Cher lecteur de BDGest

Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.

Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.

Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :


  • de validez dans votre logiciel Adblock votre acceptation de la visibilité des publicités sur nos sites.
    Depuis la barre des modules vous pouvez désactiver AdBlock pour les domaine "bdgest.com" et "bedetheque.com".

  • d'acquérir une licence BDGest.
    En plus de vous permettre l'accès au logiciel BDGest\' Online pour gérer votre collection de bande dessinées, cette licence vous permet de naviguer sur le site sans aucune publicité.


Merci pour votre compréhension et soutien,
L'équipe BDGest
Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe
AD

Le retour du mort-vivant

Entretien avec Jean-Marc Mathis et Thierry Martin

Propos recueillis par L. Gianati Interview 13/12/2012 à 15:47 6303 visiteurs
Il y a déjà sept ans, paraissait dans la collection Latitudes des éditions Soleil un album qui avait immédiatement séduit la rédaction. "Vincent, mon frère mort-vivant" abordait un sujet sensible, la perte d'un être cher et les difficultés pour un petit garçon de faire son deuil, avec beaucoup de sensibilité et de poésie. C'est sous un autre titre, Au pays des Ombres, que cette jolie histoire refait aujourd'hui surface dans la collection Noctambule, toujours chez le même éditeur. L'occasion de (re)découvrir cet ouvrage et, pourquoi pas, de le glisser sous le sapin à l'intention des jeunes lecteurs.

Quelles sont les différences entre Vincent, mon frère mort-vivant, paru en 2005, et Au Pays des Ombres ?

Jean-Marc Mathis : Déjà, le format. Au Pays des Ombres est d’une taille classique. Le papier aussi est différent, beaucoup plus avantageux. Pour ma part, je n’ai changé qu’un mot.

Thierry Martin : Et pour ma part, j’ai retravaillé la couleur de la double page, plus quelques pétouilles ici et là, mais trois fois rien.

Quels sont les retours des lecteurs que vous aviez eus, à l’époque, de cet album ?

J.-M. M. : Les critiques étaient bonnes. Nous avions reçu le prix du meilleur album au festival de BD d’Audincourt, et je me souviens que dans un prospectus de la Fnac, "Vincent" était classé dans les 15 meilleures BD de l’année. Mais les bonnes critiques ne font pas forcément vendre, l’album a été très vite pilonné et la collection dans laquelle il était parue (Collection Latitudes) s’est arrêtée. Avec Thierry, notre travail sur "Vincent" s’était étalé sur deux ans et demi (nous avons d’autres activités en dehors de la bande-dessinée) et au final, l’album a vécu deux ans à tout casser. Déprimant.

Pour quelles raisons avez-vous changé le titre ? Souhaitiez-vous toucher un plus large public ?

J.-M. M. : C’est Clotilde Vu, l’éditrice de Noctambule qui a nous a demandé de changer le titre. Elle pense qu’avec un nouveau titre et une nouvelle couverture, l’album va trouver son public ; ce qui n’avait pas été le cas avec l’édition précédente dont peu de gens connaissent l’existence. Elle tenait à faire une nouvelle édition, pas une réédition. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une nouvelle édition.

T. M. : Et aussi, d’après Clotilde Vu, le précèdent titre ne reflétait pas l’histoire, ce en quoi elle avait raison. C’est toujours difficile de trouver un titre, il doit être évocateur de l’univers, court tout en étant énigmatique, alléchant etc, enfin il me semble.

Entre une mère taxidermiste et un père fossoyeur, Vincent évolue depuis tout petit dans le royaume des morts…

J.-M. M. : Ah non. S’occuper des morts fait partie du travail des vivants. Le royaume des morts, c’est autre chose puisque là les morts sont en quelque sorte vivants.

Et pourtant, il a du mal à faire le deuil du décès de son frère…

J.-M. M. : C’est bien ce que je voulais montrer. Ce n’est pas parce qu’on évolue dans un milieu où l’on côtoie la mort que l’on est insensible. Et dans le cas d’Antoine, c’est un plus pour son imagination.

Le vrai méchant de l’histoire n’est pas celui que l’on croit. Le Diable apparaît finalement presque sympathique…

J.-M. M. : Le Diable est sympathique. Simplement, il ne faut pas l’énerver. Et les vrais méchants sont toujours des humains. Je pense que nous sommes la pire engeance actuellement sur terre.

Thierry, comment avez-vous adapté votre dessin pour donner de la légèreté à un sujet aussi grave ?

T.M. : Diable !! Si je me souviens bien, j’ai dessiné quelques versions avant de trouver celle-là, il y avait une version plus « gros nez » mais qui ne me satisfaisait pas. Jusqu’au jour où mes deux fils sont rentrés dans mon bureau, et là j’ai eu le déclic. Ils ont posé pour moi et j’avais Antoine. De là, tout le reste est venu tout seul. Pour les décors, je pars du principe que plus ils sont poussés, plus ils contribuent à rendre l’histoire crédible, enfin, dans la mesure du possible et de mes moyens.

Les couleurs sont signées par les deux auteurs. Comment vous êtes-vous partagé le travail ?

J.-M. M. : À l’époque Thierry était beaucoup moins sûr de lui pour les couleurs. Son travail de story-boarder ne lui donne pas l’occasion de les travailler. De mon côté, j’avais un peu plus d’expérience et nous avons tenté l’aventure. J’ai mis en couleurs une grosse moitié de l’album. D’ailleurs, c’était la première (et unique) fois où j’ai colorisé des dessins de quelqu’un d’autre. J’ai trouvé ça long et fastidieux, mais je suis très content du résultat.

T.M. : Tout à fait.

La préface signée par Patrice Leconte augure-t-elle une adaptation en film, signée pourquoi pas, par Tim Burton ? (sourire) Ce cinéaste a-t-il influencé votre travail ?

J.-M. M. : Une adaptation en film, oui, l’idée me plaît mais peut-être vaut-il mieux en rester à l’idée. Parce que la majorité des adaptations cinématographiques d’albums de bande dessinée sont à vomir. Ce qui a influencé mon travail, ce sont des textes de Erckmann-Chatrian, Théophile Gautier, Robert Bloch, Stephen King, Dean Koontz, H. P. Lovecraft, Edgar Allan Poe, Bram Stoker etc. Je n’ai vu les films de Tim Burton que longtemps après.

T.M. : J’ai été approché par un réalisateur américain quand j’étais sur le tome 1 du Roman de Renart, il voulait adapter l’album. Le projet a été présenté à divers studios américain, Dreamworks, Sony Pictures Animation, etc… mais ça n’a pas abouti parce que le réalisateur voulait le réaliser sans concessions aucune et, face aux studios, c’est une autre paire de manche.

Avec le recul, cet album a-t-il permis de lancer votre carrière ?

J.-M. M. : Pas vraiment. Je publiais déjà des livres depuis sept ans, surtout en littérature jeunesse. Je n’ai jamais vraiment existé en tant que dessinateur de BD et à peine en tant que scénariste.

T.M. : Pour ma part je pense que oui, ça nous a aidés à être plus crédibles auprès d’autres éditeurs et plus personnellement à être plus confiant dans mon travail de dessinateur de BD.

Quels sont vos projets en bande dessinée ?

J.-M. M. : À ce jour, aucun.

T.M. : En ce moment une adaptation d’une nouvelle de Jack London, Nam-bok le hableur chez Futuropolis.
Propos recueillis par L. Gianati