Quand l'humour de Marc Dubuisson (Le Président est un noix de coco, les Philosaures...) rencontre le dessin radioactif de Cy (Radium Girls), que cela peut-il donner ? Une nouvelle série d'aventure bien sûr ! Une jeune fille intrépide, le doux parfum de l'inconnu, les caravelles de Christophe Colomb, un monde étranger à explorer... Ce premier tome d'Ana et l'Entremonde à tout pour ravir les lecteurs, de 7 à 77 ans.
Ana et l’Entremonde est très différent de tout ce que vous avez pu faire jusqu’à présent...
M. D. : À la base, j’ai eu cette idée vers 2014 donc ça fait déjà pas mal de temps. J’ai toujours voulu créer un univers qui m’était propre dans lequel m’amuser un peu, un espace de jeu avec des personnages dedans afin d'y créer des règles propres. À l’époque, j’ai commencé à chercher des dessinateurs et dessinatrices mais je ne suis jamais parvenu à un résultat satisfaisant donc j’ai laissé un peu ça sur le coté et je me suis concentré sur mes autres BD. Pendant le confinement j’ai ressorti ce projet des tiroirs et je me suis dit « pourquoi pas Cy ? », même si je n’y croyais pas vraiment.
Alors, pourquoi ?
M. D. : Parce qu’on était amis déjà.
Cy : Ah tu en parles au passé (rires) !
M. D. : À l’époque, je parle de ce moment-là ! Maintenant nous sommes un duo scénariste-dessinatrice. Donc nous étions amis et j’aimais beaucoup ce qu’elle faisait. Ce qui m’intéressait aussi, c'était d’avoir son retour sur le scénario. Je me suis dit que si je n’arrivais pas vraiment à développer cette BD depuis tout ce temps c'était peut-être aussi qu’il y avait un problème et que les dessinateurs se cassaient les dents dessus en essayant de le développer à leur façon. On s’était dit que ça nous plairait de bosser un jour ensemble mais pas forcément là-dessus. Je lui ai fait lire en lui demandant ses retours et en me disant évidemment que si elle voulait le dessiner c'était volontiers. Finalement, l’univers lui a plu et on s’est lancés dans l’aventure.
Qu’est-ce qui vous a plu dans son scénario ?
Cy : Pour ce scénario, c’est aussi une question de timing. Radium Girls a tellement bien marché qu’on allait me proposer à nouveau une BD historique. J'étais en train de me dire « pourquoi pas » et il y avait une histoire qui était vraiment cool qu’on m’avait mise un peu dans les pattes mais je n'y arrivais pas. Si Marc m’avait proposé cette histoire alors que j'étais sur Radium Girls, je n’aurais pas dit oui. Mais là, comme je patinais comme pas possible sur cette histoire que je n’arrivais pas à sortir, ce projet s’est présenté comme une issue de secours ! Quand Marc m’a envoyé ça juste pour avoir un retour édito, il m’a dit t'inquiète pas, c’est pas pour toi, parce qu’il savait que j’allais me braquer et dire NON tout simplement. Quand je l’ai lu, c'était diamétralement à l’opposé de ce que je faisais d’habitude. Comme j’aime bien changer pour éviter que je ne m’ennuie, je me suis dit que c'était peut-être ça qu’il me faudrait. Un peu de vent frais marin.
Lors de la lecture du scénario, vous imaginiez déjà les personnages, les ambiances, les paysages ?
Cy : Un peu tout à la fois. Je me suis beaucoup attachée à Ana très vite. Je me suis dit que ce serait trop cool de montrer une gamine qui n’a pas besoin d’être badass pour devenir une héroïne. On a en général un gros problème là-dessus : pour faire des femmes héroïnes, pour qu’elles puissent survivre, il faut qu’elles soient exceptionnelles. Mais non ! Tu peux être très médium et être mise en avant. Marc avait construit toute l’histoire et c'est le seul truc qui ne me convenait pas trop, le fait que ce soit épisodique, un peu comme Spirou. Le gros problème avec ça, c’est qu’il n’y a pas de fin. Je me suis alors dit que j’aimerais bien une histoire au long cours et, finalement, c'était aussi ce que voulait Marc. Il voulait prendre le temps de développer le caractère des personnages, on s’est rendus compte à ce moment-là que nous voulions la même chose.
