Pourquoi avoir changé le titre ?
P. Grella: L’éditeur pensait que l’ancien titre était plus confus et que celui de « Le Manuscrit interdit » colle mieux à l’histoire.
Graphiquement, nous nous sommes inspirés des sceaux/tampons Tibétains et Chinois, ce qui fait un lien plus cohérant avec l’histoire.
Dans un premier temps, j’ai eu du mal avec le nouveau titre ... mais maintenant j'ai pris l'habitude... et je le trouve efficace.
Que pouvez-vous nous dire des nouvelles couv ?
Le choix de la couverture est toujours la chose plus compliquée… j’ai fait beaucoup d'ébauches avant d'arriver au résultat définitif…
Lorsque Delcourt a décidé de réimprimer le premier album, nous, avec Marina Smirnoff, avions pensé à un nouveau concept graphique. J'ai donc eu l’opportunité de repenser cette couverture, différente de celle de R . Laffont. Je voulais insérer un élément d'union entre les couvertures. : la photo comme élément récurrent.
Le travail sur ce 2ème tome a t-il été le même ? Quelle est votre technique ?
Sur ce deuxième tome, j’ai d’avantage travaillé par rapport au premier, car j'ai travaillé tout seul, même au story-boards, (les story-boards du premier livre sont de Roberto Ricci), et aussi parce que le travail de recherche a été plus important. Pas seulement sur Los Angeles et le Tibet, mais également sur Srinagar et le Rozabal… pour lesquels j'avais besoin d'une documentation précise, pour être le plus fidèle possible aux lieux réels. Techniquement, le travail était le même, je travaille à l'aquarelle et à la gouache, principalement. Cependant, ce deuxième tome m'a donné l'occasion d'exploiter tout le potentiel de ces matériaux, qui sont parfaits pour les atmosphères suggestives.
Y’a t-il un public en Italie pour la Bd ?
La bande dessinée en Italie a une histoire très importante, et bien enracinée dans le temps. Nous connaissons, tous, des auteurs comme Sergio Toppi, Hugo Pratt, Serpieri, Manara…
La bande dessinée est donc un genre très apprécié en Italie, même si en France la bande dessinée a une production majeure et surtout plus variée.
Ceci rend le public plus exigeant, et même les auteurs et les éditeurs plus attentifs.
Ces dernières années, l'intérêt des lecteurs italiens pour la bande dessinée française a augmenté, et ils se rapprochent toujours plus de ce marché.
N’avez-vous pas envie de vous lancer en solo sur un album ?
Je pense ne pas avoir encore l'expérience pour me pouvoir consacrer et à l'histoire et aux dessins. Je voudrais évidemment, à l avenir, dessiner mes histoires, même si collaborer avec les scénaristes est toujours très stimulant !
Comment faites-vous pour transcrire le suspens aussi facilement ?
Roberto Dal Pra’ écrit depuis plus de vingt ans, et appréhende clairement les mécanismes narratifs. La collaboration entre dessinateur et scénariste est fondamentale pour une bonne narration et communication émotionnelle. Avec Dal Pra', nous parlons beaucoup et nous réalisons souvent ensemble beaucoup de séquences. Par exemple la séquence de Bauer marchant sur une place indéfinie avec les plumes noires tombant du ciel, est un excellent exemple de cette collaboration.
Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ? Pourquoi ?
Il y en a beaucoup....
La première Bd française que j'ai lue est "La Caste des Méta-Barons", qui m'a fait tomber amoureux des albums en couleur directe.
J'adore Blacksad...c’est simple, précis, direct, le dessin est superbe, c’est ironique, et la mise en scène est spectaculaire ! Donc, oui, Blacksad.
Mais également Batman Arkham Asylum (Grant Morrison/Dave McKean), ce sont des bd superbes ! J'aime l'atmosphère de ces albums, la technique picturale, la narration aussi angoissante que fascinante ainsi que l’ étude minutieuse de la psychologie des personnages.
site de l'auteur: http://paologrella.blogspot.com/