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Chronosquad : l'armée des doux dingues

Entretien avec Grégory Panaccione et Giorgio Albertini

Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade Interview 12/05/2017 à 10:05 7683 visiteurs

Vous avez toujours rêvé de voyager dans le temps, de pouvoir vous téléporter à n'importe quel endroit de la planète et d'y rencontrer les autochtones ? Telonius Bloch l'a fait en intégrant la prestigieuse équipe des Chronosquad. Le troisième tome de cette série à la fois drôle, épique et divertissante vient tout juste de paraître aux éditions Delcourt.


Giorgio, comment passe-t-on d’archéologue à scénariste de bande dessinée ?

Giorgio Albertini : En archéologie, je dessine des reconstitutions de lieux archéologiques. Je suis donc habitué à partager ma vie professionnelle avec d’autres dessinateurs, certains d’entre eux faisant de la bande dessinée. La bande dessinée est donc un langage presque habituel pour moi.

Bloch rêvait d’être Chronosquad quand il était gamin. Les voyages dans le temps, c’est quelque chose qui vous faisait rêver aussi quand vous étiez gosse ?

G.A. : Oui, cela a toujours été un rêve pour moi, ça et devenir historien.

Grégory Panaccione : J’étais un peu moins intéressé par l’Histoire mais le fait de voyager dans le temps m’a toujours excité.

Bloch a des airs du joueur de tennis dans Match

G.P. : (sourire) Ah, vous trouvez ? C’est mon acteur fétiche, donc je l’utilise un peu partout avec des différents rôles, comme certains réalisateurs le font aussi.

G.A. : Au départ, on avait pensé à un personnage un peu différent. Puis finalement, j’ai trouvé que ce personnage proposé par Grégory collait bien…

G.P. : Quand j’étais à l’école Estienne à Paris, on réalisait une bande dessinée avec un copain et le personnage était aussi blond et ressemblait déjà beaucoup à celui-ci. Maintenant que j’y pense, ce copain était aussi passionné d’Histoire. Drôle de coïncidence… (sourire) Après 35 ans, l’histoire se répète.

Sur le quatrième de couverture, les quatre tomes de la série sont déjà prévus. Tout a déjà été planifié ?


G.A. : Oui, tout est d’ailleurs déjà presque terminé. Le quatrième tome est déjà entamé.

G.P. : Ceci dit, on savait ce qui allait se passer dans chaque tome et comment la série allait se terminer, mais ça ne nous empêche pas d’inventer de nouveaux trucs pour chaque album.

Comment arriver à sortir des livres aussi imposants dans un laps de temps aussi court ?


G.A. et A.P. : Le voyage dans le temps ! (rires)

G.P. : Oui, j’ai l’habitude de travailler vite. Je ne comprends pas très bien non plus pourquoi mais je ne parviens pas à travailler plus lentement. Mon style un peu jeté le permet aussi évidemment. J’essaie très vite de trouver la juste position sur le papier, c’est très instinctif. Le fait de travailler sur ordinateur et non au pinceau est aussi un autre avantage. Je sélectionne rapidement et je mets ensuite un gris en une fraction de seconde.

Êtes-vous pointilleux sur la réalité historique dans les récits de Chronosquad ?

G.A. : On souhaitait faire une série historique sans parler vraiment d’Histoire. Nous nous intéressons plus à la « petite Histoire » quotidienne qu’à la « grande Histoire ».

Vous êtes-vous fait plaisir en choisissant les différents endroits et époques rencontrés dans Chronosquad ?

G.A. : Oui, même si j’aime bien toutes les époques. On a souhaité choisir des époques pas très connues ou bien des époques connues mais en les traitant de façon nouvelle. Par exemple, dans le troisième tome, on aborde Rome mais pas celle de César qui est la plus classique. On a beaucoup travaillé sur la construction de l’univers de cette série. On a pensé que pour faire du tourisme de masse dans ces voyages dans le passé, il fallait qu’il y ait une proposition de destinations épiques. La construction des pyramides est l’une d’elles.

Vous avez en revanche évité le piège des paradoxes temporels…

G.A. : Les paradoxes temporels ne nous intéressaient pas. On a choisi de rester dans des théories physiques. En effet, ce ne sont pas de vrais voyages dans le temps dans le sens où ce ne sont pas des voyages dans notre temps mais des voyages dans d’autres temps, ceux d’univers parallèles.