M. D. : Elle m’a poussé à aller quelque part où j’avais envie d’aller mais sans oser le faire. C'était vraiment hors de ma zone de confort. Quand elle m’a proposé de remanier un peu le scénario en approfondissant un peu les personnages, en leur trouvant de nouveaux enjeux, de nouveaux arcs narratifs, et en leur trouvant un peu plus de drama, je me suis dit que c'était le moment. C'était l’opportunité que j’attendais. J’allais essayer de faire ça et de voir ce que ça allait donner. J’ai imaginé des choses, j’ai remanié un petit peu et je lui ai envoyé en attendant son avis et elle a dit « ok ».
Cy : Ce qui m’a sauvé aussi, c’est que ça allait être la première fois où on a des personnages que l’on crée de toute pièce. Pour Radium Girls, ce sont des personnages que j’ai calqués, des émotions sur des personnages existants. Alors que là, Ana c’est Ana, Melvin c'est pareil. Ce sont des personnages qu’on a construits ensemble. Nous n'avons pas d’enfants mais on s’est projetés de la même façon. Et là on se dit qu’on est maîtres de cette destinée ! Il y a vraiment ce truc-là hyper agréable.
La place de la femme dans la société est très présente, comme dans Radium Girls...
Cy : Non parce qu’on va dire que c’est en toile de fond. Ce qui m’intéressait, c’était plutôt l’épopée. Effectivement le militantisme fait partie de mon travail mais le gros problème quand on commence à faire des BD militantes, c’est qu’on n’attend que ça de toi. J’ai fait des BD militantes, j’ai fait mon tribut, et là, j’ai envie d'un peu de paillettes, j’ai envie d’épopées, d’homme-loup qui parle... Néanmoins, on fait attention à ce qu’on montre, comment on le montre, qu’est-ce qu’on raconte, aux représentations aussi, nos engagements sont là, mais distillés, pas en avant-poste.
M. D. : On essaye de varier les types de personnages et c’est vrai que souvent en fantasy, ce sont soit des quêtes d’homme soit des quêtes de femme hyper bien moulée à grosse poitrine. Là, c’est une petite fille et c’est intéressant aussi de montrer comment une petite fille peut se construire dans ce monde assez dur et de passer à cet Entremonde qui a des règles un peu différentes. Dans ce nouveau monde, on a une capitaine femme, un homme-loup, il y a beaucoup plus de diversité, même si c’est évidemment loin d’être parfait. C’est aussi pour montrer qu’elle passe d’un monde très masculin à un monde plus ouvert qui nous représente plus maintenant.
Dessiner des bateaux, c’est un vrai plaisir ?
M. D. : Si elle n’avait pas voulu dessiner de bateaux, elle n’aurait pas accepté de faire cette histoire.
Cy : Tu ne signes pas un contrat en voulant modifier par la suite les techniques. C’es vrai que j’ai dit que je n’aimais pas dessiner les bateaux. En fait, c’est dessiner un bateau pour dessiner un bateau que je n’aime pas. Par contre, quand ça sert la narration et l’histoire, là ça devient intéressant. Si je dois dessiner une armada de bateaux parce que ça sert le récit et bien je la dessinerai !
M. D. : Et puis les bateaux sont aussi un peu des personnages à part entière !
Cy : Dans l’Entremonde, j’ai designé un bateau pour chaque capitaine. On n’en voit que deux mais le bateau de Sam est une galère viking avec un mât dessus, ça n’existe pas, parce que normalement il n’y a pas assez de fond pour pouvoir tenir un mât. C’est pas que ça ne me plait pas, c’est juste que les moyens de locomotion, j’ai abandonné ça quand j’avais cinq ans.
M. D. : Chaque dessinateur et dessinatrice a ses petits trucs.
Pour certains ce sont les chevaux, pour vous ce sont les bateaux...
Cy : Oui, mais les chevaux aussi hein (rires) ! Contractuellement, il n’y a pas de chevaux dans l’Entremonde !
