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Le Grand Méchant Renard : n'est pas Goupil qui veut

Entretien avec Benjamin Renner

Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade Interview 05/02/2015 à 10:20 10836 visiteurs

Un renard a faim. Son plan : voler des œufs, élever des poussins et attendre qu'ils soient suffisamment dodus pour pouvoir les manger. Mais l'animal, rusé dans d'autres fables, est dans Grand Méchant Renard un parfait loser qui trouve sa vocation en tant que maman, ou papa, c'est selon. Benjamin Renner, l'un des réalisateurs d'Ernest et Célestine, livre une histoire désopilante et farfelue à souhait, en attendant une prochaine adaptation en dessin animé.

Comment est née l’histoire du Grand Méchant Renard ? Par des vacances à la ferme quand vous étiez plus jeune ou par une indigestion d’épisodes de Bip Bip et Le Coyote ?

Benjamin Renner : Depuis que je suis tout petit, nous sommes en train de retaper une maison dans le Sud de la France. Je passe ainsi tous mes étés dans le Lot. Nos voisins ont une ferme dans laquelle j’allais régulièrement. J’avais une obsession : voir des poussins qui sortent d’un œuf. Mais mon père m’a mis en garde en m’expliquant que la première personne qu’ils verraient, il la prendrait pour leur mère. Cette anecdote m’avait presque traumatisé. J’étais partagé entre le fait de vraiment vouloir le vivre et la peur de ne pas être assez responsable pour avoir des enfants. Je m’étais aussi posé la question de savoir ce qu’il se passerait si la première chose que les poussins voyaient était une chaise ou un objet quelconque, un chien, un renard… L’idée est restée dans un coin de ma tête. Comme je n’avais pas envie de refaire un long métrage, j’ai pris cette histoire pour en faire une bande dessinée.

Avec le thème récurrent de la naissance puisque Un Bébé à livrer l’évoquait déjà…

B.R. : (sourire) Oui. Plus que la naissance, c’est l’enfance qui me tient à cœur.

Qu’apporte au récit l’absence de bulles et de cases ?

B.R. : C’est une écriture que j’ai appris à développer après ma prépa. Cela vient aussi du blog que je tenais dans lequel je m’étais imposé un format de « tour », dans lesquelles les cases n’avaient pas de sens. Pour ces histoires, je ne suis pas du tout dans la composition. Pour moi, c’est du théâtre. Ce sont des acteurs qui évoluent dans des scènes sans décor, ou à peine présents. Je veux que le « spectateur » reste concentré sur le personnage, sans se perdre dans des détails. Il n’y a ni plongée, ni contre plongée… Je me fous de la beauté de la BD, je raconte une histoire avant tout.

Comment s’est déroulée la collaboration avec Lewis Trondheim
(NDLR : directeur de la collection Shampooing) ?

B.R. : Quand je lui ai envoyé le projet, il m’a demandé si j’avais besoin d’aide pour l’histoire et je lui ai répondu que je devais m’en sortir seul. Il m’a donc foutu la paix pendant toute la production de la BD. Puis, je lui ai envoyé le « produit fini » et il a juste retiré une phrase qu’il a jugé redondante. J’ai eu un sentiment de confiance et de liberté totale.

Un renard et une poule qui font office de mamans de trois poussins, c’est votre vision idéale du mariage pour tous ?

B.R. : (rires) C’est une histoire que j’avais en tête depuis le lycée, donc bien avant que ce soit d’actualité. Mais quand j’ai écrit cette histoire, c’était effectivement en plein mariage pour tous. J’ai percuté que je parlais un peu de ça quand j’ai réalisé la case dans laquelle les trois poussins sont face au renard et à la poule et disent « mamans » avec un « s ». Pour moi, ce n’est pas vraiment le thème de la BD. Je parle beaucoup du renard, de la façon dont il va accepter son rôle et du regard des autres et très peu de l’enfance des poussins et de ce qu’ils ressentent. La seule chose que le renard sache bien faire, c’est d’être père même si c’est avec des poussins.

Le Grand Méchant Renard est votre deuxième bande dessinée animalière après Un Bébé à livrer. Est-il plus facile de mettre en scène des animaux que des personnages humains ?

