Le cinquième tome, sorti au mois de mars, est venu conclure Black Torch, première série de Tsuyoshi Takaki. Entre ninjas et mononokés, cette courte saga, d'apparence classique, séduit principalement par une narration diablement efficace et des scènes de combat passionnantes. En attendant Heart Gear, rencontre avec un auteur à suivre de près.
Black Torch met en scène des humains et des Mononokés. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un Mononoké ?
Tsuyoshi Takaki : Les Mononokés, c’est une des façons d’appeler les monstres traditionnels japonais. On en a d’autres, par exemple les Yokaï ou Ayakashi. Les Japonais connaissent très bien ce terme-là ; c’est utilisé depuis longtemps dans les contes traditionnels mais aussi dans beaucoup d’histoires telles que la mienne.
Black Torch est votre premier manga. Est-ce un projet qui a été longtemps mûri ?
Black Torch une série courte qui ne compte que 5 tomes contrairement aux grandes sagas japonaises dont on peut avoir l’habitude. C’était prévu dès le départ ?
T.T. : Honnêtement, je n’avais pas dans le projet de faire 5 volumes, et j’avais d'autres éléments sous le coude pour éventuellement continuer l'histoire. Ça ne veut pas dire que j'ai bâclé la fin pour autant. En fait, les 5 volumes correspondent à un cycle où j'ai pu faire monter la sauce à mon rythme et finir de façon claire et nette.
Votre dessin est très travaillé, notamment lors des affrontements entre Jiro et les Mononokés. Avez-vous beaucoup dessiné plus jeune ?
T.T. : Oui, je dessine tous les jours depuis ma petite enfance, j'adore ça ! Mais en réalité, je n'ai commencé le manga en lui-même que vers 20 ans.
Il y a beaucoup de combats mis en scène. Avez-vous pratiqué vous-même des arts martiaux ?
T.T. : Personnellement, je n'ai jamais pratiqué d'arts martiaux mais j'aime beaucoup en regarder. Et je suis fan des films, des jeux vidéos ou des animés qui mettent en scène des combats. C'est de là que j'ai puisé mon inspiration.
Les trois personnages principaux, Jiro, Ichika et Reiji ont tous perdu un ou plusieurs parents. Est-ce pour vous un élément nécessaire pour la construction de personnages avec un fort caractère ?
T.T. : Faire en sorte que des membres de la famille soient absents n'est pas un critère absolu que j’avais en tête pour la construction des personnages. Mais quand je crée mes drames humains et que j’essaye de faire en sorte que ça intéresse les lecteurs, un des points qui peut donner de l'émotion aux gens, c'est tout ce qui touche à la famille.
Parmi les personnages, il y a un animal, le chat qui s’appelle Rago. Je ne sais pas si c’est la même chose au Japon, mais chez nous, le chat est toujours un animal très mignon. Ce sont les stars des réseaux sociaux. Or, le vôtre est loin d’être mignon ! Avez-vous choisi le chat par hasard ou ça aurait pu être un autre animal ?
T.T. : Oui j’ai conscience que d’habitude ça a l’image d’un animal tout mignon mais pour moi les chats noirs ont plutôt une image classe, cool. Et quand j’ai réfléchi à quel animal utiliser, je me suis posé la question de ce qui pourrait aller à un ninja. L’image d’un ninja, c’est plutôt noir et ténébreux. En plus, j’avais envie de mettre « black » dans le titre et il fallait choisir un animal qui tienne sur l’épaule, donc le chat était idéal pour ce personnage.
Il y a beaucoup de personnages dans cette série Black Torch mais en avez-vous un préféré, que ce soit pour son caractère ou pour le plaisir de le dessiner ?
T.T. : Bien entendu, les personnages principaux, Jiro et Rago, sont ceux qui comptent le plus pour moi. Mais en terme de dessin et de graphisme, j’aime beaucoup dessiner les personnages de Shiba et Toshimasa, le grand-père, parce que j’adore ces images de personnages masculins plus âgés.
Le Graal pour les séries manga et les auteurs de manga, c’est d’être adapté en animé. Est-ce en projet ? Aimeriez-vous voir vos personnages bouger sur écran ?
T.T. : J'ai été beaucoup influencé par des films et des dessins animés ; j'aime beaucoup ça. Donc personnellement, j'aimerais qu'une de mes œuvres soient adaptées. Mais après, ça dépendra beaucoup du succès que rencontrera Heart Gear dans le futur.
Alors parlons de votre nouvelle série Heart Gear dont l’action se situe après une troisième guerre mondiale. À quoi ressemble ce monde post-apocalyptique que vous avez imaginé ?
T.T. : C’est un monde où tous les êtres humains ont disparu, sauf l'héroïne Roue, dans lequel il n’y a finalement que des robots. On aura divers décors, certains endroits ressembleront à Mad Max avec un grand désert, mais aussi des villes en ruines ou encore d’autres endroits où les robots maintiendront les villes en état de marche. Je me laisse aussi la possibilité de montrer des paysages de forêts, de montagne ou de mer. C’est vraiment très vaste.
Le 1er tome de Heart Gear va être publié en France chez Ki-oon en octobre. Vous en êtes à combien de volumes au Japon ?
T.T. : Heart Gear est publié sur un web magazine qui s’appelle Jump+. Je mets en ligne un chapitre toutes les deux semaines. Quasiment en même temps, il est aussi publié en anglais et en espagnol sur Manga+, une application pour l’international. Le 1er volume papier vient tout juste de sortir au Japon, le 4 juillet.
Donc, quand va paraître le 2e tome ?
T.T. : Il est prévu pour le 4 novembre.
On se rencontre ici à Japan Expo en France. Connaissez-vous des auteurs de bande dessinée franco-belge qui vous auraient éventuellement influencé ?
T.T. : En bande dessinée, j’aime beaucoup Moebius, qui porte aussi le nom de Jean Giraud et qui m’a influencé pour le nom de Jiro dans mon manga ! J’ai acheté notamment Blueberry qui m’a beaucoup marqué. Également Les Cités obscures qui est sorti en version japonaise. Il y a quelques bandes dessinées qui sortent maintenant en japonais.
Arigato gozaimasu !
T.T. : Merci ! (NDRL : en français !)