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Moksha: de l'ombre à la lumière par R. Ricci

Alexandra.S.Choux News 22/10/2008 à 21:02 2961 visiteurs
Que peuvent avoir en commun les deux fils immortels du dieu Bhishma, un peintre new-yorkais de 1925 et un contrebandier? Découvrez-le, en immersion totale, grace au dernier opus de R.Ricci: Moksha.

La première chose à laquelle j’ai pensé en lisant votre album c’est aux photos de Weegee, cette construction était voulue ?

Roberto Ricci: Je dois reconnaître que pour la réalisation de Moksha il y a eu un grand travail de recherche. J'ai dû beaucoup me documenter pour parvenir à donner un réalisme approprié tant aux personnages qu'aux ambiances, ce qui m'a conduit à utiliser des photographies d'ouvrages de l'époque, comme effectivement Weegee, mais aussi Abbot, Evans, Mendelsohn et d'autres encore. Pour moi, ce ne fut pas facile de m'adapter à cette nouvelle réalité, car mon passé professionnel se caractérise essentiellement par un style de dessin comique.
De plus, une de mes principales intentions pour ce nouveau projet était rechercher une mise en page des images qui soit la plus cinématographique possible et donc, visionner des des films d'époque ou ceux décrivant les années 20 de façon détaillée me fut aussi d'un grand secours.




Comment passe t’on de la SF au contemporain historique ?

J'admets que, dans la réalisation, j'aime me remettre en question, essayer de dépasser mes limites en affrontant toujours de nouveaux défis. Et donc ce fut un vrai défi pour moi que de passer d'une histoire de SF à une histoire quasi contemporaine. Les années 20, surtout en Amérique, m'ont toujours fasciné, et de fait, c'est lors de l'élaboration d'"Hélios" qu'a commencé à prendre forme l'histoire que je pressentais vouloir raconter ; et c'est ainsi, avec l'aide de Marco, mon ami et confrère, qu'est née Moksha. Quant à l'exécution proprement dite, elle fut en revanche "beauauaucoup" plus douloureuse ! Pour créer l'univers d'Hélios, je n'avais eu qu'à puiser dans mon imagination car il s'agissait d'un monde fantastique, fait d'armures, d'épées et de monstres, qui ne demandait pas une étude de la réalité. Au contraire, l'univers de Moksha n'est pas imaginaire, du moins en grande partie, et je me suis donc trouvé dans la situation de recréer des choses pour lesquelles je n'étais absolument pas préparé, par exemple les vêtements et accessoires féminins, et même les vêtements masculins, les appareils téléphoniques de l'époque ou les machines, et ainsi de suite ! Tous ces é
léments du quotidien, du réel, des choses qui nous paraissent évidentes,
que le lecteur reconnaît comme des éléments familiers et que je ne pouvais pas inventer, qui exigeaient une documentation sérieuse. Par exemple, pour comprendre comment dessiner les vêtements masculins, j'ai demandé la collaboration de mes amis... en les habillant de complets élégants et en prenant de nombreuses photographies dans les positions les plus variées. J'ai aussi fait un énorme usage d'Internet, cherchant des photos de tout ce qui pouvait me servir, des lampes aux véhicules, des coiffures aux objets de décoration. Et après çà, j'ai dessiné, dessiné et... dessiné !

Comment travaillez-vous avec le scénariste ?

Comme je l'ai déjà dit, ma relation de travail avec Marco n'a pas été très typique de celle entre scénariste et dessinateur. Tout d'abord, Moksha est née avant tout d'une idée personnelle qui a ensuite évolué avec Marco. Dans l'ordre, une fois définis ensemble les points essentiels du récit et construite l'architecture de toute l'histoire, il a pris en main le scénario et il a réfléchi à la totalité des dialogues.
Après çà, j'ai travaillé sur les storyboards que bien évidemment j'ai ensuite revus avec Marco, et il est parfois arrivé que nos consultations nous amènent à la conclusion qu'il fallait apporter quelques modifications çà et là.



Comment travaillez-vous vos dessins ?

