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Ce dixième album signe la fin des Carnets d’Orient…Vous tournez la page ?
Jacques Ferrandez : En tout cas en je tourne cette page là, puisque cet album se termine au moment de l'indépendance. Au moment précis de la fin de la présence française en Algérie. Ce deuxième cycle de cinq albums succède aux cinq albums sur la période coloniale. Aussi pour moi c'est un chapitre qui se clôt. Je ne le fais pas de plan pour la suite, mais je laisse une fin ouverte. J'avais tellement dit à la fin du premier cycle que je m'arrêterai là que maintenant je préfère ne rien dire.
Avez-vous des tics de dessinateur ou de scénariste ?
Oui certainement, mais je suis le plus mal placé pour m'en rendre compte. Ce sont les tics qui font que mon dessin est reconnaissable. Tous les auteurs ont des tics et c’est certainement cela que l'on appelle le style.
Savez-vous comment sont perçus vos albums en Algérie ?
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Cette période coloniale est souvent mise de côté. Les Algériens en ont une vision pour des raisons qu’on peut comprendre, assez négative. Cependant, l’accueil est bon car finalement cette histoire est peu racontée en Algérie. Certaines personnes m'ont même dit qu'elles avaient pris connaissance d'un pan de leur histoire grâce à mes albums.
Ce bon accueil est confirmé par le fait que vous êtes invité au prochain salon de la BD d’Alger ?
En effet. Puisque je n'avais pas pu me rendre à la dernière édition de ce salon auquel j’étais invité en 2008, je leur avais demandé de me réserver une place pour le prochain. Ils m'ont pris au mot, je suis donc invité. Ce qui montre que mes albums ont un certain écho et qu’ils intéressent les Algériens.
Vous imaginez-vous à 20 ans en 1960 en Algérie ?
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Vous ne prenez pas parti. C’est un choix délibéré ?
J’essaie de faire circuler ma caméra entre les différents protagonistes. Comme un narrateur omniscient. Je ne condamne personne dans cette histoire là, sauf bien sûr les actes de barbarie et ceux qui se sont délectés de la violence. L’Histoire est faite de tous ces destins individuels, ces braves types confrontés à des situations impossibles où se révèlent les caractères. Chacun possède une part d’ombre qui peut se révéler selon les situations, comme par exemple dans L’ennemi intime, ce documentaire de Patrick Rotman qui a donné le scénario du film de fiction du même nom. On y voit que cette part de soi-même peut surgir dans des circonstances extrêmes et donner libre cours au pire comme au meilleur. C’est cette part d’ombre qui m’intéresse dans mes personnages.
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Pensez-vous retravailler en duo ?
Oui pourquoi pas, j’ai toujours aimé varier les plaisirs. Cette histoire là m’a pris 25 ans, avec certes une coupure entre les deux cycles. J’aime l’univers du polar, par exemple, mais je suis totalement incapable d’en scénariser seul, d’où ma collaboration avec Tonino Benacquista (L’outremangeur), avec qui il n’est pas improbable que je retravaille. Rien de précis mais des options.
J’ai également un projet avec mon camarade Fellag : il s’agira d’illustrer le texte de son prochain spectacle qui est en cours d’écriture. Cela se passe vers 1930, à la Casbah d’Alger, donc, vous voyez, je ne sors pas beaucoup de mon sujet.
Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ?
Mission impossible... ! Sinon ce qui me vient à l’esprit pour quelqu’un qui n’en a jamais lu, c’est Tintin. C’est par là que j’ai découvert la BD. Je dis souvent que le premier album que j’ai possédé c’est Le crabe aux pinces d’or. La couverture montre des chameaux dans le désert. Allez savoir si cela m’a influencé ! La narration d’Hergé est universelle et son dessin laisse tellement de place à l’imaginaire, pour moi, cela reste quelque chose d’indépassable.
Interview et photo (G.Lavacherie) réalisés dans la librairie "La Fontaine aux Livres" (Palaiseau) à l'occasion des échanges culturels tournés vers l’Europe:"Sarajevo une semaine de rencontres et de cinéma à Palaiseau" sous l'égide de la CAPS (http://www.scientipole.fr/sarajevo-palaiseau.html)