C'est du Rocambole mâtiné de Fantomas. Suivre Fortuné d'Hypocondre à la poursuite du mangeur d'histoires, c'est entrer dans l'épique et le fantastique.
Pourquoi une nouvelle comme Genèse à cet album?
Fabrice Lebeault: Parce que je procède toujours ainsi. Lorsque je prépare un projet, je passe par cette première étape écrite. Ensuite je réalise quelques pages au brouillon avec les dialogues et la mise en scène. Puis, à partir de ce brouillon, deux ou trois pages encrées pour donner à l'éditeur une idée de ce que je veux faire.
Pour le mangeur d'histoires, j'ai décidé, je ne sais pas pourquoi à vrai dire, de me cantonner à cette première étape écrite. Peut-être était-ce pour me rapprocher des écrivains populaires auxquels je voulais rendre hommage dans cet album.
Comment avez-vous travaillez le dessin ? Aviez vous en tête, graphiquement, les personnages lorsque vous élaboriez l’histoire ?
Comme d'habitude ! D'abord un crayonné, puis un encrage au pinceau, rehaussé d'ombres réalisées au charbon ou à la mine de plomb.
Je travaille un peu les personnages avant de me "lancer" sur la planche mais pas suffisamment pour en arrêter un physique précis. Il suffit d'ailleurs pour s'en rendre compte de comparer les personnages des aquarelles préliminaires avec ceux des pages de l'album.
Y’a-t-il une fatalité autour des créateurs et de leur créatures ? (on pense au docteur Frankenstein ou à Coppelius)
Oui, la principale fatalité que ces personnages connaissent, c'est d'être d'efficaces moteurs d'inspiration ! Mettez un démiurge, un savant fou dans une histoire et vous pouvez être certain de broder une belle galerie de rebondissements.
Quelles ont été vos influences ? Comment avez-vous travaillé historiquement ?
Mes influences graphiques sont diverses et même si j'apprécie des dessinateurs novateurs et audacieux tels qu'en connait la BD actuellement, je reste indécrottablement classique. Pour me résumer un peu abruptement je dirais qu'Hergé m'a fortement marqué.
Pour le scénario, les influences sont plus précises: Gaston Leroux, Souvestre et Allain, Maurice Leblanc, Gaboriaux et j'en oublie sans doute.
Je n'ai pas fait des recherches historiques à proprement parler mais je me suis documenté sur la grande époque des feuilletons populaires qui a vu éclore les talents de gens comme Eugène Sue, Paul Féval etc... Mais j'ai vite abandonné car la matière est très importante et je craignais que l'excès de références ne tue l'histoire que je voulais raconter.
Y aura-t-il une suite ?
Je ne sais pas. J'ai déjà réfléchi à quelques pistes, aucune ne me satisfait réellement. Mais je serais tenté de dire: à quoi bon ? Il faut laisser le lecteur imaginer la suite.
Par ailleurs, j’avais aussi besoin de souffler après cet album qui a été long à élaborer, j’avais envie de passer à autre chose. Et puis il ne faut pas oublier la loi du marché, il faut que cet album « marche » si l’on veut une suite. Si tout est réuni, pourquoi pas !
Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ?
Si je devais offrir une bd à quelqu'un qui n'en a jamais lu, je n'hésiterais pas : Tintin, Astérix.
Mais si le destinataire de mon cadeau connait déjà les grands classiques, alors le choix est plus compliqué. Pour mettre tout le monde d'accord, je dirais : Maus.