BDGest' a profité de la présence de Benjamin Von Eckarstberg et Thomas Von Kummant à St Malo pour faire un premier bilan...
BDGest' : Quel est votre objectif en termes de nombre d'albums ?
Benjamin Von Eckarstberg : Nous ne savons pas encore. Les chroniques des Immortels est adapté d'un roman, c'est la première partie du premier livre, et il y a huit tomes. Mais nous avons parlé à Wolfgang Hohlbein et il veut réécrire la fin spécialement pour la bande dessinée, parce qu'il y a plusieurs tomes que nous estimons inutiles. Il compte terminer l'adaptation à la fin du quatrième ou du cinquième album, ce qui fera probablement quatre tomes de plus pour la bande dessinée.
BDG : Comment êtes-vous arrivés à ce projet, à cette adaptation ?
BVE : Nous avions déjà fait un album ensemble, et nous connaissions tous deux notre éditeur, qui publie aussi bien des bandes dessinées que des romans. Tommy lui a proposé un projet avec un scénariste et un dessinateur, parce que tous les artistes ne sont pas de bons raconteurs d'histoires. Puisque l'éditeur avait déjà la matière, pourquoi ne pas l'utiliser ? L'éditeur a proposé Les Chroniques des Immortels de Wolfgang Hohlbein qui est un best-seller en Allemagne. Il faut savoir que le marché de la BD allemande est très peu développé, et l'adaptation d'un roman nous permettait de toucher de nouveaux lecteurs, des personnes qui ne lisent pas de bande dessinée. Le but n'était pas uniquement commercial, mais c'était un gros atout.
BDG : Ce premier album pose les décors et les personnages, il est relativement lent. Les prochains seront-ils sur le même schéma?
BVE : Le second tome est déjà écrit, il y a d'ores et déjà deux grandes scènes d'action, parce que Tommy est un dessinateur qui aime beaucoup les cinématiques. Nous n'aimons pas faire des cases avec quatre, cinq bulles pour caser plus de texte. Ca fait comme un tas sur la page. Le reste de l'album est plus centré sur la psychologie des personnages, leur évolution. Je pense que nous allons garder ce rythme, pour le second album. Les prochains seront probablement moins calmes, car plus on va vers la fin et plus on a besoin d'action, de dénouements, de "théâtralité"...
BDG : Quelles sont vos références, vos sources d'inspiration ?
Thomas Von Kummant : En bande dessinée, beaucoup de dessinateurs français comme Loisel, Claire Wendling, Benoît Springer, Baru... Mais aussi Mike Mignola par exemple. Mais ce ne sont pas mes seules sources. J'aime le cinéma, lorsque nous travaillons nous écoutons presque toujours des bandes originales de films... Mais pour mes arrière-plans qui sont peints, j'ai été influencé par des peintres très classiques.
BVE : En ce moment, sur le plan du déroulement de l'histoire, j'aime énormément L'étoile du désert de Marini et Desberg. Je trouve l'histoire très bien racontée. Pour moi, c'est une espèce d'exemple. Dans le roman de Wolfgang Hohlbein, le narrateur est omniscient, mais dans l'album on se retrouve dans la tête du personnage principal. Nous avons trouvé que ça permettait au lecteur de mieux comprendre l'histoire, les implications sur la psychologie du personnage.
BDG : Graphiquement, vous avez une technique assez inédite en bande dessinée : les décors sont peints, et les personnages sont mis en avant par le fait qu'ils sont dessinés, comme si on avait posé un calque. Pourquoi ce choix ?
TVK : Au départ, je voulais tout peindre, mais ce n'était pas assez lisible. Alors, en regardant ce qui se faisait autour de moi, j'ai essayé de trouver mon propre style, et il est vrai que j'adore le dessin d'animation, les films comme Princesse Mononoké... Je crois que cette méthode de travail a été appréciée des lecteurs, alors pourquoi pas ? J'ai voulu faire quelque chose qui n'avait jamais été fait.
BVE : Oui, Tommy avait fait les cinq premières pages en couleurs directes, et puis il a tout jeté, et tout recommencé. En fait c'était très compliqué, parce qu'il voulait de toutes manières peindre les personnages par dessus les décors, mais s'il y avait la moindre erreur c'était la planche entière qu'il fallait refaire ... Alors il a décidé de travailler avec un ordinateur, parce que c'était plus facile pour manier les décors et les personnages. Mais nous préparons un Art-Book, en ce moment, et les lecteurs pourront voir toutes les pages, leur création...
TVK : Oui, l'art book sort en janvier 2006, il fera 160 pages, des études des lieux, des personnages, les peintures...
BDG : Pourquoi faire paraître cet art book entre les deux tomes ? Etait-il prévu dès le début, ou est-ce en réponse à l'accueil du public ?
BVE : Nous avons toujours voulu le faire, parce que nous adorons ce type de livres, mais évidemment on ne peut faire ce genre de choses que si l'album est bien reçu. Tommy a fait un travail si énorme que ça aurait été une honte de ne pas le montrer. Ce ne sont pas quelques informations, il y a réellement beaucoup d'illustrations... C'est un vrai plaisir de faire ce genre de travail.
BDG : L'accueil du public francophone est très bon, en est-il de même dans les autres pays européens ?
Emmanuel (attaché de presse Paquet) : Le livre se vend bien en Allemagne, ils ont même reçu un prix à la Foire du Livre de Francfort cette année, le prix de la meilleure bande dessinée allemande de l'année.
TVK : ah, le Sondermann ! Ca nous a fait très plaisir, parce qu'il n'est pas remis par un jury mais par le public, qui doit choisir entre les trois albums qui ont eu le plus de succès dans l'année. En face de nous il y avait Ralf König, alors nous n'espérions pas du tout avoir le prix ...Nous avons eu de la chance !
BVE : J'ai lu sur le forum quelqu'un qui disait que nous avions mis trois ans à faire le premier tome, et que donc le second serait aussi long à paraître. Je voulais juste dire que c'est faux. Tommy a travaillé deux ans sur l'album, mais ce n'était pas un travail quotidien, il avait des petits boulots alimentaires à côté. Il a commencé à travailler sur le second tome le mois dernier, et il sortira dans un an et demi parce qu'il doit continuer à faire d'autres métiers pour gagner de l'argent. Tommy ne travaille pas si lentement que ça, mais il n'a pas tout son temps à lui.
Les premières planches de Chroniques des Immortels t.1