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Deux flics à New York

Entretien avec Jean et Simon Léturgie

Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout Interview 14/06/2021 à 11:34 6361 visiteurs

On les croyait définitivement perdus dans les bas-fonds de New York ou filant désormais le parfait amour avec la célèbre Courtney Balconi - cette dernière hypothèse étant sans doute la moins crédible. Plus de 10 ans après leurs dernières aventures, Spoon & White, les pires flics que la Grosse Pomme ait connus, reviennent enfin dans une enquête mêlant gaz de schiste, stupéfiants et... Mad Max. De la franche rigolade concoctée par les Léturgie père et fils.


Plus de 20 ans déjà que le premier tome de Spoon & White est sorti...

Simon Léturgie : À l’époque, on faisait déjà Polstar et on avait également une petite série qui s’appelait Tekila. Yves Schlirf (Directeur éditorial chez Dargaud entre autres, NDLR) l’aimait beaucoup et il aimait beaucoup Yann tout comme nous. Il nous a suggéré de travailler ensemble sur un projet. Il espérait avoir Tekila avec Yann en plus dedans. On lui a préparé finalement autre chose et il nous a répondu que ce n’était pas ce qu’il attendait. C'était Spoon & White. On l’a alors fait tourner chez les éditeurs et il y a Laurent Duvault, qui lançait la collection Humour libre chez Dupuis, qui a pris ce projet.

À l’époque, vous aviez créé une structure éditoriale, Eigrutel. Pourquoi ne pas l’avoir choisie pour éditer Spoon & White ?


S.L. : Parce que l’idée était de travailler pour un éditeur, suite à la demande de Yves Schlirf.

Comment est venue l'idée de ce duo de flics ?

Jean Léturgie : Ma mémoire est trop fragile pour me souvenir exactement de comment c’est parti. Je me souviens simplement qu’on avait imaginé un premier personnage qui aurait fait la guerre du Vietnam et qui se serait appelé Spoon mais Simon est intervenu tout de suite en faisant remarquer que ce n’était pas possible pour son âge. On l’a donc passé à la trappe et on a fait un petit personnage qui était un peu le mix de ce que j’aime bien : dessins animés Disney et compagnie, et de ce qu’aimait Yann à l’époque : Clint Eastwood. Donc on a un peu mélangé les deux. Ensuite, Simon nous a fait des personnages à partir de ce concept qui étaient tout à fait adaptés.

S.L. : Il y aussi une inversion de la « norme », le fait que ce soient les deux seuls blancs d’un commissariat de noirs. À l’époque où on avait proposé Spoon, il avait un trait sur la joue et la réaction des éditeurs a été de dire qu’on aurait dit qu’il était noir. C'était bien au-delà de mes préoccupations parce qu’on avait Space cake à l’époque, une série avec un capitaine noir parce que « ça manquait de diversité ». Comme les États-Unis ont ce problème par rapport aux questions raciales, c'était assez idéal et comique de faire l’inverse, et progressiste à mort (rires) !

Finalement l’idée du vétéran du Vietnam revient dans le tome 9…

J.L. : Oui c’est un peu ça.

Après quatre albums sortis entre 1999 et 2004, vous quittez Dupuis pour Vents d’ouest...


J.L. : Vas-y Simon, réponds puisque c’est toi le responsable (rires)…

S.L. : En fait, pour les collectionneurs, c’était déjà compliqué parce que même s’ils ont des albums de Dupuis, ils ne peuvent pas avoir une collection Dupuis cohérente car on changeait régulièrement de collection : Humour Libre, Tout Public, Repérages... Nous nous sommes dit que nous allions continuer et nous avons carrément changé d’éditeur (rires). Nous sommes bien désolés mais à présent, chez Bamboo, nous devrions trouver de la cohérence et avoir enfin l’ensemble sous une maquette qui réjouisse le collectionneur moderne.

J.L. : Tous les albums vont être réédités dans la même collection avec huit pages supplémentaires à chaque fois.

Les couvertures seront-elles identiques ?

S.L. : Les couvertures seront différentes et nous sommes partis sur une idée de « bonus DVD » où, à la fin, il y a des histoires courtes, des gags, des illustrations… Pour faire un bel objet à l’arrivée.

Quatre nouveaux albums sont donc sortis chez Vents d’ouest jusqu’en 2010 pour le tome 8, le tome 9 était annoncé à la fin du dernier tome... et nous voici dix ans plus tard…

J.L. : C’est toujours Simon (rires)…

S.L. : En 2008, Dominique Burdot (alors directeur général délégué des éditions Glénat, NDLR) quitte Vents d’Ouest. Il nous laissait un peu faire ce que nous voulions sur la série et nous étions vraiment bien soutenus sur les albums. La direction changeant et n’ayant pas une bonne communication avec eux, nous sommes arrivés à la fin du fameux cycle de quatre albums (rires) alors il fallait partir ! Comme nous avions des contrats à durée limitée de quinze ans, nous avons attendu que l’ensemble des albums soient libres de droit pour continuer ailleurs.