B.R. : J’ai toujours été plus à l’aise sur des dessins d’animaux. J’ai beaucoup plus de difficultés à travailler sur des personnages humains. Les animaux ont tous leur stéréotype : un cochon est sale et aime bien manger, un renard est censé être rusé… C’est très agréable de pouvoir jouer avec ça. Dès qu’ils apparaissent ils renvoient au lecteur ce qu’ils devraient, en principe, être. Les différents animaux existaient déjà dans ma tête. Pour moi, le renard devait être un loser. J’ai pensé à Jean-Pierre Bacri en faisant le chien, qui joue le rôle d’un « gendarme » fainéant. La poule, c’est la bonne mère de famille. La logique de cet univers de ferme, c’est d’être un petit village dans lequel chaque personnage a sa fonction. D’ailleurs, je pense souvent à adapter La Ferme des Animaux dans cet univers-là.

Le Grand Méchant Renard, c’est aussi un projet de dessin animé…

B.R. : Oui. Je ne pourrai pas adapter la BD telle qu’elle est aujourd’hui. Elle est trop longue pour en faire un format de vingt-six minutes, spécial pour la télévision. Je ne souhaitais pas en faire un long métrage, l’histoire est trop légère. J’essaie cependant de garder l’essentiel de la BD, même si beaucoup de petites scènes vont être retirées. C’est un dessin animé qui sera plus destiné aux enfants alors que la BD est très dialoguée avec beaucoup de comique de situation.

Ce que vous avez réalisé sur le net (un turbomédia, NDLR) est finalement à mi-chemin entre les deux…


B.R. : (sourire) Oui, même si pour moi ce qu’il y a sur internet reste une BD. C’était une expérience que je voulais faire car souvent les éditeurs sont très frileux par rapport à ça. Pour l’instant, c’est sous forme d’add-on, une sorte de prologue pour ceux qui ont ensuite envie de lire l’album. Je suis en train d’en faire une autre qui est plus conséquente mais je voulais avoir la réaction du public avant de la sortir. Et ce que j’ai réalisé pour Le Grand Méchant Renard sur internet m’a permis de réaliser ce test. À l’avenir, j’aimerais faire une vraie grande bande dessinée numérique dont vous êtes le héros. Ce qui est intéressant, c’est que la communauté des joueurs a été très sensible à ce format. Une heure à peine après la mise en ligne, des soluces apparaissaient déjà sur certains forums de joueurs. Dès qu’il y a un enjeu comme ça, cela appelle ce type de communauté, celle des jeux vidéo.

Vous avez demandé au webmaster de Delcourt si certains chemins avaient été plus empruntés que d’autres ?

B.R. : Je ne sais pas s’il est possible d’avoir ce genre de renseignements. Mais c’est une bonne idée effectivement. Il y a de quoi faire une étude sociologique. (sourire)

Quel était votre rôle sur Ernest et Célestine ?

B.R. : J’étais l’un des trois réalisateurs.

Quels sont les liens entre le travail sur un dessin animé et celui d’une bande dessinée ?

B.R. : C’est très différent même si la manière de prédécouper est pour moi identique. Mais le rythme de narration est totalement différent. Quand j’ai réalisé Le Grand Méchant Renard, j’ai retiré certaines scènes car je trouvais qu’elles faisaient trop « animation ». Ma vision de l’animation faisait que j’avais du mal à me rendre compte que ça ne pouvait pas fonctionner en bande dessinée. Inversement, certaines blagues en bande dessinée ne marchent plus quand je fais de l’animation. Par exemple, il y a une scène dans la BD où le renard couche les poussins et leur fait peur en se faisant passer pour un monstre. Puis, la case d’après, les poussins sont recroquevillés contre lui et on comprend alors que le renard n’a pas vraiment réussi son coup. Mettre cette scène en animation, avec cette ellipse assez brutale, est très difficile.

Pour quelle raison n’avez vous pas signé avec votre pseudo Le Grand Méchant Renard (Reineke, NDLR) ?

B.R. : C’est une demande des éditions Delcourt. Je pense simplement qu’ils souhaitent mettre le bandeau « Ernest et Célestine » autour de l’album pour profiter un peu de l’engouement qu’il y avait eu sur le film.


Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade

Bibliographie sélective

Le grand méchant Renard

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Un bébé à livrer

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