M. D. : Il y a beaucoup de bateaux mais il n’y a pas de chevaux, donc ça équilibre !
Cy : Au-delà de ça, c’est vrai que c’est la peur de l’inconnu qui fait ne pas aimer faire quelque chose. Après, une fois que tu as commencé à dessiner la Santa Maria sous toutes ses coutures, elle ne te fait plus si peur que ça.
Pourquoi faire passer Christophe Colomb pour un amnésique ou un loufoque ?
M. D. : Parce qu’on a cette vision de l’entreprise de Colomb qui était un pari finalement. Tout le monde prend toujours le même chemin pour aller aux Indes et lui il se dit « moi les gars, je vais traverser l’océan, j’y vais et j’y vais à fond ». On se dit que si pendant toutes ces années il n'y en a qu’un qui a eu l’idée de faire ça, c'est qu'il devait être un peu farfelu, un peu hurluberlu finalement. Il y a aussi le plaisir de se dire que les différents royaumes ont placé à la tête d’une telle expédition un mec complètement zinzin. Il y a ce coté absurde que j’aimais bien apporter.
Cy : Il y a un peu d’ironie aussi...
M. D. : Oui exactement. Puis ça permet aussi de créer un genre de décalage dans les moments un petit peu plus dramatiques. C’est un petit personnage qui va permettre de relâcher un peu la pression, comme une soupape. Je pense qu’on a besoin de personnages comme ça dans des histoires qui parfois peuvent être un peu anxiogènes. Je l'imaginais à la base comme quelqu'un de très austère, comme un capitaine de navire. Pour tenir des matelots, il faut avoir de la poigne, mais ça ne m'intéressait pas de coller au personnage. Justement, c'est aussi ce qui permet de montrer qu'on n'est pas dans le vrai monde.
La double page est très intéressante lors du passage entre les deux mondes : on a vraiment l'impression de fermer les yeux avec Ana et de les rouvrir avec elle...
Cy : On en a discuté tous les deux parce que la coupure entre les deux était trop brutale. Quand on passe de l'un à l'autre sans la double page, on s'est rendu compte qu'il y a un truc qui n'allait pas. Faire une double page comme ça, c'est hyper agréable.
M. D. : Ça permet la transition, c'est comme un fondu en noir au cinéma.
Cy : Comme une ellipse.
M. D. : Une sorte de perte de conscience. On sait qu'il s'est passé des choses à ce moment-là, mais plus personne ne sait vraiment quoi.
Comment dessiner cette scène sans que ça vire au capharnaüm illisible ?
Cy : J'ai beaucoup aimé faire ça, c'est très agréable à dessiner. Ce genre de page, on ne va pas se le cacher, c'est aussi pour créer une ellipse, un fourmillement, et éviter de dessiner une successions de scènes peu intéressantes. Entre nous, on appelait ça la page Mulan, comme dans la chanson "comme un homme". Ce genre de page fait réfléchir à la composition, ça permet aussi de montrer la relation avec Miguel qui évolue au fur et à mesure, qu'Ana n'est pas adoptée que par Miguel mais par certains hommes du bateau. Ce serait une erreur de croire que tous les hommes sont contre les petits. Il y en a sûrement quelques uns qui ont une dent contre les gamins mais c'est humain et ce n'est pas comme ça que ça marche. En fait, en une page, on arrive à montrer beaucoup de choses. Ce sont des enfants qui ont peur, qui apprennent, qui les font marrer, il y a le problème de la bouffe... Ana passe tout le temps à apprendre.
M. D. : Ça permet de montrer ce qu'il s'est passé en un mois, un mois et demi parce qu’ils ne sont pas directement arrivés aux confins du monde et on n’allait pas passer deux-trois pages à tout expliquer. C’est ça le talent de Cy sur ce type de planche.
Cy : Et j’ai pour la première fois dessiné une poule (rires) ! Une poule sur un bateau !
Sur cette case, Ana est déjà arrivée dans l’Entremonde mais on a vraiment l’impression que c’est à ce moment précis qu’elle y entre de façon consciente...
Cy : C’est vrai que ce truc-là, on le fait un peu de manière inconsciente. Certaines personnes pourraient dire qu’elle accepte tout de même très vite que c’est un loup qui parle et j’ai envie de leur dire qu’ils connaissent mal les enfants. Parce que les enfants, si on leur dit que c’est un loup qui parle ils vont répondre « ok », alors qu’un adulte ça va plutôt être « au secours, il y a un loup qui parle ». Clairement, Melvin va être son protecteur, tu sens très vite qu’ils matchent en terme d’amitié.
