De 1945 à 1951, entre le service militaire et les boulots alimentaires, Uderzo va acquérir, à l'instar d'un Jijé, une incroyable diversité de la palette. Se pliant aux exigences graphiques de ses employeurs successifs (Les éditions du chêne, Ok, Coq hardi...) il va passer, en une poignée d'années, des maladresses prometteuses de Flamberge (1945) ou Clopinard (1946), où percent nettement les influences de Walt Disney, aux dessins réalistes plus proches d'un Milton Caniff destinés à illustrer les faits divers de France Dimanche (1949-1951). C’est aussi l’occasion de redécouvrir, à travers la trajectoire tâtonnante du jeune Albert, le paysage éditorial de cette période un peu folle de l’après guerre où le milieu de la presse était en pleine effervescence.
Pour ce qui est de l’écrin, les auteurs ont opté pour un format résolument identique à celui des Hergé, chronologie d’une œuvre de Philippe Goddin : un carré de 29 cm de coté pour une pagination de 400 pages environ. Cela permet la publication de planches aussi bien verticales qu’à l’italienne et autorise surtout de somptueux agrandissements de cases. Les amateurs de beaux livres ne pourraient que se réjouir si cela devenait un standard pour de futurs ouvrages sur les maîtres du 9e art.
Si le succès mondial d’Astérix est dû à l’heureuse rencontre entre deux maîtres de la bande dessinée, ce premier tome démontre bien qu’on ne devient pas Uderzo par hasard. Le talent seul, aussi immense soit-il, ne suffit pas. Il faut aussi énormément de travail.
Uderzo - Intégrale 1941-1951
424 pages, format 290 x 290
69 euros
A paraître, à l'automne 2013, le deuxième volume qui retracera les années 1952 - 1953.
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