Derrière cette histoire de fantômes sur fond de chasse au trésor, point la fin d'un monde, celui des colonies et avec lui l'avènement du modernisme dans une île qui semble figée dans le passé.
Si la nostalgie et l'ironie douce amère transparaissent dans l'histoire, c'est du côté du Grand Meaulnes (A.Fournier) qu'il faut chercher l'inspiration directe d'Appollo: J'aime beaucoup ces ambiances post-romantiques, et je trouve que la Réunion se prête bien à ce genre de récit, avec la gloire passée voire surranée de ses anciens domaines agricoles.
D'où son idée de situer l'histoire dans un grand domaine à l'abandon. Il reconnaît cependant se méfier du côté "spleen" très XIXème, et c'est certainement la raison pour laquelle Fantômes Blancs alterne souvent entre deux tonalités, une forme de lyrisme presque élégiaque et un humour idiot et bas du front qui n'est pas totalement dupe des élans spleeniens.
D'ailleurs si François, le héros, semble perdu, en proie à une quasi-dépression ou parfois pointe même la folie, c'est sans doute un récit plus intimiste que nous livre l'auteur. Un récit dans lequel il existe une sorte de paradoxe: celui de la technique qui se heurte à celui de la tradition et de la superstition. Que peut-il advenir de François le passif, l'attentiste ? "Dans le Tome 2, il devrait montrer un personnage qui prend enfin en main son destin, et qui finalement se trouve", nous confie l'auteur.
Outre l'influence de Fournier, Appollo cite Cocteau (la Machine infernale), Davis B, William Boyd (invention de l'aviation) Nerval et Goscinny "pour le plaisir de mettre en scène des personnages crétins". Apollo fait cependant montre d'une grande humilité quant à ces influences qui ont façonné histoire et personnages.
Il est servi, au dessin , par Li-An, grand amateur de Science Fiction. Grâce au soutien de Morvan on le connaîtra surtout pour Le cycle de Tschaï (Delcourt).
Avec Appollo, ils se connaissent depuis presque 20 ans et avaient depuis longtemps envie d'un projet commun. Aussi, entre amitié, rigolade et travail est né Fantômes Blancs parce que "c'est toujours agréable de bosser avec un copain" .
Selon l'auteur "son dessin se libère, et nos choix narratifs - avec des mises en page très simples et très lisibles - lui permettent de donner toute sa mesure graphique. Les couleurs de Laurence Croix fonctionnent vachement bien avec ce dispositif d'ailleurs, et il n'y a plus qu'à espérer que l'histoire soit à la hauteur".
Nous n'avons aucun doute de notre côté....
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