Les couleurs sont très importantes : des cales du navire aux teintes sombres à celles éclatantes de la ville de l'Entremonde...
Cy : Quand on a réalisé les pages d’essai, j'étais partie dans les jaunes et les verts. C'était très ordonné en terme de couleur mais incohérent quand vu le bazar qu'il régnait dans la ville. Marc me disait qu'il imaginait cette ville très foutraque avec beaucoup de couleurs et c’est là qu’il m’a demandé de partir plus dans ce sens-là.
M. D. : C’est vrai que c’est une ville cosmopolite, les gens y viennent avec leurs influences.
Cy : Ils utilisent beaucoup de matériaux de récupération alors c’est un peu des trucs en souterrain, les rambardes ne sont pas les mêmes parce que ce sont des rambardes récupérées sur des bateaux ou des choses comme ça. Ce qui m’intéresse aussi c’est que les îles aient leur propre thème coloré. Parfois il y a certains lieux qui ont leurs thèmes de musique comme quand on arrive sur Tatooine il y a le thème de musique de Tatooine sauf qu’on n’a pas de musique en bande dessinée. Par contre, on a des thèmes colorés. Ce qui m’intéresse c’est que l’on reconnaisse le lieu dès qu’on ouvre le livre avant même de regarder où on est.
Quelle serait la bande son idéale pour lire l'album ?
Cy : Tu écoutais quoi toi Marc quand tu écrivais ?
M. D. : Quand j’ai écrit le premier jet, je ne sais plus du tout car ça remonte à loin. Quand j’ai repris, j'étais sur des musiques de film ou plutôt de série, celle de Penny Dreadful, une série un peu gothique. La musique est vraiment très prenante et c’est ce que j’aime, ces musiques où en entendant quelques notes on est plongés dans l’univers. Comme c’est instrumental ça permet de se concentrer pour écrire. Ça, c'était pour écrire le deuxième tome qui est un peu plus sombre.
Cy : Pour le premier tome, je conseillerais une musique assez légère et un peu foutraque.
M. D. : Voire même avec des sonorités un peu différentes de ce que l’on a l’habitude d’entendre parce que c’est un monde différent.
Quand on jette un œil sur la couverture, avant d’avoir lu l’album, on ne sait pas ce qu’Ana regarde...
Cy : On a pensé la couverture ainsi. Ce sera un gimmick, il y aura un personnage principal différent sur chaque couverture en fonction de l’avancée de l’histoire au centre, avec des endroits différents à chaque fois.
Qui a eu cette idée ?
Cy : Tous les deux en visio, Marc est a Bruxelles et moi à Paris. On voulait avoir un gimmick de couverture, il y en a beaucoup, on a rien inventé. C'est beaucoup utilisé dans les mangas par exemple, mais quand on en parlait on voulait bien un truc un peu pile ou face avec cet Entremonde, qui puisse être déclinable. Il faut penser la saga sur quatre tome et il faut penser à quelque chose qui ne soit pas enfermant pour le quatrième tome.
M. D. : On voulait vraiment montrer le passage dans l’Entremonde pour indiquer qu’il y avait deux mondes différents.
Cy : Oui, un peu à la façon « in and out » et quand on regarde quelqu'un le lire on peut voir les deux en même temps. On sait tous très bien que la couverture a une énorme importance et on l'a pensée comme ça.
Les dialogues, parfois anachroniques, dynamisent le récit...
M. D. : Oui, je pense qu’il n’y a rien de pire que de lire une histoire avec un français que l’on parlait il y a trois siècles ou plus. Je pense que même dans les films d’époque les gens parlent comme ils n’ont jamais parlé à cette époque, c’est un français qui est complètement littéraire. Pour cette histoire, le but est vraiment que les gens parlent de façon très fluide. Et puis il y a des enfants qui ne parlent pas super bien, qui ne font pas de belles phrases. Il y a aussi des marins et ce ne sont pas non plus ceux qui vont passer le plus de temps à chercher comment tourner leurs phrases. Finalement, c’est anachronique mais c’est pas si dingo que ça.
