Centré sur le même personnage central, Mélusine, Aspic Voisine est-il un prolongement de Tout doit disparaître ou quelque chose de totalement différent ?
Pour ma part, c’est totalement différent. J’ai repris le même personnage que celui de Tout doit disparaître, une Mélusine un peu plus âgée, pour lui faire vivre des aventures beaucoup plus trash, beaucoup moins sociales. C’est moins ancré dans le réel que Tout doit disparaître, dans lequel il était question de petits bourgs qui se meurent, même si Mélusine retourne dans un de ceux-là, à Meudon dans le 92, pour l’une des petites histoires d’Aspic Voisine. Le choix de situer une partie de l'histoire dans une maison abandonnée, que l’on retrouve également dans les deux albums, est plus une question pratique, un lieu un peu hors de tout dans lequel tout peut arriver. Ici, il est plus question d’aventures indépendantes avec des gens complètement givrés. Je me suis vraiment lâché. C’est plus du défoulement sous forme d’humour noir, alors que le précédent album était avant tout un bouquin d’ambiances. Même si le personnage de Mélusine reste le même, le propos est différent.
S'il ne s'agit pas d'une suite, racontez-nous la genèse d'Aspic Voisine
La deuxième histoire d’Aspic Voisine, la plus longue, qui parle de jeunes décérébrés cannibales, m’est venue après la lecture d’un livre de Martin Monestier (Cannibales, histoire et bizarreries de l'anthropophagie, hier et aujourd'hui, Le cherche Midi). Ce même auteur m’a également inspiré une autre histoire, Hautes œuvres, suite à la lecture de Peines de mort (Le cherche Midi), dans lequel j’avais découvert un long chapitre consacré au supplice de Damien. Le décalage entre la faute commise et la sanction m’avait marqué, mais aussi le contraste entre la fin du siècle des lumières et ce genre de barbarie. Le tout sous l’œil d’une société décadente, de personnalités donnant un côté un peu people, des coucheries entre le bourreau et celle qui deviendra la comtesse du Barry, les mœurs du Roi, le marquis de Sade, Casanova…
Comment s’est réalisé le choix de l’éditeur, La boîte à bulles ?
Je pense que je n’aurais même pas osé le proposer à Futuropolis qui a publié Tout doit disparaître. Vincent Henry, de La Boîte à Bulles, n’a aucun tabou. Il peut tout voir. Je n’ai pas eu peur de le lui montrer et je souhaitais aussi que ce travail reste discret, histoire que toute la famille ne tombe pas dessus. C’est un bouquin un peu indéfendable.
Le personnage de Mélusine est-il destiné à vivre de nouvelles aventures ?
Non. Cette compilation d’histoires avec Mélusine est un pur hasard. J'en avais écrite une il y a quelques temps avec le personnage, Bob, ce qui n’avait rien donné. Là, j’ai eu l’idée de les réécrire avec le personnage de Mélusine et de les envoyer à Vincent Henry. Ce qui l’intéressait avant tout, c’était les rapports entre Mélusine et sa voisine. Au départ, il n’y avait que deux histoires, puis les trois autres sont venues s’y greffer.
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