Qu’est-il advenu de l'album annoncé à la fin du tome 8 ?

S.L. : Je crois qu’il est dans un tiroir qui ressemble à une poubelle (rires).

J.L. : À la fin de chaque album, on essayait de trouver un sujet et on trouvait un titre pour faire une page annonce à la fin comme il y a dans les films de temps en temps et on n’a pas toujours suivi ce qu’il se passait à ce moment là.

Simon, en 2016, vous reprenez le dessin des Profs chez Bamboo. Est-ce la raison pour laquelle Spoon & White a été signé chez eux ?

S.L. : Ça n’a pas grand chose à voir parce qu’on avait déjà failli faire le huitième chez Bamboo. Olivier Sulpice, le patron de Bamboo, était demandeur donc on savait qu’il aimait bien la série. Nous, nous étions entre deux, on pensait justement aux collectionneurs, aux tranches des albums dans la bibliothèque, on voulait bien faire… donc on a signé le huitième chez Vents d’Ouest. Par la suite, comme ça ne fonctionnait pas très bien à ce moment-là, nous sommes partis faire d’autres choses les uns et les autres en attendant.

Quand on a laissé de coté ses personnages pendant plusieurs années, est-ce difficile de les retrouver graphiquement ?

S.L. : J’ai toujours continué à faire des strips avec des petites histoires de Jean. Ils étaient récurrents dans le carnet. Après, le dessin évolue, surtout que je suis passé par pas mal de reprises de style entre Gastoon où il fallait que je mette ma main plus « à la  Franquin », Les Profs où j’ai forcé pour aller vers le dessin de Pierre (Tranchand, alias Pica, NDLR). Ça fait perdre le naturel mais c’est revenu vite, enfin, j’espère (rires) !

J.L. : Je te rassure, oui, c’est bon (rires) !


Quand vous écrivez un scénario pour Spoon & White, qui vient en premier, le thème ou les références qu’on va y intégrer ?

J.L. : En premier c’est le thème. Nous en discutons Simon et moi, et Simon voulait faire une aventure où l’on voit la famille de Spoon. À partir de là, nous sommes partis sur un sujet qui a évolué au fur et à mesure. Nous avons fait une première séquence qui se passe sur le port. Ensuite, on a amorcé diverses pistes pour arriver finalement à l’exploitation du gaz de Shit. On a toujours beaucoup de pistes qui rendent très difficile de dire à l’éditeur : on va faire tel album avec tel sujet ou telle histoire. Heureusement, Olivier nous a fait confiance. C'était un peu inconscient de sa part, peut-être, mais je pense qu’à l’arrivée ça se tient même si ce n’est pas l’histoire qu’on avait quand on l’a commencée il y a deux ans et demi.

Quelle était l’histoire auparavant ?


J.L. : C'était une histoire de tableau, que l'on retrouve d'ailleurs dans la première séquence de l'album. On l'avait développée, on avait découpé plein de séquences et puis finalement on a tout mis à la poubelle et on a fait autre chose… Ça fait partie du boulot.

Résultat, l'album comporte finalement deux histoires distinctes...

J.L. : C’est ce qu’il se passe aussi dans le premier album. On part sur une histoire de photo puis on continue sur une prise d’otage... L’important c’est de faire une première séquence pour amorcer ce qui va arriver derrière.

S.L. : On gardait aussi la thématique familiale avec le tableau de l’aïeule…

Avez-vous déjà pensé à faire un concours de lecteurs pour récompenser celui ou celle qui parviendrait à trouver toutes les références dans tous les albums ?

J.L. : Je ne sais pas (rires). L’éditeur a peut-être eu cette idée mais pas nous. Simon a plus de contacts que moi avec les lecteurs…

S.L. : Ce serait horriblement compliqué, je ne serais même pas capable de gagner le concours. Comme il y a des références aussi dans les textes, comme Au revoir là-haut ou des choses comme ça, ça devient très chaud à faire à mon avis.


C'est chose faite - NDLR


Comment parvenez-vous à soutenir un rythme aussi élevé tout au long de l'album ?

J.L. : Simon y est pour beaucoup, parce que quand j’arrive avec un découpage qui fait dix pages il m’en fait trois (rires) et je suis obligé de suivre le rythme. Il fait vraiment un vrai travail de mise en scène là-dessus et un travail de réalisateur.

Les dialogues contribuent également à ce rythme effréné...

J.L. : C’est une partie de ping-pong. Quand je fais un premier découpage, Simon le remanie allègrement, il m’envoie une mouture où je réécris du dialogue dessus. Puis je lui renvoie et il refait, remodifie des dialogues. Nous sommes ainsi impliqués tous les deux dans la partie dialogues, jusqu'au dernier moment où il encre. Parfois, même au moment d’encrer, il m’appelle en me parlant d’un dialogue qu’on devrait modifier et on modifie une nouvelle fois

Comment avez-vous fait évoluer votre dessin depuis 20 ans ?

