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Longue(s) vie(s) aux croque-morts !

Entretien avec Julien et Frédéric Maffre

Propos recueillis par L. Gianati Interview 18/08/2015 à 15:14 8201 visiteurs

Les croque-morts ont encore de beaux jours devant eux. Personnage principal d'Undertaker, une série de Xavier Dorison dont le premier tome est paru au tout début de l'année 2015, il se trouve de nouveau au centre d'un récit écrit cette fois par Frédéric Maffre. Mis en images par son frère, Julien, le premier tome de Stern évoque à la fois Sergio Leone, la fin de la Guerre de Sécession et une enquête au cours de laquelle seront pointés du doigt les minorités et les plus faibles.


Après Jonas Crow dans Undertaker, voici Elijah Stern. Assiste-t-on au renouveau du croque-mort ? (sourire)

Frédéric Maffre : Oui, les sorties rapprochées de Stern et d’Undertaker prouvent que les idées sont décidément dans l’air. Mais une telle coïncidence est intéressante dans ce qu’elle dit de l’évolution du western en tant que genre : maintenant qu’il n’est plus un courant dominant comme dans les années 50/60, on peut se permettre une approche plus décalée. Peut-être que dans deux ans quelqu’un s’intéressera au cliché du mexicain faisant la sieste sous son sombrero…

Quels sont les atouts de ce type de personnage dans un scénario de bande dessinée ?

F.M. : Quand j’ai proposé le projet à Julien, je n’ai eu qu’à dire « croque-mort au Far West » pour que son intérêt soit piqué. C’est un archétype fort, que tout le monde peut visualiser, mais il reste en périphérie du genre, ce qui nous laisse une belle marge de manœuvre. J’aime vraiment John Wayne, mais tout le monde sait qu’il finira par prendre les choses en main à coups de Winchester. Avoir un « simple » croque-mort nous oblige à chercher d’autres solutions pour résoudre ses problèmes.

L'écriture d’un scénario était-elle dans vos projets depuis longtemps ?


F.M. : J’écris des scénarios depuis l’adolescence, le plus souvent pour des projets cinématographiques ridiculement coûteux, et il m’a fallu un certain temps pour atteindre un niveau satisfaisant, le travail de scénariste est vraiment une mécanique de précision. J’ai eu quelques retours encourageants de la part de professionnels, mais c’est vraiment en travaillant avec Julien sur un projet auquel nous croyions tous les deux que les choses ont commencé à avancer concrètement.

Le sous-titre de l’album, faisant planer l’ombre de Sergio Leone, s’est-il rapidement imposé ?

F.M. : Il est en fait arrivé très tardivement. Il y a eu plusieurs idées, parfois trop génériques, parfois trop cryptiques, puis Julien a fait cette suggestion qui a été retenue par l’éditeur. Outre la référence évidente il permet d’éclairer la structure de l’album, que ce soit l’enquête ou la relation entre Stern et le clochard Lenny, capitale pour l’histoire.

Asseoir le scénario sur une réalité historique, comme le massacre de Lawrence en 1863 ou l’existence de la Ligue de Tempérance, c’était quelque chose d’essentiel ?

F.M. : À l’écriture, je pars le plus souvent des personnages, mais le travail de documentation est forcément incontournable, pour éviter de sortir des énormités et pour rendre vivant le monde que l’on illustre. Mais parfois l’Histoire ouvre des portes vers des pistes que l’on n’aurait pas forcément explorées en restant sur ses idées. J’ai découvert l’existence du Massacre de Lawrence par hasard avec Chevauchée avec le diable, un excellent western un peu oublié d’Ang Lee, l’auteur de Tigre et dragon. C’est un événement marquant de la Guerre de Sécession, toujours méconnu en dehors des frontières américaines, et il avait le potentiel pour éclairer et enrichir le passé des personnages.

L’un des atouts de l’album est le jeu de fausses pistes permanent que vous entretenez. Mener le lecteur par le bout du nez, c’est un exercice amusant ?

