Aujourd'hui, le paysage de la presse BD a bien évolué, les titres fleurissent et la seule diffusion en librairie n'est plus viable. Loin de baisser les bras, l'équipe du DBD s'est au contraire retroussé les manches en créant un nouveau support de presse consacré à la bande dessinée, le mensuel Bulldozer sorti dès le 1er septembre !
"Rétrospectivement, on aurait dû passer en kiosque dès la nouvelle formule du DBD" explique Frédéric Bosser, rédacteur en chef du magazine dont le tirage passe aujourd'hui à 35 000 exemplaires.
Car si Bulldozer peut parfois rappeler les derniers numéros du DBD, ce mensuel au prix nettement plus abordable (6,50 euros) allie anciennes et nouvelles rubriques comme il diversifie les styles.
Les lecteurs habituels retrouveront un dossier de 30 pages consacré à un auteur et assez bien documenté en archives (Tardi pour le mois de septembre, Léo en octobre), la rubrique Rencontre traitant d'un album important (Bouncer du duo Boucq / Jodorowsky) ainsi qu'un tableau des étoiles regroupant les notes d'albums données par 15 journalistes extérieurs à la rédaction du magazine. "La critique est un métier extrêmement compliqué, contrairement à ce qu'on peut dire, il faut un véritable background. On fait appel à des gens qui font des chroniques BD dans leur support (Figaro, Libération ...) qui vont voter de façon extrêmement libre, et les 5 premiers albums sont commentés en interne".
La ligne rédactionnelle présentée par F. Bosser est claire : présenter l'actualité sous la forme d'une belle photogravure, d'une maquette moderne et de belles photos d'auteurs. Une des innovations du magazine étant de consacrer un mini dossier de 15 pages à un second auteur (Crisse sur septembre, Morvan en octobre), ou la rubrique Passerelle dans laquelle un auteur de BD regarde et commente le travail d'un artiste dans un autre domaine, que cela soit peinture, cinéma etc.
Car le fondateur de Bulldozer aime mélanger les genres et les publics, "dans la présentation des journaux, on reste vraiment "BD que lisent des fans de BD". J'essaie d'ouvrir à une clientèle un peu plus "élevée" qui voudrait avoir un journal qui leur ressemble un peu, comme Télérama va toucher un public qui n'est pas le même que Télé 7 jours. C'est dans la même ligne que Bulldozer interviewe des personnalités extérieures au monde de la bande dessinée (Tchernia, Berléan...) afin de "montrer qu'il y a des gens qui lisent de la BD, qui sont connus, et qu'ils ne sont pas débiles mentaux".
Pour autant, l'objectif prioritaire de Bulldozer est bien de parler du 9e art, car comme le souligne Frédéric Bosser "derrière une oeuvre, il y a des bonshommes passionnants".