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Censure de François Schuiten

Casterman réagit

BDGest News 18/05/2013 à 17:19 8772 visiteurs

Jeudi 16 mai, le quotidien belge néerlandophone De Standaart dévoilait que Jan Peumans, membre du parti N-VA (alliance néo-flamande), avait demandé que soit retiré un phylactère en français d’une planche de François Schuiten présentée lors d’une exposition accueillie par le parlement flamand. Interrogé par le journal, Luc Demullier,  porte-parole de Jan Peumans, confirmait : «Nous ne pouvions tout de même pas laisser un texte en français au parlement flamand». De son coté, Olivier Maingain, député et président des Fédéralistes démocrates francophones s’indignait :  « La censure de l'œuvre de François Schuiten au parlement flamand est un acte qui confine tout autant à la barbarie qu’à l’idiotie ». L’auteur, pour sa part, s’est dit choqué. « On m’a demandé l’autorisation d’exposer cette planche de L’Enfant penchée dans le cadre d’une exposition sur les originaux des auteurs belges de bande dessinée. Le texte des bulles appartient à l’original. Il est lettré à la main avec la même plume et la même encre que le dessin. Il fait partie intégrante de l’œuvre [...] Sur l’invitation officielle au vernissage et sur la couverture du catalogue, ce texte est remplacé par une bulle blanche. Mon nom n’est plus mentionné nulle part et, à aucun moment, je n’ai été informé de ce que je considère comme une éradication, une attaque à la nature même de mon travail ! Je trouve cette affaire extrêmement regrettable. C’est une illustration par l’absurde du contraste dans ce pays entre l’ambition artistique et la mesquinerie politique… »

Le lendemain, les éditions Casterman dans un communiqué de presse jugeait cet acte de censure regrettable :

Nul ne peut violer l’intégrité d’une œuvre.

Les Editions Casterman ont été heurtées d’apprendre ce jeudi 16 mai l’utilisation abusive d’une œuvre originale de l’un de ses auteurs.
Les Editions Casterman soutiennent François Schuiten et dénoncent en l’occasion le non respect du droit moral dû à l’auteur. Celui-ci garantit l’intégrité de toutes œuvres originales et, par conséquent, interdit toute mutilation de celle-ci. 
Elles regrettent l’absence de respect dont les responsables de l’exposition ont fait preuve et souhaitent rappeler que tout usage ou reproduction d’une œuvre originale protégée par le droit d’auteur nécessite impérativement l’accord du titulaire des droits de propriété intellectuelle et la mention de la paternité de son auteur. En outre, toute modification ou altération d’une œuvre ne peut évidemment être effectuée  sans en avoir été préalablement autorisée par son auteur.
Casterman précise également être un éditeur francophone et néerlandophone. L’album L’enfant penchée a été publié dans les deux langues simultanément et est donc disponible en néerlandais. 

Quand à François Schuiten il adressait une lettre à Luc Demullier :

Bonjour Monsieur, 
Merci d'avoir pris la peine d'expliquer votre position.
C'est une triste histoire car Benoît Peeters et moi-même avons des noms flamands, ma famille, du côté paternel comme maternel, vient de Flandres, j'ai grandi dans une commune flamande à proximité de Bruxelles et par beaucoup de points, je me sens très lié à la culture flamande. La Bande Dessinée flamande fait partie de mon histoire. C'est donc d'autant plus regrettable de se trouver devant une situation aussi médiocre qui ne reflète pas la richesse de nos deux communautés dans cette forme d'expression.
Je peux comprendre, évidemment, qu'une planche avec un phylactère en Français n'était peut-être pas le meilleur choix pour représenter cette exposition au Parlement Flamand. Quand on m'a présenté l'affiche avec l'illustration (qui respectait d'ailleurs la totale intégrité de la planche et indiquait le copyright), j'avais été flatté par ce choix, mais aussi un peu surpris. C'est à la découverte de l'invitation que j'ai été choqué et ai rapidement écrit au commissaire de l'exposition.
Ce que je ne comprends pas, c'est qu'il y avait mille et une façons de résoudre ce problème. La plus naturelle aurait été de prendre le texte en Neerlandais, tiré de "Het Schieve Meisje". Les deux versions sont sorties en même temps et sont toujours disponibles dans le commerce. Nous aurions été ravis de vous aider à effectuer ce changement dans des délais très courts.
La solution qui a été choisie est choquante parce qu'elle va à l'encontre même du projet d'une exposition de planches originales. Ce qui est beau dans l'art de la Bande Dessinée, c'est la rapport entre le texte et l'image. Et l'original noir et blanc révèle ce lien organique qui en fait une écriture unique. 
On peut aussi regretter que vous n'ayez pas jugé nécessaire de signaler le copyright des auteurs sur le carton d'invitation ainsi que sur le catalogue qui ne mentionne pas non plus l'origine de la couverture. Il me semble qu'il ne s'agit plus là d'un problème linguistique...
Ce pays vaut mieux que cette tempête dans un verre d'eau...
Très cordialement,
François Schuiten

Toutes proportions gardées bien évidemment, la dégradation d’une oeuvre au nom d’une idéologie n’est pas sans rappeler, sans même remonter au XXe siècle, la destruction des Bouddhas de Bâmiyân par les talibans en 2001. Les mécanismes sont les même, seule l’échelle change...

Sources :

Le Soir : Un phylactère en français de Schuiten censuré par Peumans
Le Soir : Censure d’un phylactère en français: Schuiten se dit «choqué»
De Standaart : Peumans censureert Franse tekstballon uit brochure




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