F.M. : Franchement, ça a été du boulot ! Je n’avais jamais écrit d’enquête, et si la première version était plutôt au point sur le ton, elle restait assez simpliste en termes de rebondissements. Il a fallu refondre tout ça et ne rien laisser au hasard, rien que le choix de l’indice décisif a été une vraie source de débat entre Julien et moi. Je veux croire qu’on ne s’en est pas trop mal sortis…

L’histoire dépeint une société dans laquelle la loi du plus fort laisse peu de places aux faibles ou autres minorités qui sont rapidement désignés comme des coupables idéaux : Mindy la noire ou Lenny l’alcoolique…


F.M. : C’est une réalité universelle… L’an dernier encore, cinq hommes noirs ou hispaniques ont été indemnisés par la ville de New York pour un viol qu’ils n’avaient pas commis et qui leur a valu plusieurs années de prison malgré l’absence de preuves concrètes. L’ironie est que l’Amérique n’a pas été bâtie par des puissants mais par des gens fuyant la misère, la guerre ou les persécutions religieuses. De par sa profession et son tempérament, Stern est lui-même un marginal, on peut imaginer qu’il a une -petite- empathie pour les exclus...

Faire dessiner cette histoire par votre frère était-ce une condition sine qua non ?


F.M. : Alors que nous travaillions sur le projet et que Julien était pris par ses engagements de l’époque, il m’a proposé de laisser la place à un autre dessinateur pour ne pas m’obliger à ronger mon frein. Mais si je dois faire une seule bande dessinée dans ma vie, que ce soit avec une personne réceptive à mes idées, dont je suis proche et en qui j’ai toute confiance. Au vu du résultat final je n’ai clairement aucun regret.

Julien, travaille-t-on avec son frère comme avec n’importe quel autre scénariste ?

Julien Maffre : Ça change un peu la donne, effectivement. Les rapports sont plus directs, peut-être, on prend moins de gants quand on a quelque chose à dire. Jusqu'ici je m'adaptais à la méthode du scénariste. Sur Stern, j'ai pu demander à Frédéric un scénario sans indications de case ou de page. Il était d'accord. Je lui propose les découpages à partir de ses dialogues, et on en discute.

Vous aviez déclaré lors d’un précédent entretien que réaliser le dessin de séries se déroulant au 19e siècle était un pur hasard. Avec Stern, on va finir par ne plus vous croire ! (sourire)


J.M. : Oui, n'est-ce pas! Cela dit, je n'en suis qu’à ma troisième série, accordez-moi le bénéfice du doute!

Comment avez-vous abordé graphiquement cet album ?

J.M. : Le trait reste dans la continuité de La Banque, le principal changement s'est fait au niveau de la couleur. J'ai opté pour une technique mixte, un lavis monochrome sur papier colorisé numériquement. Ça permet de rajouter du grain et de la texture, et convient particulièrement bien aux ciels nuageux. La grosse différence a été plus d'ordre narrative, avec une grande marge de manoeuvre niveau mise en scène et une plus grande pagination par rapport à mes albums précédents.

Le personnage de Stern avec son allure frêle a-t-il été une évidence dès le départ ?

J.M. : Oui, ça faisait partie des indications de départ de Frédéric : grand, filiforme, voûté. Le personnage sait se défendre sans être une montagne de muscles. L'idée m'a plu.

Stern est-il amené à vivre d’autres aventures ?

J.M. : Au moins dans un deuxième tome. La suite dépendra de l'accueil du public. On a beaucoup, beaucoup d'idées d'aventures autour de ce personnage, on espère pouvoir les raconter! Ça me plairait de pouvoir suivre Stern sur le long terme.

Avez-vous d’autres projets ?

F.M. : J’ai pas mal de scénarios diversement avancés dans mes tiroirs, qui vont du polar décalé à la comédie fantastique en passant par le récit historique. Maintenant il faut concrétiser tout ça !

J.M. : Un projet avec Stéphane Piatzszek au scénario se déroulant au XVII° siècle -vous voyez, je change de période ! Et plus tard, si tout va bien, un autre projet avec Isabelle Dethan durant l'Antiquité. Il y a de quoi faire.






Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Stern
1. Le Croque-mort, le clochard et l'assassin

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Note: 4.3/5 (145 votes)

Undertaker
1. Le Mangeur d'or

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Note: 4.4/5 (351 votes)