Nous avons rencontré Yoann qui a bien voulu lever un (tout petit) voile du mystère.
BDGest' : quelles sont les nouvelles de ce Spirou ?
Yoann : l'album est terminé... je suis en train de superviser les couleurs avec Delph, l'album sort en février. Il devrait être en avant-première à Angoulême.
BDGest' : Comment l'avez-vous abordé, ton scénariste et toi ?
Yoann : On a beaucoup discuté, Fabien Vehlmann et moi, sur ce que nous voulions faire. Spirou est un personnage qu'on peut attaquer sur différents angles : de façon "classique" avec un Spirou groom ;"contemporain", un peu plus moderne ; on peut faire des disgressions avec le voyage dans le temps... Spirou est vraiment un archétype de l'aventurier avec son copain Fantasio.
Avec Fabien, nous avions été contactés il y a deux ans pour reprendre la série principale - ce qui ne s'est pas fait pour des raisons internes à l'éditeur - et on avait décidé de faire un Spirou "moderne", ce qui nous avait été demandé à la base par l'éditeur : dépoussiérer un peu la série, avec un graphisme un peu plus branché, un peu plus anglo-saxon.
J'ai bossé à mes débuts dans "Dead-line" avec des auteurs anglais, ça a fait partie de mes influences aussi. On avait travaillé sur un Spirou qui aurait été un peu plus proche de Gorillaz par exemple.
Sur ce one-shot, on est revenu sur cette idée, tout en faisant un Spirou plus classique que nos essais de l'époque. C'est un dessin au pinceau, avec des personnages relookés mais qui restent "Spirou et Fantasio". D'ailleurs on a voulu revenir aux différences originelles qui séparaient Spirou et Fantasio : les différences de taille, de caractère, on a creusé le caractère de Spirou qui, pour nous, est une sorte de James West, le mec droit mais si on le cherche on le trouve facilement. Et Fantasio a son caractère extravagant qui le fout dans des situations impossibles.
On a été très inspirés par l'esprit des débuts, l'époque Jijé, avec le dynamisme (on l'espère) de l'époque Franquin. Et tout ce qu'a apporté la bande dessinée moderne depuis Franquin.
C'est un savant mélange un peu naturel, on est à la fois dans le respect et dans l'hommage, mais on a aussi voulu s'évader de certaines contraintes et de faire quelque chose de plus contemporain.
BDGest' : Le fait de faire un one-shot donne-t'il plus de liberté ?
Yoann : Oui, ça donne plus de liberté car il n'y en aura qu'un seul et qu'il n'intervient pas dans la série. En plus c'est un Spirou "d'auteurs", c'est à dire que chacun peut donner sa vision : Tarrin et Yann vont faire un Spirou plus "classique groom", Trondheim avait fait son accélérateur atomique... On est totalement libre de faire ce qu'on veut dans la mesure où ça reste un Spirou et Fantasio et où l'esprit est là.
BDGest' : On te voit beaucoup travailler sur le "simple" dessin (Spirou, Bob Marone, La voleuse du Père Fauteuil), vas-tu revenir à la couleur directe ?
Yoann : Oui, il y a un nouvel album sur lequel je commence à travailler avec Lewis Trondheim. Cela va s'appeler Fennec et ce sera dans la nouvelle collection "Shampooing" de Lewis, chez Delcourt. Il sera à l'aquarelle, ce qui est une nouvelle approche pour moi puisque jusqu'à présent je travaillais à l'acrylique. J'ai déjà fait quelques pages, je ne sais pas ce que ça va donner mais ça plait déjà à Lewis et à Guy Delcourt, donc...
Copyright Dupuis
Les premières planches du HS Spirou et Fantasio "Les géants pétrifiés"