La Ballade de Magdalena est votre premier scénario de bande dessinée. Était-ce un projet qui se trouvait déjà depuis longtemps dans vos carnets ?
Il arrive de temps à autre que des idées d’histoire me traversent l’esprit. Si j’en ai l’occasion, je les note. Sinon, elles disparaissent au royaume des idées perdues. J’avais noté l’idée qui a servi de base à La ballade de Magdalena il y a quelques années déjà.
Ce diptyque est présentée comme « un Corto Maltese à trois têtes ». D’ailleurs, le capitaine du zeppelin Héria, dans le deuxième tome du Cycle d’Ostruce, avait déjà des faux airs du célèbre héros d’Hugo Pratt…
Mmmh, je ne suis pas l’auteur de ce slogan et je ne le cautionne qu’en partie. En effet, si le début de mon histoire partage avec l’une de celles d’Hugo Pratt son contexte géographique et temporel, je crois que mon propos n’est pas le même.
Ceci dit, Hugo Pratt est, je pense, mon auteur de BD favori. Il a donc assurément une influence sur mon travail. Mais, par dessus tout, je dirais qu’il m’a fait découvrir, à travers le contexte de ses histoires, des événements, des figures historiques, des lieus et aussi des écrivains qui m’ont fasciné. Cet univers, avec l’œuvre de Pratt comme entrée, est un monde immense, infini dans lequel j’aime voyager, dans tout les sens du terme.
Si l’on vous dit que La Ballade de Magdalena éveille la fibre nostalgique des fans de François Bourgeon et notamment des Passagers du Vent…
Comme pour Hugo Pratt, Les Passagers du Vent est une série magnifique qui a marqué mon chemin dans le monde de la BD. Deux femmes et des bateaux à voile, un marin à rouflaquettes… je crois qu’il faudrait des ailes beaucoup plus grandes que les miennes pour faire oublier ces illustres références.
La série porte le nom de l’un des trois principaux personnages, sans doute le moins bavard, mais pourtant narrateur du récit. Joli pied de nez !
Oui, malgré le fait que Magdalena ait vécu en autarcie dans la plantation familliale, éduquée de manière tyranique et absurde par son père et son oncle, c’est une femme curieuse de ce qui l’entoure. Tout au long du récit, obligée à l’exode suite à l’effondrement de « sa prison », elle va découvrir ce monde que sa famille lui avait caché. Ce qu’elle va percevoir et l’enrichissement qui va en résulter lui permettra, pour un temps du moins, de se retourner contre ses bourreaux. Pour ma part, je me suis dit que ce personnage au regard curieux et intact ferait une intéressante narratrice.
La palette des couleurs utilisée est impressionnante par son ampleur et participe pleinement à la création des différentes ambiances… Comment avez-vous travaillé graphiquement sur cet album ?
C’est de la couleur directe. Encre de chine à la plume pour le noir et Ecolines pour les couleurs. Je trouve intéressant de séquencer clairement les différentes scènes de l’album par des ambiances chromatiques variées. Je crois qu’en BD tout ce qui va dans le sens d’une meilleure lisibilité est bon à prendre.
Le premier tome de La Ballade de Magdalena a été publié grâce au soutien des internautes de « My Major Company ». Comment les éditions du Lombard vous ont-elles présenté ce projet ?
J’étais environ aux deux tiers de la réalisation de l’album quand mon éditeur m’a appelé pour me parler de "My Major Company". Pour lui, c’était un moyen de faire découvrir mon travail en amont, avant sa sortie. Il comptait que les gens en parlent afin qu’au moment de sa publication l’album ne soit pas quelque chose de totalement inconnu pour tout le monde. J’ai accepté par curiosité. Comme je faisais partie des premières BD proposées sur ce site je ne savais vraiment pas où nous allions. L’album sort ces jours-ci (le 7 septembre. NDLR), j’espère que cette idée porte ses fruits.
En termes d’investissement personnel, notamment sur la communication liée à l’avancement du projet, quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
Je me suis assez vite pris au jeu de l’échange avec les « édinautes » c’était plutôt symathique et j’ai fait quelques très belles rencontres virtuelles. Bien sûr, communiquer sur ma page m’a pris beaucoup de temps, j’ai fait des dessins spéciaux pour l’occasion, organisé des jeux… je me suis découvert un côté sociable dont j’ignorais être pourvu ! Par contre, même si cela s’est bien terminé pour moi, le fait que les internautes misent de l’argent sur mon travail m’a passablement tracassé, c’était un aspect des choses que je n’avais pas du tout anticipé.
La couverture du deuxième tome est déjà présente sur le quatrième plat du premier. Histoire de rassurer les lecteurs ? (sourire)
Oh, je crois qu’il ne faut pas se faire de souci, le tome deux avance bien, même si j’ai pris un peu de retard en préparant l’exposition qui a lieu chez Daniel Maghen. Ceci dit, je pense qu’il y a effectivement une volonté de rassurer le lecteur d’une part sur le fait que l’histoire tient bien sur 2 tomes et d’autre part que le tome 2, Une olive mûrit face à la mer existe presque déjà. En ce qui me concerne, j’ai trouvé que c’était une expérience nouvelle et intéressante de commencer la réalisation d’un album par sa couverture.
D’ailleurs, pour quand est-il prévu ?
Normalement pour les derniers mois de l’année prochaine. Mais comme je vous le disais, j’ai pris un petit peu de retard en réalisant une série d’illustations autour de La Ballade de Magdalena à l’occasion de l’exposition qui aura lieu à la galerie Maghen.
Exceptée la deuxième partie de ce diptyque, avez-vous d’autres projets ?
J’ai pas mal d’idées, mais comme j’ai de la peine à travailler sur deux choses à la fois, je les mets, pour le moment, de côté.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’exposition de la galerie Daniel Maghen qui vous est consacrée ?
C’est une exposition commune avec Franck Bonnet (Les pirates de Barataria).
Pour ma part, j’y expose les planches originales de La Ballade de Magdalena, une série d’illustrations couleurs « marines » faites pour l’ocasion et la version préparatoire de l’album (encre sépia). Voici le lien : Exposition Franck Bonnet - Christophe Dubois
L’exposition dure jusqu’au 15 septembre et le vernissage aura lieu de 7 septembre.