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Rencontre avec Florence Dupré Latour

Propos recueillis par Laurent Cirade Interview 30/10/2009 à 12:08 4898 visiteurs
Depuis ses débuts d’illustratrice pour le dessin animé Petit vampire jusqu’à son adaptation, très personnelle, du conte de Pierre Gripari, La sorcière du placard aux balais (sorti en septembre 2009 aux éditions Gallimard), Florence Dupré Latour revient sur sa courte mais déjà riche carrière d’auteure de bande dessinée.

Votre participation au dessin animé Petit Vampire est aussi votre première expérience post-étudiante. Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
Au départ, j’aimais déjà bien le travail de Joann Sfar. J’ai eu l’idée, en découvrant internet, de lui envoyer une carte de vœu. Très enthousiaste quand il a vu mes personnages sur la carte, il m’a proposé d’emblée de travailler sur le dessin animé. On s’est donc connus comme ça. J’ai bossé 9 mois sur ce projet dans une ambiance épouvantable, propre au domaine de l'animation, très hiérarchisé. J'ai réalisé de la création de personnages, de décors ainsi que de la couleur. C’était un véritable boulot d’illustration.

Vous avez ensuite inauguré le catalogue de Michel Lagarde avec une œuvre totalement autobiographique, Forever ma sœur…
L’album n’était pas totalement autobiographique même s’il était, c’est vrai, un peu inspiré de ma propre vie.

Une façon, peut-être de couper avec Petit Vampire, de repartir sur autre chose ?
Je ne sais pas. J’avais tout simplement envie de raconter des histoires un peu bêbêtes avec ma sœur. (rires)

Puis, vous faites un grand pas en passant d’une petite structure éditoriale à Gallimard. Deux maisons qui, toutefois, ne sont pas des spécialistes de la bande dessinée…
Il faut dire qu’à l’époque je ne connaissais absolument rien en bande dessinée : ni les éditeurs, ni les festivals. J’avais juste envie de faire de la BD, c’est tout. Quand Michel Lagarde ou Joann Sfar m’ont proposé d’en faire, j’ai tout simplement répondu oui car j’appréciais ces deux personnes.

Commence alors la série Capucin qui raconte un parcours initiatique durant lequel le personnage n'est pas ménagé et la réaction du lecteur maintes fois provoquée…
Et qui est, elle, une œuvre complètement autobiographique. On arrive toujours plus à se dévoiler quand on se cache derrière un personnage. L’autobiographie n’est pas une simple succession de faits, elle doit mettre à jour sa propre personnalité. Quant à la provocation, omniprésente, c’est par goût personnel. (rires)

Aviez-vous prévu, dès le départ, de décliner cette série en 3 tomes, de cette manière-là ?
Pas vraiment. J’ai une écriture très automatique, absolument pas construite. J’ai finalement appris à dessiner sur Capucin. Au départ, le dessin est très changeant, pas très ferme, pas sûr de lui. Le trait est parfois agréable, parfois beaucoup plus désagréable sans trop savoir sur quel pied danser. Mais ça reste très énergique.

Que retenez-vous de l’expérience Capucin ?
Un épuisement total. L’implication personnelle mise dans la série m’a vidée.

Comment êtes-vous arrivée sur le projet d’adaptation de La sorcière du placard aux balais ?
C’est Thierry Laroche, qui me suivait déjà sur Capucin, qui m’a indiqué que les éditions Gallimard avaient les droits de Pierre Gripari. Comme je connaissais l’œuvre de Gripari pour l'avoir lu une trentaine de fois dans ma jeunesse, j’ai accepté immédiatement l’adaptation de La sorcière du placard aux balais qui est une histoire assez longue et se prête donc bien au passage en bande dessinée.

Vous êtes en train de devenir une spécialiste du conte !
Je n’y avais pas pensé mais ce n’est pas faux. Mais je vous promets que c’est le dernier conte que je massacre. (rires)

Quelle est la particularité d’adapter un conte par rapport à une création personnelle ?
Le cas de La sorcière du placard aux balais est un peu spécial puisqu’il y a des ayant-droits. D’autre part, une grande partie de ma génération a lu Pierre Gripari. Je ne pouvais donc pas faire n’importe quoi. Il fallait respecter l’ambiance mais aussi l’énergie de cette écriture.

Souvent, les œuvres adaptées sont des condensés de l’original. Vous, au contraire, avez ajouté quelques scènes dont celle aux toilettes avec Les Pieds Nickelés
J’ai toujours aimé pasticher les auteurs en littérature. C’est un exercice que j’adore. C’est une sorte d’imitation, de singerie d’un style, et ça m’amuse beaucoup.
Vous savez, il se passe toujours plein de choses aux toilettes : il y a des choses qui sortent mais aussi des choses qui viennent.

Un épilogue aussi a été ajouté…
J’ai voulu montrer qui était vraiment Monsieur Pierre qui avait fait le choix de vivre dans un total dénuement pour être libre. Ce n’était pas dans le but de rajouter une morale supplémentaire à l’histoire.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je co-scénarise une bande dessinée avec ma sœur jumelle. J’ai fini le premier album qu’on devrait sortir un peu plus tard pour nous permettre de publier deux tomes à la suite. C’est du cartoon. C’est l’histoire d’un ours sur la banquise, mais pas du tout dans le style « écologie chiante où il faut sauver les ours blancs ». Il y a plein de petits animaux autour, avec des phoques, qui glissent sur la banquise, se cassent la figure… C’est quelque chose entre Bip-Bip et le Coyote et Tom et Jerry. C’est de l’humour d’action très bête. Ça sortira aussi chez Gallimard en hors collection.
Propos recueillis par Laurent Cirade

Information sur l'album

La sorcière du placard aux balais

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