Après une collaboration avec Antoine Ozanam (E dans l'Eau), Rica se lance cette fois seul dans l'aventure. Dérangeant, déroutant, pervers, glauque, cynique... Minus ne devrait pas laisser le lecteur indifférent. Un album à ne pas mettre entre toutes les mains, surtout pas les siennes.Minus est votre premier album réalisé en solo. Était-ce un projet que vous aviez depuis longtemps dans vos cartons ?
Quelques années, oui, je traîne ça depuis que j'ai participé au collectif Premières Fois chez Delcourt sur un scénario de Sibylline.
Que vous a apporté la collaboration avec un scénariste expérimenté comme Ozanam (E dans l’Eau) ?Une expérience. C'est pas mal de se confronter un peu aux fantasmes et aux idées des autres. On a des façons assez différentes de raconter ; c'est assez enrichissant.
Alex, dans Monique : toujours contente, est en pleine crise de la quarantaine. Minus n’en a pas trente. Quelle est sa crise à lui ? D’ailleurs, avez-vous été inspiré par ce film ?
Alors non. C'est le truc avec Dupontel, là ? J'avais pas aimé. L'envie m'est venue suite à la collaboration avec Sib (Sibylline, NDLR). Son histoire, comme pour le reste du collectif, était centrée autour du point de vue de la fille, en l’occurrence la doll. J'ai été assez frustré parce que j'avais envie de faire parler ce mec, mais c'était pas le bon moment pour ça. Du coup, je me suis lancé dans ce qui allait devenir Minus.
Quant à sa crise, je suis resté assez flou sur ça pour que chacun puisse y mettre de soi.
Minus fait tout pour être détesté, y compris par le lecteur. Pourtant, face à sa souffrance, on ne peut s’empêcher de ressentir à son égard une certaine empathie…
Tant mieux, c'est ce que je voulais. On a vite fait de condamner autrui, peu importe les raisons. Je voulais qu'on puisse aussi s'identifier à lui, quitte à ce que ce soit malgré soi.
Et aussi un peu de jalousie finalement… Minus possède toutes les filles qu’il désire !
« Possède »... Si vous le dites. Il y a aussi une contrepartie à son « style de vie ».
Minus le dit lui-même : « Internet a changé la vie des branleurs. » Finalement, internet permet-il de canaliser de canaliser certaines pulsions, ou au contraire, les exacerbe-t-elles ?
Ça dépend des gens, j'imagine. Et ça dépend si vous parlez du porno sur internet ou du net dans son ensemble. Pour les gens qui aiment le porno, c'est une bonne chose, pour sûr.
Le dessin de Minus fait immédiatement penser à Charles Burns. Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Je lis plus vraiment de BD, une copine m'en prête de temps en temps.
Graphiquement, je crois que je me trouve petit à petit, ça évolue doucement mais c'est assez gratifiant. J'aime le travail de beaucoup de dessinateurs d'origines et d'époques différentes. Pour ça aussi internet a été une aubaine, j'aurais bien aimé grandir en pouvant accéder à autant de talent.
On peut voir sur votre site que deux projets ont été signés en début d’année 2011. Si Minus est le premier, quel est le second ?Un autre projet noir avec Ozanam. On s'y remet juste là ; ça s'est avéré plus compliqué que prévu, mais ça devrait être chouette. Chez Casterman.
Avez-vous d’autres projets ?
Donc ce truc avec Ozanam, et là j'écris plusieurs choses que j'aurais envie de dessiner. Rien de prêt pour l'instant, rien de signé.
