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Anaïs Halard : « Ce qui m’intéresse, ce sont les duos »

Entretien avec Anaïs Halard et Amélie Clavier

Propos recueillis par L. Gianati Interview 06/09/2024 à 21:40 1137 visiteurs

Décidément, Anaïs Halard aime les duos. Après Sacha et Tomcrouz et Abby & Walton, ce sont deux sœurs jumelles - et un lanceur de couteaux - qui sont au centre d'Ambroise et Louna, un joli récit mis en images par Amélie Clavier. Dans l'univers très coloré et foisonnant du cirque, les rêves s'entrecroisent, les idylles naissent et les liens, parfois distendus, empruntent d'autres chemins pour se renforcer. 

Quelle idée vous est venue en premier pour écrire Ambroise et Louna ?

Anaïs Halard : C’est venu simplement et rapidement. C'était juste après avoir vu le film L’Aventure de Madame Muir de Mankiewicz, l’histoire d'une femme qui tombe amoureuse d'un fantôme dans un phare, un film romantique. Je suis passionnée de films des années 50 et de documentaires. Il y a ce côté romantique, un peu nostalgique qui flirte avec le fantastique tout en étant réaliste. Cette histoire d'amour impossible, je l'ai trouvée très belle et, après l'avoir vue, j'ai eu envie d'en écrire une. J'ai rapidement rédigé un pitch, et je l'ai gardé assez longtemps sans trop le développer. Au début, je voulais en faire une histoire assez courte, muette. Je l'ai mise dans un tiroir jusqu'à ce que je rencontre Amélie et que je vois ses dessins qui m'ont fait repenser à cette histoire. Je trouvais que ses couleurs amenaient quelque chose de romantique et de très doux. Comme je m'intéresse aussi à la monstruosité dans les films de Tod Browing, Freaks en l’occurrence, on a recontextualisé l'histoire dans un cirque. 

Vous remerciez votre sœur dans la préface. Parler de sororité vous tenait à cœur ? 

A. H. : Je pense que ce n'était pas volontaire au départ car lorsque j'ai écrit l'histoire, elle habitait loin, je la voyais un peu moins. On s'est beaucoup rapprochées depuis ce moment-là. 

Amélie, qu'est-ce qui vous a plu dans l'histoire d'Anaïs ? 

Amélie Clavier : J'ai senti tout de suite que je devais dessiner cette histoire. C'est vraiment une rencontre inhabituelle, quelque chose de passionnant. Immédiatement, on ressent une émulation, une envie de faire des recherches et de dessiner toute la journée dans cet univers. Je pensais beaucoup à l'ambiance, à tous ces films et j'en ai regardé énormément. 

Votre histoire se déroule dans les années 1900. Ne peut-on plus raconter une histoire d'amour impossible aujourd'hui ?

A. H. : J'ai été obligée de raconter cette histoire à une autre époque car il y avait la séparation, l’éloignement et aujourd'hui, il y a de l'électronique, de l'informatique qui font qu'on peut se joindre à tout moment et que ce n'est pas très agréable aussi à dessiner. C'est une esthétique et des époques que j'aime beaucoup donc je reste dans quelque chose de confortable. Je trouvais que le dessin d'Amélie collait particulièrement bien à ça. À mon sens, je pense qu'aujourd'hui on pourrait le raconter mais c'est vrai qu'il y a quelque chose lié aux nouvelles technologies qui enlève de la poésie. Je suis sûre qu'il y a des auteurs qui arriveraient très bien à le décrire. 

Comme l'histoire est venue avant tout d'un film, avez-vous déjà imaginé qui auraient pu jouer les rôles d’Ambroise et Louna ? 

A. C. : J’ai pensé tout de suite à Daniel Day-Lewis pour Ambroise. 

Est-ce que les descriptions physiques que vous avez données à Amélie étaient très précises ? 

A. H. : Je mets beaucoup de références graphiques. Il me semble que j'étais sûrement allée chercher des haltérophiles de l'époque avec leur moustache, assez musclés, assez trapus et assez courts. J'avais cette image là en tête. Après, c'est Amélie qui a fait des recherches.

A. C. : Je n'ai pas eu de suite le personnage d'Ambroise, je l'ai un peu cherché.

A. H. : Parfois, ce sont de petits détails mais assez marquants et Amélie a fait quelque chose dans les regards qui est assez fort, dans le nez aussi. Il fallait que les deux sœurs aient du caractère mais pas qu'elle soient forcément des pin-up.

Comment dessine-t-on des jumelles ? Cherche-t-on à les rendre parfaitement identiques ou plutôt à leur donner de petites différences ?

A. C. : C’est très instinctif. Ce qui est compliqué, c'est quand l'une remplace l'autre. Elle doivent se ressembler au niveau du caractère, mais il faut aussi qu'on comprenne que ce ne sont pas les mêmes. Il y avait quelques petites astuces, comme la fleur ou les boucles d'oreilles, ce genre de choses qui font que, tout de suite, on arrive à situer qui est qui.

