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Gantz - Au commencement

Du manga au cinéma - le DVD

L. Cirade Webzine 20/09/2011 à 13:32 7964 visiteurs
Masaru et Kei étaient amis au collège. À l'époque, le second jouait un rôle de protecteur des plus faibles. Quelques années plus tard, ils se retrouvent sur le même quai de métro. Un incident sur la voie et tous les deux sont percutés par un train. Leur surprise est totale lorsqu'ils se retrouvent, avec quelques inconnus, dans un appartement uniquement meublé d'une sphère noire immaculée. Abritant un être d'apparence humaine, la sphère annonce une mission : éliminer un alien à la tête de poireau. Dotés d'un équipement et d'armes en apparence factices et dont ils ignorent la fonction et l'usage, ils se trouvent téléportés dans un quartier inconnu. Dans la pénombre, ils distinguent un petit être au crâne surmonté d'une touffe bizarre...

Lors de son apparition en librairie, Gantz avait frappé un grand coup. Avec son graphisme net mêlant trait dessiné et infographie, son sens du détail étonnant, son noir et blanc lumineux, il sortait indiscutablement du lot. Son pitch prenait également l'amateur de SF par le col. Songez, des inconnus, présumés décédés, confrontés à une forme inconnue qui les met au défi de supprimer l'occupant alien, dont ils ne soupçonnaient pas l'existence et qui prend des formes totalement surprenantes. En quelques mots, voilà de quoi titiller l'imagination et échafauder quelques hypothèses bien senties. Il y avait aussi une autre raison, intellectuellement moins affichable. Si l'auteur, Hiroya Oku, rappelle que la série était dès l'origine destinée à un public adolescent, il est vite apparu que la mention «Pour lecteurs avertis » n'était pas usurpée. La violence est au centre de Gantz, pas seulement visuelle avec ses éclaboussures gore et ses gunfights homériques, elle est prégnante dans les relations entre les personnages, les bastons entre jeunes ou les sévices psychologiques qui sont monnaie courante en témoignent. Le sexe est également très présent, les scènes et plans dévoilant l'anatomie de créatures, plutôt faibles de caractère mais dotées de courbes avantageuses, sont fréquents. Sans compter que les donzelles – ou d'autres tout aussi accortes – ponctuent l’intermède séparant les chapitres. Ajoutons à cela, les bénéfices de tenues particulièrement moulantes revêtues par les protagonistes... Autant d'arguments qui font que Gantz doit faire partie des mangas les plus feuilletés sans jamais atteindre le niveau des caisses dans les librairies.

Au début du mois, le 30ème volume est sorti, et, parmi les bluffés des la première heure, nombreux sont ceux qui ont lâché le navire, à mesure que l'action devenait répétitive, la surenchère dans le gigantisme des adversaires, ressemblant de plus en plus à des boss de fin de niveaux de jeux vidéo, ne suffisant pas à combattre une certaines forme de lassitude.

Aujourd'hui, sans passer par la case «salle », l'adaptation cinématographique sort en DVD dans l'Hexagone. Succès au Japon, bide outre-Atlantique, Gantz – Au commencement propose une synthèse convaincante du contenu des huit premiers recueils publiés chez Tonkam. Globalement, l'essence de l’œuvre de Hiroya Oku est bien présente, la voie qu'elle a empruntée, déviant du synopsis initial, également. La découverte de Gantz, figure-objet pour le moins intrigante, les interrogations des personnages, leur stress face à une situation et des comparses inconnus est bien rendue. Comme c'est le cas dans la série originale, le spectateur risque de rester sur sa faim en matière de réponses apportées sur cette facette – la plus intéressante ? - de l'histoire (d'où vient Gantz ? qui l'a créée ? celui qui se trouve à l'intérieur ? depuis quand les aliens sont-ils là ? pourquoi avoir choisi des êtres récemment décédés pour accomplir ses missions ? quand ce « jeu » a-t-il commencé ? etc.). De là à dire que, comme c'est le cas dans de nombreux mangas, ou plus généralement d'aventures feuilletonnantes, les pitchs accrocheurs font office de vitrines ou de couches attrayantes pour des produits qui ne tiennent pas toutes les promesses initiales, il n'y a qu'un pas, aisément franchissable.

Pourtant, n'exagérons rien, le film se révèle divertissant. La sphère est bien présente et elle confie trois missions à une équipe de "fraîchement trépassés", de tous âges et des deux sexes, dont la composition est renouvelée par la force des choses. L'absurdité du profil des deux premiers E.T à abattre est bien rendue (un homme-poireau et une sorte d'automate doré, croisement d'un robot et d'une poupée de ventriloque), la gestuelle du martien Tanaka, qui prête à sourire, contrastant par exemple avec sa redoutable efficacité. La dimension onirique, voire transdimensionnelle, de l'univers dans lequel sont projetés les acteurs transparaît également ici et là, notamment lors d'une poursuite avec l'insaisissable homme-poireau qui échappe régulièrement à ses poursuivants pour surgir ailleurs, défiant toute logique. Les cibles suivantes, dont un Bouddha géant, respectent également les créations originales.

Les combats ? D'une honorable tenue et soutenus par des effets spéciaux variés. Les opérateurs doivent remercier Oku d'avoir choisi la nuit comme décor des affrontements. La dimension gore ? Les poches d'hémoglobine (ou de je-ne-sais-quoi, allez savoir ce qu'ils ont dans les veines ces trucs-là …) éclatent avec fracas, éclaboussant allègrement alentour]. La dimension psychologique des candidats envoyés en mission suicide ? Shinsuke Satô appuie quelque peu son discours lorsqu'il s'agit de mettre en exergue les quelques valeurs humanistes surnageant dans une ambiance essentiellement dédiée à l'étrangeté et à l'action, mais au moins lui sait-on gré de ne pas avoir tenté d'introduire une dose d'humour là où le premier degré règne dans le manga. Le sexe ? À part la première apparition de la jolie silhouette de Natsuna qui joue le personnage de Kei Kishimoto, l'érotomane risque de rester sur sa faim, ce qui constitue probablement la seule véritable trahison notable par rapport au modèle.

Gantz – Au commencement remplit donc son office de mise en images de la création originale (difficile de parler d'empreinte laissée par le réalisateur) mais reste un peu timoré lorsqu'il s'agit de faire passer les sentiments ressentis par les protagonistes. Les fans de la version papier devraient donc y trouver leur compte dans la mesure où les repères essentiels sont présents mais déploreront un manque d'audace évident, tandis que ceux qui n'en avait jamais ouvert un volume ne devraient pas s'ennuyer. Les deux types de publics ressortiront probablement un peu frustrés de ne pas avoir trouvé les réponses que la facette la plus intéressante du scénario aura fait naître. Le second groupe aura au moins l'espoir d'être exaucé en découvrant la seconde partie, annoncée pour janvier 2012, elle aussi en direct to video en France. Souhaitons que dans les suppléments, il soit au moins fait référence au manga, voire qu'il lui soit consacré un bonus spécifique, ce qui fait cruellement défaut dans cette édition.
L. Cirade

Information sur l'album

Gantz
Gantz - Au commencement

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