Le tome 22, Mathias, est parue sous une nouvelle maquette qui présente deux posters d'Humphrey Bogart en pages de garde. Plus de vingt-cinq ans après la sortie du premier tome, Jérôme a-t-il enfin réussi à ressembler à son modèle ?
Alain Dodier : Le pauvre Jérôme, quoi qu’il fasse, ne ressemblera jamais à son modèle, pour la raison très simple qu’il n’atteindra jamais sa maturité physique. Il restera toujours ce grand jeune homme maladroit avec ce côté "pas fini". C’est la dure loi de la BD classique qui impose à ses héros de ne pas vieillir.
Cette nouvelle maquette, pourquoi avoir souhaité la changer au bout du 22ème tome ?
L'idée de changer la maquette des albums de Jérôme vient de mon éditeur. Et au vu du résultat, c’est ce qu’on peut appeler une excellente idée.
Beaucoup d'action dans ce dernier tome, avec notamment la présence du GIGN et de malfaiteurs en cavale, mais aussi un regard posé sur la solitude des personnes âgées. Comment choisissez-vous les thèmes présents dans chaque scénario ?
Peut-être avais-je envie d’action et que j’ai choisi un thème de départ plutôt dynamique. Mais rien de conscient dans ce choix. Trop content déjà de trouver une idée je suis.
Les fans de Babette risquent d’être déçus, son voyage en Guadeloupe la tient éloignée de Jérôme pendant la quasi-totalité de l’album. Comment effectuez-vous votre casting pour chaque nouvelle histoire?
C’est vrai que c’est pratique, le fait que Babette soit hôtesse de l’air. Comme je ne lui trouvais pas de rôle dans cette histoire, je l’ai envoyée faire un petit tour en Guadeloupe. Il y a pire comme mises à l’écart. En revanche, dans le prochain scénario, elle aura un rôle très important.
JKJ Bloche, au-delà des intrigues policières, est une série à atmosphère, avec un humour très particulier. La formule, au début, avait été créée par vos deux scénaristes. Vous avez su maîtriser l’exercice et reprendre le flambeau en solitaire. Un bon gag, ou une bonne répartie dans la bouche de Jérôme, comment ça marche ?
Peut-être l’esprit de la série vient-il du décalage entre une histoire plutôt réaliste et un personnage un peu décalé, sinon fantaisiste. Mais si j’avais la recette, je ne mettrais pas autant de temps à faire un scénario.
N’avez-vous pas été tenté d’apporter dans vos histoires une touche fantastique, comme dans certaines histoires scénarisées par Makyo, en particulier A la vie à la mort ?
Ma personnalité "terre à terre" me porte plutôt vers les histoires réalistes. J’ai eu ma période "fantastique", mais ça commence à remonter à loin...
Mettre de côté imper, paire de lunettes et chapeau, pour créer un personnage totalement différent, est-ce quelque chose qui vous a de temps en temps titillé ?
En fait non ! Il faut croire que je trouve dans cette série tous les ingrédients nécessaires à mon bonheur (professionnel).
La résurrection de Gully en 2008 après dix-huit ans d'absence, avec la sortie d'un sixième tome (Les Vengeurs d'Injure), annonce-t-elle d'autres albums à venir prochainement ?
Je ne pense pas qu’il y aura de septième album, le sixième n’ayant pas reçu l’accueil qu’on pouvait souhaiter. Mais on s’est bien amusé à le faire.
Lisez-vous beaucoup de bandes dessinées ? Connaissez-vous les histoires du Privé à la Cambrousse de Bruno Heitz, confrère de Jérôme, dont les enquêtes sont très... champêtres ?
Je lis assez peu de bandes dessinées, mais il m’arrive de faire des cures et d’en lire quelques dizaines dans la foulée – ce que je fais en ce moment - c’est toujours bon d’écouter "la petite musique" des collègues. Je ne connais pas cette BD mais je vais combler cette lacune .