Janry était très content que je sois là et il a demandé que ça soit moi qui lui pose les questions. Moi j’étais hyper fière et maman un peu inquiète, je vois vraiment pas pourquoi. On a mis en route l’appareil de maman pour enregistrer les conversations. Celui que je n’ai plus le droit de toucher depuis le jour où j’avais enregistré une chanson et ça a été toute une histoire parce que c’était à la place d’un monsieur qui parlait de lui et que maman a été drôlement étonnée quand elle m’a entendue chanter, plutôt fort, dans son casque. Etonnée puis fâchée.
Quand j’ai demandé à Janry si un jour il aurait un petit Fantasio, maman ma demandé de me redresser parce que j’avais le nez sur l’appareil et que je parlais très fort. Janry a dit que Fantasio était l’ami de l’adolescence et que pour l’instant le meilleur ami de Spirou c’était Vertignasse. Qu’il n’y avait pas de raison que cela change. Et quand j’ai demandé alors pourquoi ça a changé, Janry m’a répondu qu’on pouvait peut être penser que Vertignasse avait piqué Suzette a Spirou et lui avait ainsi brisé le cœur. Pôv’ Spirou…
Ma deuxième question c’était de savoir s’il pensait faire un dessin animé.
Les auteurs ne veulent pas qu’un dessin animé trahisse leurs personnages. Ils trouvent que qu’il vaut mieux prendre son temps pour trouver les concepteurs qui respecteront « l’esprit » du petit Spirou et de ses copains. Que faire un dessin animé à tout prix n’est pas une bonne idée. Ils préfèrent donc attendre. Moi je suis sûre que lorsqu’ils vont trouver, ça va être extra !
Ensuite j’ai demandé s’il y avait certains thèmes qu’il n’avait jamais abordés. Là, Janry, est devenu tout grave. Il m’a raconté qu’il existait des thèmes plus sérieux qui nécessitaient de la délicatesse et du recul. Puis il m’a parlé de sa maman qui avait eu une maladie très douloureuse pour elle mais aussi pour ses proches : la maladie d’Alzheimer. Que donc oui des thèmes comme celui-ci, il ne souhaitait pas les aborder.
En revanche quand je lui ai demandé s’il avait eu du mal à imposer certains de ses personnages, il a mit lui aussi le nez sur l’appareil et il a dit tout fort :
NON ! J’ai regardé maman et j’ai dit ha tu vois, lui aussi… ! Puis il s’est reculé et m’a dit que peut être au début de sa carrière, il avait fallu qu’il insiste, que c’était une autre époque et que les éditeurs étaient plus frileux (z’avaient qu’à mettre un pull j’ai pensé) mais qu’à présent, puisque les lecteurs aimaient, ils ne refusaient plus rien du tout. Moi je dis tant mieux.
Je me demandais si ses idées lui viennent en regardant les enfants ou en souvenir de son enfance à lui.
Il m’a dit que lorsqu’il était petit, ça rigolait pas trop enfin moins que maintenant. Que les enfants d’aujourd’hui étaient plus libres. Alors le petit Spirou est un mélange de ce qu’il voit maintenant et de qu’il a été, mais c’est surtout tout ce qu’il aurait aimé être et faire. Moi aussi mais maman, elle veut pas…
Enfin on est arrivé à la dernière question, celle que maman pose à tous les auteurs qu’elle rencontre. Et y’en a, bref s’il devait faire découvrir la bd à un ami, laquelle il lui offrirait.
C’est une question qui n’est pas simple parce qu’il pense qu’il offrirait quelque chose qu’il aime lui et pas forcément une bd une qui permette de découvrir la bd. Mais il pencherait pour Peyo avec un album des schtroumpfs. Je suis d’accord avec lui, les schtroumpfs c’est extra. Lui il dit que Peyo était un raconteur extraordinaire et que l’on a toujours envie de tourner la page pour connaître la suite de l’histoire et qu’en plus c’est drôle ! Je suis très contente de ses réponses, c’est vraiment quelqu’un de super gentil. On se dit au revoir avec une seule bise, comme en Belgique. Dans la voiture, au retour, maman me dit qu’elle est très fière de moi.
Moi aussi, je suis fière d’elle, elle a été très sage pendant que j’ai travaillé ! »