Kipling a dit : "J'ai toujours près de moi, six fidèles amis. C'est à eux que je dois tout ce que j'ai appris. Leurs noms sont : "Quand, Où, Quoi, Comment, Pourquoi et Qui " Qu’en pensez-vous ?
Y. Dégruel : J e ne connaissais pas du tout cette recette, que je trouve délicieuse...cela ressemble assez à l'humour qui se dégage de l'œuvre de Kipling...elle met en appétit tiens!
Pourquoi avoir adapté cette histoire ?
Y. Dégruel : J'ai découvert cette histoire il y a plus de 15 ans, j’en avais même fait un de mes sujets lors de du passage de mon diplôme, imaginez que j'avais déjà pas mal « gambergé » la dessus ! Il y a plusieurs choses qui m'ont enthousiasmées, la première étant le mot "insatiable" que je ne connaissais pas, la seconde le mot "curiosité " que je connaissais trop bien, et puis il y avait l'idée géniale des temps anciens et de l'origine des choses, cette idée m'amusait beaucoup. Il y avait également le jeu d'imaginer un éléphant sans trompe : ça devenait une obsession ; en réalité c'est une vraie difficulté de dessiner un éléphant sans trompe, sans que cela ne ressemble à un cochon. Et puis il y a eu le crocodile, c'est bien simple, je n'ai pas pu résister à l'idée de le dessiner lui aussi...enfin voilà, tous ces personnages me disaient : « viens dessines-nous ». Et enfin, il y a l'histoire, que vous connaissez certainement comme de nombreuse personnes, mais comme toutes les bonnes histoires, on aime se les raconter encore et encore.
Allez-vous adapter d’autres histoires comme ça ?
Y. Dégruel : Je m’attelle actuellement à l'adaptation d'une seconde nouvelle tirée du recueil d' histoires comme ça « le chat qui s'en va tout seul ».
Et si tout va bien, il y a l'idée d’une troisième adaptation, mais tant que rien n'est signé...
Comme de nombreuses fables, cette histoire a plusieurs niveaux de compréhension. Quel est celui que vous avez souhaité mettre en avant ?
Y. Dégruel : J'ai souhaité mettre en avant la relation entre l'enfant et le papa éléphant, cette relation n'apparaît pas dans le conte...il s'agissait de la famille en général...j'ai donc appuyé, voire ajouté un personnage alors que Kipling parlait lui de la famille au sens large sans évoquer les parents...
Cette histoire drôle, burlesque, l'enfant d'éléphant est un peu un clown qui met sans arrêt les pieds dans le plat... mais qui prend aussi beaucoup de coups ... cela pourrait parler aussi de l'enfance maltraitée dans ce cas c'est beaucoup moins drôle...
Quelle est votre méthode de travail ? Vos influences ?
Y. Dégruel : Elle n'est pas facile à déceler, je pense avoir une méthode très impulsive, comme un jet, une vision...et puis j'ai besoin de temps, pour réfléchir, beaucoup de travail et de dessins, et j'ai bien souvent besoin d'une bonne documentation. l'enfant d'éléphant était un projet qui traînait depuis longtemps dans mes cartons... Un jour, un petit dessin est tombé de l’un d'eux et il m'a remis sur le chemin... 15 ans après ce croquis, personne n’avait encore adapté cette histoire, aussi ai-je foncé, et l'éditeur m'a dit oui...
Mes influences sont multiples. Concernant la bédé, c'est Pratt, Loisel et Franquin qui, lui, est le pilier de mon temple intérieur... Il y a plein d’autres auteurs que j’aime mais j’ignore les noms: je vis un peu comme un moine dans mon p'tit village de la Drôme...
Avez-vous modifié le texte ?
Y. Dégruel : Oui, j'ai rajouté un mot, deux syllabes PAPA... un des deux mots les plus importants du monde pour un enfant...