A. H. : Par les couleurs aussi ? 

A. C. : Oui, par les couleurs aussi, effectivement. 

Anaïs, il y a toujours deux noms dans les titres de vos albums, un simple hasard ? 

A. H. : Ce qui m’intéresse, ce sont les duos. En réalité j'ai commencé la bande dessinée il y a six ans par un livre qui sera publié en septembre, une histoire plutôt adulte marquée aussi par les prénoms. Je suis marquée par les personnages. C'est ce que j'aime aussi dans les films de Mankiewicz, ce sont vraiment les relations très fortes. Les relations entre les personnages sont passionnantes.

Pourquoi commencer le récit par un flash-back ? 

A. C. : À la base, ce n'était pas le cas, je crois que ça a changé en cours de réalisation.

A. H. : Ça doit être une question de rythme qui est apparue sûrement en lisant. Je pense qu'il y avait déjà l'idée du flashback mais c'était pour ne pas brutaliser le lecteur dès le début. J'aime les  jeux de temporalité, sans forcément que ce soient des flashbacks, c'est comme si c'était le temps qui se rattrapait. Le début devient la fin, une sorte de cercle continu. L'idée, c'était plus un truc qui se mord un peu la queue, comme la roue, comme la roulotte, comme le cirque, comme quelque chose qui circule, qui est fluide et qui tourne en rond en même temps. 

Le cirque, c'est s'amusant à dessiner ? 

A. C. : À la base, j'étais un peu surprise quand Anaïs m'a proposé ça. Je me suis dit que c'est vraiment quelque chose que je n'avais jamais dessiné et qui ne m'attirait pas particulièrement. Ensuite, en faisant des recherches et en y pensant, ça m'a vraiment passionné. Surtout le cirque à l'ancienne, je ne sais pas si j'aurais vraiment envie de dessiner un cirque actuel qui pourtant peut être très beau. C'est vraiment ce côté un peu noir, parfois un peu crasseux, un peu pêle-mêle, très charmant qui m'a plu. 

C'était un vaste panel de couleurs aussi...

A. C. : Il y a toujours le rideau un peu rouge foncé. J'aime bien mélanger les ocres, les rouges foncées, les gris, les noirs...

ATTENTION SPOILER

Cette image de Paula devant le miroir brisé sur une pleine page, comment avez-vous eu l’idée de l'inclure dans ce récit Anaïs ? 

A. H. : Je ne me souviens plus exactement des détails, ni si j'avais mis des références...

A. C. : Ah si, j'avais plein de références. 

A. H. : Il y avait l'idée un peu évidente de la gémellité, comment on se reconnaît, ou pas, dans les choix qu'on fait. Là, elle était scindée en deux, d'où le miroir brisé. Il y avait des robes de couleurs différentes, elle prend la robe de sa sœur, change de caractère. Je pense qu'il y avait aussi l'histoire de l’eau, comme elle meurt dans l'eau, il y avait aussi l'histoire du reflet qui se retrouvait dans le miroir. 

FIN SPOILER

Pour une dessinatrice, passer d’un gaufrier, sans être tout à fait classique, à une pleine page, c'est une respiration ?

A. C. : C’est vrai que j'ai fait beaucoup d'illustration, donc je me sens plus à l'aise dans les pleines pages que dans la BD. Au fur et à mesure du récit, les deux m’allaient, je commençais à prendre mes marques. J’avais vraiment envie de faire des illustrations d'ambiance pour essayer de ressortir tout ce que j'avais assimilé comme références et que j'avais envie de sortir en dessin. C'était très agréable.

Comment avez-vous géré le souci de pagination avec Jungle ? 

A. H. : Souvent, je fais attention à ce qu'on nous paye pour ne pas emmener le dessinateur sur une trop grosse pagination, pour que le temps passé sur un album soit raisonnable, d'autant qu'Amélie a eu un enfant entre temps. Donc je construis mes récits, j'ai ma narration mais parfois, je vais couper un petit peu. En fonction de ce qu'on nous avance comme droits, je prends garde que ça ne prenne pas 200 pages si elle est payée 30 euros la page. Si je dessinais, ce serait peut-être différent. Je trouve que c'est ça qui est intéressant aussi dans l'exercice du scénario. Je travaille sur le découpage avec la dessinatrice, notamment sur le fait de faire des récits qui pourraient être plus longs et de réussir à les réduire tout en donnant des sentiments dans une pagination un peu plus courte. 

L’éditeur vous accompagne-t-il ?

A. H. : J'aime bien avoir des retours et je suis très preneuse des critiques. Là, Anaïs m'a poussé sur certains points, pour développer un petit peu plus ici et un peu moins là en fonction des paginations qu'on avait décidées. Si Amélie me dit « là, peut-être qu'on pourrait plutôt faire comme ça », moi je suis toujours ouverte. Avec mes éditeurs, chaque projet est un peu différent. 

A. C. : C’est Anne-Charlotte Velge (éditrice aux éditions Steinkis, NDLR) qui m'a contactée car elle voulait travailler avec moi. Le dossier que je lui ai envoyé l’a intéressée tout de suite. On n'a pas trop eu à chercher et, au niveau des pages, ça s'est arrêté assez vite. Anne-Charlotte avait peur que ce soit trop mince au début et on avait parlé d'ajouter des croquis et des dessins à la fin pour agrémenter. Finalement, la BD est assez conséquente. 

