On accorde souvent à votre style une grande part d’hyperréalisme. Nous connaissons Abdelatif Kechiche pour le cinéma ou bien encore la photo avec Jean-François Rauzier. Vous reconnaissez vous dans cette filiation ?
Vanyda : Heu... je ne sais pas trop, car pour tout dire, je ne connaissais même pas Jean-François Rauzier avant que vous ne posiez cette question. Quant à Abdelatif Kechiche, j'ai vraiment beaucoup aimé ses films mais je ne les aies découverts qu'assez récemment. Mais je pense que notre démarche doit être assez semblable. Ce n'est pas l'histoire à proprement parlée qui nous intéresse, mais bien les acteurs de cette histoire et comment ils interagissent les uns avec les autres, leurs relations qu'elle soient d'ordre amoureuse, familiale, sociale etc...
Les adolescents du début du XXIe siècle sont les héritiers d'une véritable mutation culturelle opérée en quelques décennies mais qui rend plus ardue leur intégration dans la vie sociale. Il a été difficile d’imposer cette histoire ?
Je n'ai eu aucune difficulté à imposer cette histoire, car j'ai eu la chance d'avoir des éditeurs qui me faisaient entièrement confiance. Je leur avais expliqué en gros la trame de l'album, et à partir de là, ils m'ont laissée totalement libre. Mais je ne pense pas que mon album parle vraiment spécifiquement des adolescents du début du XXI ème siècle. La timidité et le mal-être que l'ont peut éprouver à cette époque charnière de la vie, ne me semble pas spécifique à cette génération. (Pour preuve, ma maman qui était ado dans les années 70, s'est beaucoup reconnue dans le personnage de Valentine !)
Cet album s’adresse bien entendu aux jeunes mais aussi aux parents interpellés par les problèmes soulevés par leurs enfants. C’est ce que vous souhaitiez ?
Je souhaitais que le plus grand nombre soit intéressé par cet album. Je n'avais pas de public visé en tête quand je l'ai fait. Beaucoup de jeunes adultes me disent que ça leur rappellent des souvenir et se retrouvent aussi dans cette histoire (que se soit garçon ou filles), j'ai aussi eu des retours de la part de jeunes filles, de parents et même des jeunes garçons.
Je ne voulais pas faire une Bd documentaire sur les jeunes d'aujourd'hui ou une bd pour jeunes. Comme pour « L'immeuble d'en face », j'avais envie de parler des relations entre les personnages, mais d'en parler dans un autre contexte, celui du collège ou du lycée.
Quelle est la part d’autobiographie ?
La part autobiographique est diluée tout au long de l'album. En fait, j'ai vraiment mixé plein d'anecdotes et de souvenirs. Les miens, ceux de ma soeur, mon frère, mes amis ou mes cousins. Quelques éléments sont directement inspiré de ma vie (la timidité de Valentine, les bâtiments du collège, la journée sportive...) et je me suis surtout servie de mes souvenirs pour la temporalité des évènements (à quel moment était la première soirée avec de l'alcool, la première clope, etc...).
Quels sont vos projets après le cycle « Celle que.. »
J'aimerai reprendre les 2 personnages que j'avais créés pour le collectif « Corée » (un frère et une soeur métisse franco-coréen) paru chez Casterman. Je viens de réalisé 2 courtes histoires avec ses personnages pour le magazine japonais « Marika », et j'aimerai à terme, en faire une longue histoire (un one-shot probablement).
Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ?
En général j'offre les « Les Pilules Bleues » de Frédéric Peeters ou « Quartier lointain » de Taniguchi.
Mais pour rester dans le thème de ma Bd, sur l'adolescence j'offfrirais : « Ghost World » de Daniel Clowes, « Hollywood Jan » de Bastien Vivès et Michaël Sanlaville ou « Paradise Kiss » de Aï Yazawa.