G.P. : Oui, sinon ça aurait été très galère… Les voyages touristiques risquaient de changer tout ce qu’il s’est passé.

Faire apparaître dans la série Milo Manara et Léonard de Vinci, c’est du pur chauvinisme italien ? (sourire)

G.A. : Milo Manara, c’est un pur hasard. On avait besoin d’un personnage, puis quand Grégory a commencé à le dessiner je lui ai dit qu’il ressemblait à Milo Manara. (sourire) Pour Léonard de Vinci, c’est vrai… La série débute à Milan, notre ville, et Léonard de Vinci est l’artiste le plus connu dans le monde et, sans être natif de Milan, il y a vécu longtemps.

G.P. : Et je pense que c’est le personnage qui aurait été le plus à même de comprendre s’il avait vu des chronotouristes.


Les doubles pages de pub dans les albums, ce sont des moments de détente ?

G.P. : Oui, clairement. Même si ce n’est pas un exercice facile. Mais c’est plutôt moi qui me prends la tête en fait. (sourire)

G.A. : Oui, c’est vrai. (sourire)

G.P. : C’est parfois difficile de trouver une bonne idée qui permet de parler de ce qui s’est passé tout en ajoutant une pointe d’humour.

La double page en début d’album avec toutes les destinations affichées sur un écran d’aéroport, c’est une vraie invitation au voyage…


G.P. : C’est Grégoire qui l’a choisie (Grégoire Seguin, éditeur chez Delcourt, NDLR). J’ai l’impression que tout le monde l’aime bien.

G.A. : C’est une image très représentative oui, qui donne envie de partir.

Si vous étiez vous même un Chronosquad, quelle époque auriez-vous choisie ?

G.A. : Mais nous sommes des Chronosquad ! (rires) Je suis plutôt médiéviste. Le premier voyage que je ferais serait probablement à Constantinople dans le VIIIe siècle.

G.P. : Moi je pense que j’irais dans la Préhistoire, pour essayer de voir d’où vient Rahan. (sourire)

Quand vous est venue l’idée de l’épilogue ?

G.P. : C’est nous qui en avons eu l’idée.

G.A. : Effectivement, on a un peu pensé aux mangas dans lesquels on peut trouver ce genre d’épilogues aussi.

G.P. : C’est vrai qu’on a même pensé à faire cette série en noir et blanc et en petit format souple. C’est finalement Guy Delcourt qui a souhaité en faire une série d’albums au format un peu plus luxueux.

Une chronique pour le moins virulente est parue récemment dans Zoo (Zoo numéro 62, NDLR). L’avez-vous comprise ?

G.A. : Non et on s’est demandé ce qu’on avait bien pu faire à l’auteur de cette chronique. Je peux très bien comprendre qu’il n’aime pas l’album mais le dire avec autant de violence, je ne trouve pas ça normal.

G.P. : Certains disent que c’est un règlement de comptes avec les éditions Delcourt… mais pourquoi ça tombe sur nous ? (sourire)

Grégory, commencer par de la bande dessinée muette, c’était un concours de circonstances ?

G.P. : C’est ce qui m’a permis au départ de passer du dessin animé à la bande dessinée. J'ai commencé par faire quelques dessins de Toby en écrivant quelques dialogues et c’était publié dans une revue italienne. Dans cette même revue, j’y ai vu quelque chose qui était fait en muet et je me suis dit que c’était une très bonne idée, ça permet aux lecteurs de s’imaginer des choses. Je suis donc parti là-dessus pour quatre albums.

Qui ne dit mot... pour une première bande dessinée avec du texte, c’est un joli clin d’œil…

G.P. : Oui, c’est rigolo…

Avez-vous d’autres projets ?

G.P. : Oui, j’en ai un autre avec un réalisateur italien. C’est une histoire assez cartoon typée années soixante. Ce sera un gros one shot d’environ 250 pages.

Avec des dialogues ?

G.P. : Oui, avec beaucoup de dialogues. (sourires) Mais aussi beaucoup de moments muets.

G.A. : Pour ma part, j’ai aussi un autre projet avec un autre éditeur qui se déroulera pendant la Préhistoire. Pour cette histoire, je dessine et un autre auteur en écrit le scénario. Une deuxième saison de Chronosquad est aussi envisagée.



Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade

Bibliographie sélective

Chronosquad
3. Poulet et cervelle de paon à la romaine

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Toby mon ami

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Match

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Un océan d'amour

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Qui ne dit mot

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