Cher lecteur de BDGest

Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.

Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.

Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :


  • de validez dans votre logiciel Adblock votre acceptation de la visibilité des publicités sur nos sites.
    Depuis la barre des modules vous pouvez désactiver AdBlock pour les domaine "bdgest.com" et "bedetheque.com".

  • d'acquérir une licence BDGest.
    En plus de vous permettre l'accès au logiciel BDGest\' Online pour gérer votre collection de bande dessinées, cette licence vous permet de naviguer sur le site sans aucune publicité.


Merci pour votre compréhension et soutien,
L'équipe BDGest
Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe
AD

Nicolas Keramidas, enlumineur du Grimoire de l'inventeur

Alexandra S. Choux, avec un peu de Laurent Cirade et Jérôme Briot News 24/04/2008 à 23:57 5919 visiteurs
On sait l'attachement de Lewis Trondheim pour l'univers Walt Disney. Il dit souvent avoir choisi de dessiner sur un mode animalier par hommage à Carl Barks ; la série Donjon Parade est quant à elle un clin d'oeil à Mickey Parade. Un auteur au style authentiquement disneyien manquait certainement au palmarès de Donjon. Nicolas Kéramidas, en plus d'être l'auteur de Luuna (éd. Soleil), a travaillé pendant neuf ans à Walt Disney Studio. Sa rencontre avec les auteurs de Donjon était-elle prédestinée ?


Comment en êtes-vous arrivé à réaliser un Donjon Monsters ?
Nicolas Kéramidas : La série que je fais, Luuna, a un style semi-réaliste ; elle est éditée chez Soleil... Je ne crois pas que Lewis et Joann auraient spontanément fait appel à moi. Mais j'ai pu connaître un peu Lewis grâce aux festivals. Alors un jour, je lui ai fait savoir que j’aimerais bien faire un Donjon Monsters. Il en a parlé avec Joann, et Lewis a dit que Luuna n’était pas sa tasse de thé, mais ce qu’il avait vu de moi en dédicace lui avait plu.

La démarche leur plaisait ?
Oui, car cela signifiait que j’aimais bien la série, que je m’y intéressais. Il y avait aussi le fait que je m’entendais bien avec Lewis, qu’il avait vu et aimé ce que j’avais fait en dédicace, que j’étais capable de faire autre chose. Il se sont donc mis d’accord pour que je fasse un essai. Et puis l’essai s’est transformé : c'est devenu la première page de l’album.

Avez-vous eu des échanges avec certains dessinateurs qui vous ont précédé dans cet exercice ?
Non. Ce n’est pas parce que l’on fait un Donjon qu’on va appeler tous les autres auteurs. J’ai discuté avec Boulet, que je connaissais déjà. En revanche, j’ai vraiment eu des contacts très réguliers avec Lewis.

Comment est-ce de travailler avec Lewis Trondheim et Joann Sfar ?
Vraiment très bien ! Beaucoup m’avaient dit «attention, bosser avec Lewis et Joann, c’est vraiment un cauchemar», mais ça a été le contraire. J’ai moins eu de contacts avec Joann, il me semble qu’ils se répartissent les auteurs. Mon interlocuteur principal était Lewis, tout s'est passé de façon très fluide, sans aucun heurt.

Quelle liberté vous ont-ils laissé dans l'interprétation de ce scénario ?
Ils laissent le dessinateur à la fois très libre et très peu paradoxalement, parce que comme ils sont tous les deux dessinateurs, ils font tous les deux un storyboard : c’est leur manière de visualiser un album.
Faire un Donjon, c'est entrer chez eux et jouer avec leurs jouets. Mon idée n’était pas de révolutionner le scénario ni la narration, mais d'amener quelque chose d'intéressant du point de vue graphique.