Travailler sur un one shot ou sur une série comme Sacha et Tomcrouz, c'est vraiment différent ?

A. H. : Oui, j’ai plus de pression dans l'écriture du scénario. Pour Sacha et Tomcrouz, c'est particulier parce qu'il y a Bastien (Quignon, NDLR) qui participe beaucoup et qui adore faire des blagues dans ses dessins. Ce n'est pas ma première bande dessinée adulte avec Amélie puisque j'en ai une autre qui arrive l'année prochaine sur le métier de bourreau, mais ce sera plus tourné vers le documentaire. Concernant l’écriture, la structure et la manière de travailler en général, c'est sensiblement équivalent. Je resserre néanmoins un peu plus les dialogues.

La conception de la couverture a-t-elle été un casse-tête ?

A. C. : Bizarrement, je m'attendais à quelque chose de très long et j'aurais pu la refaire mille fois. Je me souviens avoir fait une vingtaine de petites vignettes au début, et on en a gardé deux-trois. Après, j'ai fait des croquis un peu plus grands et le choix a été très rapide. Je l'ai faite en couleur, on l'a scannée et c'était terminé. 

En parlant de vignettes, qui a eu l’idée de faire celles présentes en tête des chapitres ?

A. C. : J’avais envie de les faire au début du projet puis l'idée a été mise de côté. Puis, comme on a fait des pauses entre certaines phases du récit, Anne-Charlotte nous a dit  : « pourquoi ne pas rajouter quelques dessins ? », et c'était les fameux dessins que j'avais faits pour le dossier au début.

A. H. : Tu t'étais rendue au musée du cirque à Paris...

A. C. : Oui, j'étais allée au musée des des arts forains et ça m'avait un peu inspirée. Ainsi, les personnages sont légèrement différents, je trouve. Ces petites vignettes collent finalement très bien. 

Cette première incursion en BD vous a-t-elle donné envie de poursuivre ? 

A. C. : Oui, j'aimerais ne faire que ça. C'est un rêve que j'avais depuis longtemps et l'occasion ne s'est pas présentée tout de suite quand j'ai commencé à dessiner. Là, j'étais super contente d'être éditée et de le faire avec Anaïs. J'adore l'illustration mais la BD me convient mieux. J’ai plusieurs propositions mais, pour l'instant, je n'ai pas choisi. J'attends d'avoir un coup de cœur, je suis en pleine réflexion. 

Anaïs, vous parliez d'un album qui allait sortir à la rentrée prochaine...

A. H. : J'en ai plusieurs. Le Chant des Grenouilles est sorti le 14 février dernier chez Oxymores. Ce premier livre est une version un peu collector en grand format, en sepia et contient les coulisses de l'album. Je l'ai co-écrit avec Barbara Canepa, qui a créé le projet. Celui-ci est dessiné par Florent Sacré et chaque tome sera dessiné par un auteur différent. Le tome un en couleur, sorti un peu plus tard fin mai dans un plus petit format, est aussi réalisé par Florent Sacré avec les couleurs de Barbara. Douze tomes sont prévus. On a de l’avance donc il y aura environ une sortie tous les six mois. C’est un album qui reconnecte un peu avec la nature avec de petits animaux qui vivent entre eux, une sorte de club des cinq d’animaux qui ont de petites vies d’enfants. À l'intérieur de chaque livre, il y a des feuilles comme des encyclopédies ou de petites recettes de grand-mère faites toujours par le même dessinateur qui sont très belles et qui sont traitées avec beaucoup d'humour. 

Avez-vous essayé ces recettes ?

A. H. : Oui, ce sont des trucs qu'on connaît comme l'ail pour soigner différentes choses. Le premier thème concerne les araignées : « pourquoi faut-il arrêter d'écraser ces pauvres petites bêtes ? ».

Et les autres nouveautés ?

J'ai une autre série jeunesse chez Oxymores qui s'appelle Les Chevaliers de l'étrange dont le premier tome est sorti au mois d'avril. J'ai aussi une série adulte qui s'appelle Assassins d'État qui reprend les métiers du bourreau du Moyen-Âge à nos jours en France. Tout a commencé par une rencontre avec le fils du dernier bourreau de France. Comme la peine de mort n'a été abolie qu'en 1981 et qu'il n'y avait pas de CAP bourreau, il a fallu qu'il apprenne avec son papa. On va commencer par un portrait au Moyen-Âge qui sera dessiné par Olivier Deloye. Il y aura ensuite un autre portrait de bourreau connu qui sera dessiné par Benjamin Bozonnet, et un dernier dessiné par David François. Ça sortira chez Oxymores dans la collection Noctambule.




Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Ambroise et Louna

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Au Chant des Grenouilles
1. Urania, la sorcière

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Les chevaliers de l'étrange
1. La légende des Mortelune

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Abby & Walton

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Sacha et Tomcrouz
1. Les Vikings

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