Cy : Parfois on tourne juste les phrases : un « où es-tu ? » personne ne dit ça, tout le monde dit « t’es où ? », ce sont juste des formulations différentes.
M. D. : C’est ce que je faisais au début. Comme c'est une BD jeunesse, je pensais qu’il fallait faire attention. Cyrielle m’a demandé pourquoi j’écrivais comme ça alors que d’habitude mes dialogues étaient très parlés. Je suis repassé derrière en modifiant certains textes et Cy, en dessinant, coupait également des petites parties pour plus de fluidité. Une BD doit se lire facilement, il ne faut pas qu’on revienne ou qu’on relise une phrase parce qu’on n’a pas compris. Et puis l’histoire va vraiment se dérouler dans votre tête si les dialogues sont fluides, cohérents et naturels.
Ce gros bonus à la fin de l'album avec interview, making of et même des recettes de cuisine, est-ce votre idée ?
Cy : Il y a déjà un bonus comme ça à la fin de Radium Girls et j’avais eu énormément de retours positifs. Les making-of, c'était mon petit-lait quand j'étais gamine, j’adorais ça. On s’est dit « et si on mettait une interview ? », puis des planches en plus, des croquis... et une recette.
Vous l’avez essayée ?
Cy : Oui et c’est très bon ! Ça ressemble à une Piña Colada pour enfant, sans le rhum.
M. D. : On s’est dit que ça pouvait être encore une chouette façon de rentrer un peu plus dans l’univers et de se l’approprier. Ça permet de terminer l’histoire petit à petit et pas d’un coup sec, une petite transition pour passer à autre chose.
On y apprend aussi que Marc a dessiné une version alternative…
Cy : C'était une des conditions, j’ai dit à Marc « si je fais une BD avec des bateaux, tu me fais des cases à la fin, je veux que tu me dessines les personnages à ta manière ». En dédicace, il fait des Ana tellement mignonnes (rires), j’ai presque envie d’arrêter.
Vous avez voulu passer de six tomes à quatre, c'était votre décision Cy ?
Cy : Oui, à la base c’étaient six tomes de 54 pages et on est passés à quatre tomes de 90. On y gagne parce que c’est plus rapide pour moi de conceptualiser un tome sur 90 planches plutôt que plusieurs sur 54. Six tomes représentent six ans de ma vie et je n’étais pas prête à y consacrer tout ce temps. À coté de ça, il était impossible de faire d’énormes coupes dans son scénario parce que l’intérêt était quand-même de faire une histoire complète.
M. D. : J’ai tendance à trouver que les tomes de 48 pages sont trop courts. Je trouve que c’est toujours tellement réduit au minimum, à l’essentiel, qu’on n’a pas le temps de s’attacher, de vraiment rentrer dans l’histoire. Souvent, j’ai plus de mal et il y a la frustration qui arrive très vite. Ici, sur les 90 pages, on a vraiment le temps de raconter une histoire. C’est une histoire en quatre tomes mais qui est sympa à suivre dans chaque tome. 90 pages, c’est presque le minimum pour se laisser la possibilité d’avoir des cases silencieuses.
Cy : Exactement ! Et ça me permet d’avoir un gaufrier très light. J’ai un gaufrier avec de grandes cases, si j’ai envie de me faire des cases entières je le fais, c’est ça qui me permet aussi d’avoir une vraie place, de l’espace.
Il est prévu un tome par an ?
Cy : Les deux premiers tomes seront à la suite.
M. D. : Oui, à un an d’écart, et après on verra si Cy n’est pas trop sur les rotules.
Cy : De toutes façons, je ne prendrai pas d’autre boulot entre-temps, c’est acté, c’est un marathon. La « mise au frigo » a été un peu courte, elle n’a duré que six mois pour le premier tome, j’ai commencé à rogner sur le tome deux. Il y aura peut-être deux mois de plus pour le tome trois et un peu plus pour le tome quatre.
Il y aura une fin au bout des quatre tomes ?
M. D. : Il y aura une façon de clôturer l’histoire.
Cy : L’arc se termine.
M. D. : Absolument, après on sait que rien ne s’arrête, mais c’est une façon de clôturer la série.