complètement, mais c'était aussi une façon d'honorer l'histoire qu'on a vécue, qui était très chouette. Cette petite distance et ce changement de nom me permettent de ne pas me ramener constamment à ça. Pour ma compagne, c’est une demande de sa part. À la base, je ne voulais pas l'anonymiser puisque c'était mon histoire actuelle, mais elle préférait, comme les autres protagonistes, être aussi anonyme. On n'est pas en train de faire du roman photo. Quand je parle du personnage qui me concerne, je dis « elle », je ne dis jamais « je » donc, naturellement, tout le monde devient un personnage.

Comment est venue l’idée du symbole de la plante qui renforce ses racines au fil de son existence ?

A.M. : Je me souviens qu'elle n’était pas du tout là au départ. Elle est venue quand j'ai commencé le storyboard, donc relativement tôt. C'est elle qui a finalement donné le titre à l’album. Ce sont des outils de création artistiques pour chapitrer qui fonctionnent bien car ça met de l’aération. J’avoue que la métaphore de la vie avec une plante, je ne suis pas la première à l’avoir faite (rires). Le petit truc en plus, c’est l’exploration plus poussée du végétal, ses racines, ses fleurs... 

Tout au long de l’album, la couleur évolue, du terne vers quelque chose de plus éclatant, de plus végétal…

A.M. : Au départ, je ne voulais pas mettre de couleur car je savais que ce projet allait être long et me prendre du temps mais mes éditeurs m'ont très fortement recommandé d’en utiliser. C'était finalement une bonne idée puisque j’avais déjà eu une expérience similaire dans Le Chœur des femmes. C’est pour moi un outil qui vient soutenir le récit dans son côté onirique. Sur les deux premiers chapitres d’Éclore, on est dans quelque chose de beaucoup plus sombre. Pour la partie se déroulant au Québec, j'avais envie d'une couleur qui soit plutôt sombre, sans être forcément négative, mais qui amène plus vers l’obscurité. Ensuite, il y a tout ce qui est de l'ordre du sensitif, du végétal, qui arrive, qui prend bien sa place et qui tend finalement vers le bleu. De toute façon, on va vers de plus en plus de lumière, Dieu merci ! (Rires)

Les gaufriers, plutôt classiques, laissent place à des cases libérées de toutes contraintes quand vous abordez les scènes de danse et de sexe… 

A.M. : J'ai toujours un peu de mal à parler des astuces de mise en scène. Je sais que mon dessin évolue et que je ne serai jamais une grande virtuose. Pour la mise en scène, c’est toujours quelque chose qui arrive de façon totalement instinctive, intuitive. Quand il n’y a pas de cases, on se libère aussi du décor en rendant les choses sensitives, primaires. Ce sont pour moi des questions de rythme. Quand je sens que le lecteur est un peu cloisonné depuis un moment dans quelque chose de chargé en décors, je vais régulièrement lui donner de petites respirations. J’ai procédé à beaucoup de relectures pour être sûre de ne pas être trop lourde en termes de voix-off. En tant que lectrice, quand j'ai trop de textes illustrés, sans passage dialogué, ça me rend flemmarde. J'ai envie qu'on me raconte des choses avec des personnages, des émotions. 

Quel est votre regard sur l’évolution de vos albums entre Les Reflets changeants et ceux d’aujourd’hui ?

A.M. : Le dessin déjà, avec le changement d’outil ! La tablette graphique en lieu et place de l'iPad a donné beaucoup plus de sensibilité à mon trait. De toute façon, ne faisant que dessiner tout le temps, mon dessin évolue de facto même si je ne dessine pas dans des carnets quand je ne fais pas de la BD. Pour Les Reflets changeants, j'avais tout décalqué du début à la fin, car c'était la première fois que je dessinais autre chose que ce que je savais déjà dessiner et j'avais vraiment pris des photos pour tout. Aujourd’hui, je vois que je me sers beaucoup moins de ce procédé, sauf pour la panthère par exemple… Sinon, je vois que je n'ai plus trop besoin d'aller chercher de la documentation. Le dessin a évolué, il a gagné en assurance. Si je devais faire un album comme Les Reflets changeants aujourd’hui, je pense que j'aurais beaucoup plus de pudeur quant à la mise en scène de la vie de mon grand-père. Comme pour Il fallait que je vous le dise, ce sont deux albums dans lesquels ce qui m’importait à l’époque, c’était une honnêteté très sauvage où je voulais tout mettre, tout dire. Maintenant, je pense que je serai plus à me demander si tel ou telle personne aurait voulu être dans un livre.

Vous vous êtes déjà dessinée pour Il fallait que je vous le dise. Est-ce différent dans Éclore ?

