Nos lendemains seront radieux traite d'un sujet brûlant, s'il en est : l'avenir de la planète. Face aux multiples solutions envisagées contre le réchauffement climatique, sérieuses ou pas, et dont les effets se font attendre, Hervé Bourhis en imagine une bien plus radicale : la prise en otage de la Présidente - oui, vous avez bien lu - de la République. Parfois drôle, souvent grinçant, ce huis-clos est d'autant plus glaçant qu'il est presque criant de vérité...
Comment vous est venue l’idée de cette histoire ?
Hervé Bourhis : En rangeant mes archives, je suis tombé sur l’origine du projet. En 2010, j’avais pris des notes sur une histoire appelé Le Président à ma table, inspiré de Giscard, qui s’invitait chez les français. Dans mon histoire, ça finissait en prise d’otage. Parfois, il faut des années, une décennie pour qu’un projet murisse. J’étais coincé par le système de sécurité autour du Président. À l’Élysée, ou dans un appart, en 5 minutes, la prise d’otage est finie. Il a fallu que je vois un doc sur le fort de Brégançon pour trouver le lieu idéal. Ensuite, comme toujours, un scénario c’est un cocktail de plein d’envies, d’explorer des choses que je n’avais jamais faites. Le huis-clos, le suspense, le flash-back… Et évidemment, l’urgence écologique, qui est le fil rouge du récit.
L’état des lieux n’est finalement pas si éloigné que celui dans lequel nous vivons actuellement…
H.B. : Oui, même si au fond on est toujours dans le déni.
Une femme présidente, ça ne change pas beaucoup le discours politique concernant l’écologie…
H.B. : Non, puisque femme ou pas, c’est une personne confrontée aux réalités du pouvoir, aux pressions, aux équilibres, à l’Europe, à la géopolitique... La Présidente de mon histoire est pourtant considérée comme la plus écologique de l’Histoire. Mais ce n’est pas suffisant.
Un politique peut-il finalement aller contre des mesures purement électoralistes ?
H.B. : Bien sûr. Mitterrand a fait voter l’abolition de la peine de mort, Valéry Giscard d'Estaing l’IVG… Contre l’avis majoritaire des français. S’il y avait eu des référendums sur le sujet, on aurait eu des surprises… Le courage politique, ça existe. Et ça ne finit pas nécessairement en émeutes, même si le français aime bien les émeutes, manifestement. C’est dans notre ADN.
La solution d’une réelle prise de conscience de l’avenir de la planète passe-t-elle forcément par un putsch citoyen ?
H.B. : Je ne suis ni collapsologue, ni politologue, ni prophète. Mais si tout le monde dit « ahlala on va tous crever, c’est terrible ces problèmes écologiques », on continue à commander des trucs à l’autre bout du monde, à utiliser voiture et avion, à nourrir le problème. On a atteint un tel niveau de confort absurde que la remise en question est difficile. Les spécialistes sont catégoriques, on doit changer drastiquement de société pour survivre à terme. Je ne fais que relayer ça, encore une fois, je ne propose pas de solutions, j’en serais bien incapable, c’est un dialogue que je propose.
Comment avez-vous créé ce duo d’activistes écologistes ?
H.B. : En lisant pas mal de livres sur les arcanes du pouvoir, des séries politiques… Il me semblait évident que la tentative de putsch viendrait de l’intérieur, des sherpas, des conseillers du pouvoir suprême.
Sylvain, comme Le Teckel, porte très bien la moustache...
H.B. : Oui, comme il est jeune, c’est probablement pour se vieillir un peu, être plus crédible...
Pourquoi avoir choisi le fort de Brégançon ? Un lieu idéal pour un huis-clos ?
H.B. : C’est le combo Brégançon + tempête qui me semblait idéal pour empêcher la sécurité d’intervenir.
On imagine très bien cette histoire adaptée au théâtre. Quel serait votre casting idéal ?
H.B. : Ah oui j’adorerais ça, que ce soit adapté au théâtre ! Non, je n’ai pas de casting idéal… Peut-être Catherine Hiegel pour la Présidente ? Je préférerais totalement déléguer l’adaptation de toute façon, chacun son boulot.
Le titre est fondamentalement optimiste. L'êtes-vous également ?
H.B. : Ni optimiste, ni pessimiste en fait. Je n’apporte pas de solution, mais la fin est ouverte. Mais sans espoir, ce n’est pas la peine de vivre, n’est-ce pas ?