L'ensemble du processus de création commence avec les stotyboards qui, selon moi, constituent la partie du travail la plus complexe. Il m'arrive souvent d'élaborer des mises en page différentes pour une même case ou encore de dilater ou de contracter le temps de narration en ajoutant ou en enlevant des cases dans une séquence donnée. Souvent, j'ajoute directement des indications d'atmosphère sur les storyboards en utilisant le clair-obscur crayonné pour me donner une idée plus complète de l'image. Après le storyboard vient la feuille de dessin au crayon où le travail est généralement un peu plus simple. Une fois terminé, là encore j'ajoute parfois des hachures crayonnées pour m'aider à mieux saisir les effets de lumière. Cette phase également terminée, vient le moment de la couleur. Après avoir ... la feuille crayonnée, je la fixe sur un support rigide (une plaque de contreplaqué) et parfois je commence à colorier directement, alors que d'autres fois, quand l'image est particulièrement complexe ou importante, je réalise une petite ébauche pour chaque vignette (et même plusieurs pour la même vignette)
afin de mieux étudier les effets de lumière et l'atmosphère. De fait, pour la mise en couleurs, j'utilise l'aquarelle avec çà et là quelques retouches à la gouache, et en guise de touche finale j'ai recours à une vieille brosse à dents pour faire gicler la peinture sur la page, et selon les cas, il m'arrive de "griffer" l'image avec une lame de rasoir.




A partir de quels documents avez-vous reconstitué le NY des années 20 ?

Comme je l'ai déjà dit, bien que cette BD n'ait pas un caractère historique, sa réalisation a donné lieu à un grand travail de recherche.
Je me suis servi de photographies de l'époque et de films aux ambiances des années 20, mais aussi et surtout d'internet. Par exemple, grâce à mes recherches sur le net, j'ai pu étudier avec précision les magazines du Weird Tales, leur graphisme, leur ligne éditoriale (et même le nom du propriétaire du moment). De plus, une biographie d'Al Capone que j'ai trouvée et lue en temps utile me fut d'un grand secours.


Les jeux de lumières sont très importants dans cet album, est ce pour mettre en valeur les deux récits ?

Les jeux de lumière sont effectivement très importants. Bien évidemment, ce fut aussi un choix délibéré, surtout pour différencier au maximum les deux histoires racontées dans l'album. Pour l'ambiance des années 20, j'ai préféré une atmosphère noire, coupée par des traits de lumière très nets qui accentuent le contraste entre clarté et obscurité (l'encadrement noir autour des vignettes a même été pensé expressément pour souligner encore ceci), alors que pour ce qui concerne les atmosphères qui décrivent les ambiances divines, j'ai préféré des lumières plus douces avec des contrastes très délicats et j'ai souvent choisi de
fondre les silhouettes des personnages dans le décor environnant pour rendre le tout encore plus éthéré ; la technique me fut aussi d'un grand secours, par exemple, pour les divinités, j'ai utilisé la détrempe qui conduit naturellement à ce genre de tonalité.

Quel est élément donne le plus de plaisir lorsque vous dessinez cette nouvelle série ?

Concrètement, ce qui me plait le plus, c'est la totale liberté que j'ai avec la couleur, chose que je n'avais pas pour Hélios car, dans un certain sens, tout était plus schématique. Et je dois admettre que cette nouvelle ouverture a été également favorisée par le format des pages, beaucoup plus grand que celui sur lequel j'avais l'habitude de travailler.

En revanche, du point de vue psychologique, ce qui m'a le plus enthousiasmé fut le défi. En commençant ce projet, j'ai dû presque complètement remettre à zéro tout ce qui avait constitué mon parcours passé, non pas parce que je voulais le renier mais bien plutôt parce que je ressentais le besoin de me renouveler.


A l’inverse, quel élément vous donne le plus de difficultés ?

A la vérité, il y a beaucoup de choses qui me créent des difficultés.
Tout d'abord, la mise en scène, qui prend beaucoup de mon temps, à laquelle je consacre beaucoup d'énergie avec l'espoir que le récit en devienne le plus fluide possible.

De plus, il me fut vraiment très difficile de chercher à conserver des proportions réalistes aux personnages du fait de ma totale inaptitude au dessin réaliste.

Et puis... LES FEMMES ! Dessiner les femmes fut vraiment très laborieux !



Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ?

Très certainement "Big Man" de Mazzucchelli. Elle contient tout ce qu'une BD doit avoir et je rêve de pouvoir un jour être en mesure de raconter une histoire aussi poétique. En quelques traits et avec un texte quasi absent, Mazzucchelli a réussi à donner une âme à cette BD qui, pour moi, est un chef d'oeuvre.

Le récit en images ne demande donc pas toujours un dessin très riche, dont la principale et seule utilité est d'assouvir le narcissisme du dessinateur (mais ceci n'est que mon opinion très personnelle !!!) parfois, on peut aussi être touché par un travail dépouillé de fioritures et de gribouillages, mais riche de sentiments.



Alexandra.S.Choux