Le style graphique de Luuna est assez différent de celui que vous utilisez pour Le grimoire de l'inventeur. Est-ce dû au registre animalier, ou avez-vous profité de l'occasion pour emprunter une voie totalement différente ?
Je n’avais pas fait d’essais au préalable mais Donjon est un univers dans lequel je me sens à l’aise graphiquement. Le style animalier ne me demande aucun effort, il vient naturellement. Je me voyais mal me forcer parce qu’un album de 46 pages, c’est quand même un an de travail. Je ne me voyais pas faire un album qui m’aurait demandé des efforts au quotidien. On me proposerait de reprendre Blake et Mortimer, je dirais non. Pas que cela ne ferait pas plaisir, mais tout simplement parce que je m’en sentirais incapable.

A l'origine, Donjon était une sorte de réponse parodique ou expérimentale, à l'heroic fantasy main-stream. Aujourd'hui, la série, avec ses nombreuses ramifications, est devenue un phénomène ; Donjon est-elle devenue une série comme une autre ?
C’est toujours un ovni à mon avis. Le concept m’avait plu dès la sortie du premier album, et 10 ans après, cette espèce de pieuvre me plait toujours. C’est la raison pour laquelle j’ai eu envie de bosser avec eux. C’est une série à part, qui ne s’est pas banalisée.
Ils ont su faire des choix au niveau des auteurs, on verra comment cela évolue.
Ce que je trouve dommage c’est que le rythme a un peu ralenti : à la base Donjon devait faire 300 albums… Là on en est à 32 en 10 ans. Donc 300 albums en 100 ans, j’ai un peu peur que nous ne connaissions pas la fin malheureusement…
Sinon, je trouve que l’esprit de la série est toujours aussi présent.

Il existe une communauté d'érudits incollables à propos de l'univers Donjon. Dès qu'un nouveau nom de dessinateur invité à collaborer à la série est connu, la nouvelle est immédiatement commentée. Est-ce une source de pression supplémentaire ?
Ca m’a fait bizarre au tout début. Naïvement j’ai tapé dans un moteur de recherche : « Donjon/Kéramidas » pour voir ce qui se disait et je suis tombé sur un commentaire qui disait en gros : « Surtout pas Kéramidas ! »
Il y avait d’autres commentaires du style : « Sfar et Trondheim se prostituent en allant chercher une figure emblématique de chez Soleil », « ils veulent se faire de la thune », etc. C’était quand même super virulent. Puis la première planche a été postée et les commentaires sont devenus plus cool « Finalement ce n’est pas si mal ». Dernièrement j’ai été voir, et globalement les critiques sont bonnes. Je me suis mis la pression tout seul en fait. En me proposant à Lewis, déjà. Ensuite, j’ai essayé de faire cet album le plus honnêtement possible, et si je m’étais banané, la chute aurait été dure. Les critiques ont été bonnes, ça m’a rassuré.

L'après Donjon, pour vous, ce sera quoi ?
Le côté frustrant de Monsters, c’est que c'est du one-shot ! Je vais enchaîner sur une histoire avec Arleston, donc je reviens à un projet plus Soleil, avec un dessin plus à la Luuna, plus semi-réaliste. Il y aura 2 tomes. Ensuite je ré-attaque Luuna, mais sans me lancer dans 5 tomes d’affilée comme je viens de le faire. L'expérience Donjon m'encourage à tenter d'autres choses. Je ferais donc des breaks. On verra ce qu’il en ressort.

Dans l'ensemble de la saga, quel est votre album préféré ? Avez-vous un personnage favori ?
Il y en a beaucoup, c’est difficile parce que ça se passe sur 10 ans de lecture mais sur les récents, je vais dire celui de Bézian. Je me suis vraiment régalé ! Et mon personnage préféré, c’est le Gardien.

Si vous deviez faire découvrir la bande dessinée à un ami, laquelle lui offririez-vous ?
C’est une question difficile, résumer l’histoire de la BD en un album c’est pas évident… Disons Dragon ball !


Alexandra S. Choux, avec un peu de Laurent Cirade et Jérôme Briot