A.M. : En termes de « compétences », il n'y avait pas de souci. C'est vraiment un exercice que je fais depuis longtemps. Il a fallu trouver une petite fille qui me ressemblait un petit peu. Comme j'ai un dessin semi-réaliste, il fallait que l'ado ressemble à une ado et pas à une adulte, qu’il y ait quand même une petite différence de traits. Ça passait finalement plus sur les émotions que sur un visage qui change. Lors des scènes d’abus, je me suis tenue à ne jamais faire de plan large parce que je ne voulais surtout pas que ça puisse être excitant tout en restant beaucoup sur ses émotions à elle, sa confusion. Il fallait surtout trouver comment cadrer ça pour ne pas que ces scènes puissent se transformer en agression à rebours, pour que ça reste le plus délicat possible. 

Concernant les autres personnages que vous avez connus, avez-vous cherché une ressemblance parfaite ?

A.M. : Pour Jacques et Claire, ce sont eux, ce sont leurs traits. Il n'y a que pour Sylvain pour lequel j'ai changé son visage car il y avait ce souci d'anonymisation. J’ai surtout cherché chez lui ce qui ressemble à l’énergie qu'il a dans la vie. C'est un homme assez beau qui coche un peu les cases de « qu'est-ce que c'est d’être un homme beau ». 

On dit souvent que les couvertures sont en casse-tête pour les auteurs et autrices… 

A.M. : Au début, j'étais partie sur des choses plutôt sensibles avec des plans beaucoup plus rapprochés, sur de la peau par exemple. En fait, ça ne me convenait pas car une fois que la personne qui gère les couvertures chez Casterman, a essayé d’y mettre du texte, on aurait dit une pub pour un spa (rires). C'était très doux, uniquement marketé comme « féminin ». Je me suis qu’il n'y aurait aucun homme qui allait le lire et ça ne donnait absolument pas ce côté détermination plus émancipation. Puis, j’ai tourné autour du végétal, sous forme d'ombre puis de dentelle, que j’ai finalement gardé. Néanmoins, l’omniprésence du végétal amenait d’autres thématiques, comme l’écologie, qui ne fonctionnaient pas. Finalement, j’ai choisi un personnage avec une position qui évoque la dynamique, « elle va se lever », avec un regard déterminé. On met souvent en parallèle le livre d'Alix Garin (Impénétrable paru aux éditions du Lombard, NDLR) et le mien même si on ne traite pas forcément du même sujet. Je trouve qu'il y a une énergie commune sur les deux couvertures de ces deux albums, quelque chose de l'ordre de l'émancipation et de la puissance. 

Qu’avez-vous ressenti au moment de la sortie de l’album ? 

A.M. : C’est fluctuant. C’est un album qui a été extrêmement long et douloureux à sortir, pas uniquement par le sujet traité mais parce que je l'ai fait dans un moment de vie très chargé : j’ai été souvent malade, j’ai eu un an et demi de COVID long, puis une PMA, une grossesse, un bébé, je me suis faite voler mon ordinateur et mon iPad, j’ai perdu en tout 60 planches que j’ai dû refaire... C'était long et Louise a beaucoup bossé pour l'intendance, pour que je puisse finir à temps. Le soulagement clairement, il était là. Personnellement, quand mes albums sortent, il y a toujours un temps où je les regarde de loin et je n'ai pas forcément envie de me jeter dessus. Je ne suis pas très joyeuse au début. C'est surtout quand j’ai les premiers retours de lecteurs et de lectrices et que les libraires s’en emparent que je commence à souffler. 

Quels sont les premiers retours de lecture ?

A.M. : J'en ai beaucoup sur les réseaux. Ils sont tous assez puissants, dans le sens où ce n'est pas une lecture tranquille. J'ai eu des retours d'hommes que leurs femmes viennent secouer, des retours de femmes de différents âges... C'est intéressant de voir leurs réactions en fonction des générations. Il y a des jeunes femmes qui ont totalement digéré #metoo et complètement adhéré au propos tout de suite grâce à un terreau fin prêt pour ce genre de bouquins. Puis, il y a des femmes plus âgées, davantage perturbées, car le récit va peut-être les mettre en face d’expériences similaires qu'elles ont vécues mais qu'elles-mêmes n'avaient pas nommé comme un abus ou un viol. Là où je suis un peu soulagée, c'est que pour le moment, ça n'ouvre pas autant à la confidence que pour Il fallait que je vous le dise. Pour ce dernier, j'avais été très vite submergée de messages, de témoignages d’avortements. Au début, je répondais à tout et au bout d'un moment je n'ai plus pu. J'avais un peu peur de ça pour celui-ci et, en fait, j'ai beaucoup de messages de remerciements et ne suis pas engloutie par les confidences. Je pense que pour Il fallait que je vous le dise, il n'y avait quasiment pas de livres sur l'IVG à l'époque, que ce soit en littérature ou en BD, donc il y a eu vraiment un appel d’air. Pour ce qui est d’Éclore, il y a énormément de livres qui parlent d'abus, qui parlent de cette émancipation. Je suis un livre parmi beaucoup d'autres sur ce sujet-là et je suis donc moins sollicitée.

➤ La chronique de N. Laskar


Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Éclore

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Il fallait que je vous le dise

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Le chœur des femmes

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Les reflets changeants

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Impénétrable

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