S.L. : Je pense être mal placé pour en juger. Quand on a le nez dessus en permanence c’est un peu compliqué. Il y a des tentatives à être plus précis quelques fois notamment sur les expressions ou à faire des décors un petit peu plus riches pour les lecteurs. Je m’étais fait aider par Frank Isard sur trois tomes et j’avais pas mal appris. Après, l’évolution du dessin, c’est assez compliqué parce que le dessin est quelque chose de sincère donc pas forcément très réfléchi. L’évolution tient surtout de l'apprentissage. Il y a des qualités que j’avais il y a vingt ans et que j'ai perdues mais que je compense par plus de technique peut-être ou plus de possibilités.

La couverture du tome 8 était inhabituellement sobre. Celle du tome 9 repart en revanche sur la même base que les précédentes...

S.L. : Pour la ressortie, on a pensé « graphisme » et pas « illustration » sur les nouvelles couvertures. Quand j’ai fait la couverture du tome huit, je pensais qu’on allait arrêter la série donc elle a un coté un peu nostalgique, tout le monde est de dos et on a l’impression qu’ils s’en vont et qu’il n’y a plus rien derrière…

Ou qu’il vont sauter de la falaise !

S.L. : Grosso modo c’est ça (rires) ! Là, c’est beaucoup plus simple, on a travaillé avec Bruno Boileau, qui est graphiste chez Bamboo sur deux parties principales. Il y a une partie centrale qui évoque directement l’histoire et, sur les cotés, ce sont plus des scènes d’ambiance mais qui vont avoir une couleur commune, ce qui permet d’avoir une identité graphique à chaque fois. Ça découle de discussions que j’ai eues avec d’autres dessinateurs dont une qui ne s’en doute absolument pas parce qu’on ne s’est vus que trois fois mais où on a discuté à bâtons rompus. Je lui ai posé toutes les questions sur l’art de faire les couvertures. Il s'agit de Stéphanie Hans qui travaille pour Marvel en tant que cover-artiste et c’est tout un boulot que l’on a pas en France. Cette discussion-là m’a vraiment orienté pour faire les nouvelles.

Si on comprend bien vous signez donc pour quatre albums chez Bamboo ?

(Rires)
J.L. : Il va être content Olivier !

S.L. : C’est surtout pour toi que je m’inquiète papa (rires)…

J.L. : Je ne sais pas si je tiendrai le coup (rires) !

La suite de Polstar, est-ce quelque chose d’envisageable ou cela tient-il de la science-fiction ?

J.L. : Oh, il y a une page de faite…

S.L. : Oui… C’est envisageable mais c’est très compliqué pour moi. Polstar était très violent comme univers et ça correspondait à des colères que j’ai soignées à coup de séances de psy donc comme j’ai payé… Après, on a la fin, l’histoire est très claire pour moi mais je comprends la frustration des lecteurs parce que les gens aimaient bien la série. Encore une fois, c’est une question de sincérité, je me sens en partie en décalage par rapport à ce qu’il y aurait à mettre comme énergie, donc ça amène à se conditionner et je ne suis pas sûr d’avoir envie de me remettre dans des colères terribles…


Simon, vous sortez également un album jeunesse chez Bamboo qui n’a rien à voir : Les Trois petits cochons…

S.L. : Alors que là on n’en a que deux avec Spoon & White (rires) ! C’est venu d’une envie. Pour moi, la BD jeunesse est celle qui fait directement sens. Elle touche l’affect, on a tous cette tendresse pour ce qu’on a lu enfant. Par la suite ça devient davantage du divertissement, même s’il est intellectuel, alors que la BD pour enfant, c’est structurant très tôt. J'aime bien aussi quand des amies infirmières me disent qu’elles ont vu des gamins dans la chambre de leurs parents en train de lire Les Profs. Les Trois petits cochons est une réédition, puisque déjà sorti en 2012. J'ai tous mes copains qui l"ont pris pour leurs enfants et qui m’ont maudit tellement ils ont dû le lire et le relire.





Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout

Bibliographie sélective

Spoon & White
9. Road'n'trip

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Note: 3.8/5 (18 votes)

Polstar
1. Le Mérou

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  • 3
  • 4
  • 5
  • 6

Note: 4.1/5 (14 votes)

Tekila
1. Tekila #1

  • Currently 5.00/10
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  • 5
  • 6

Note: 5.0/5 (2 votes)

Space cake
1. Comique Trip

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Note: 4.0/5 (8 votes)

Gastoon
1. Gaffe au neveu !

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Note: 2.5/5 (35 votes)

Les profs
23. Heure de cool

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Note: 4.3/5 (3 votes)