La publication en 2021 par l’Association de la foisonnante anthologie Maxiplotte (en Sélection Patrimoine au Festival cette année) a permis à celles et ceux qui ne la connaissaient pas, de découvrir le travail subversif et radical de Julie Doucet.
Entre 1987 et 1999, dans les fanzines et les comics qu’elle a publiés (et en particulier dans les 12 numéros du mythique Dirty Plotte), l’autrice canadienne a été une des pionnières de l’autobiographie en bande dessinée, en racontant son quotidien mais aussi ses rêves et ses cauchemars. Avec un ton éminemment personnel et libre, sans aucun souci des convenances, avec un trait qui réussit ce miracle d’être à la fois crade et superbement élégant, elle a élaboré une œuvre radicalement féministe qui aborde des thèmes et des motifs rarement évoqués, surtout de façon aussi directe, le corps, les règles, les fantasmes sexuels, les questions de genre...
C’est une grande autrice que le Festival est heureux d’accueillir cette année. Et si elle n’a rien publié depuis bien longtemps, il paraît qu’elle n’en n’a pas fini avec la bande dessinée !
Julie Doucet, née en 1965 à Montréal, est l'une des autrices de bande dessinée les plus importantes de la fin du siècle dernier. Après avoir étudié les arts plastiques au Cégep du Vieux Montréal au début des années 1980, elle s'inscrit à l'Université du Québec à Montréal, où elle complète un certificat en arts d'impression. Au cours de ses études, elle découvre la bande dessinée et commence à publier un fanzine photocopié : Dirty plotte, dans lequel elle documente en français et en anglais sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses. Le titre est repris en 1991 par l'éditeur Drawn & Quarterly à Montréal qui les publie.
Après avoir vécu à New-York, Seattle et Berlin, Julie Doucet est retournée à Montréal où elle vit et travaille, opérant désormais dans un champ plus proche des arts graphiques (collage, poésie, roman-photo). Ses travaux, qu'elle édite en tirage limité en sérigraphie, sont parfois publiés par Drawn & Quarterly. L'essayiste Anne-Elizabeth Moore a publié en 2018 une étude sur l'œuvre de Julie Doucet (Sweet Little Cunt: The Graphic Work of Julie Doucet), qu'elle perçoit comme précurseure d'un nouveau féminisme en bande dessinée.