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Une Femme dans l'Ouest

Entretien avec Thierry Gloris et Jacques Lamontagne

Propos recueillis par L. Cirade Interview 08/07/2020 à 09:41 6933 visiteurs

Voilà un duo d'auteurs qu'on a grand plaisir à retrouver ! Après Aspic, Thierry Gloris et Jacques Lamontagne traversent l'Atlantique pour donner leur version de la célèbre Calamity Jane. Paysages somptueux portés par un dessin puissant et réaliste, scénario captivant mené tambour battant : bienvenue dans Wild West !

Voici le duo d’Aspic reconstitué, était-ce inévitable ?

Jacques Lamontagne : C'était une volonté commune de travailler à nouveau ensemble sur un tout autre projet.

L’aviez-vous prévu depuis longtemps ?

Thierry Gloris : Non, ça s’est fait comme ça. Ça s’est imposé tout seul.

J.L. : C'était il y a trois ans.

T.G. : À la suite d’Aspic, tu voulais faire ta série à toi, ce que j’ai totalement compris. Jacques avait besoin de faire son histoire.


L’album était prêt depuis un an mais il a été retardé pour éviter une attente trop longue entre les différents tomes. Frustrant ?


J.L. : La seule frustration qu’il y a, c’est que dans cet intervalle d’une année on a vu débarquer plein d’autres westerns… Sinon, je pense que la décision de Dupuis de retarder cette sortie afin que les deux tomes se suivent dans un intervalle moins long, c'était une sage décision. Thierry a complètement terminé l’écriture du tome 2, moi j’en suis à la page 20 donc, logiquement, le tome 2 sortira en janvier prochain.

Finalement, on en sait assez peu sur la vie de Calamity Jane. Quels sont les faits dont nous sommes sûrs ?

T.G. : Dans l’absolu, ce n’est pas qu’on en sait peu, c’est qu’on en sait trop… Je dirais qu’il y a à boire et à manger. Le but du jeu c’est de faire un tri en tant qu’auteur et non en tant qu’historien. J’ai fait le tri et j’ai récupéré ce qui m’intéressait par rapport à la thématique que je voulais développer. J’ai fait mon choix parmi toutes ces informations.

Y a-t-il des choses qui se contredisent ou qui s’emboîtent mal ?

T.G. : Ce n’est pas vraiment ça, c’est vraiment le fait qu’il y en a trop… Il y a tellement d’aventures... À un moment donné, elle part à l’armée, mais ça n’a pas pu durer des mois… J’ai du mal à comprendre qu’une femme puisse se cacher des troupiers pendant autant de temps, ils jouent là-dessus. On sait qu’elle a eu des enfants mais on ne sait pas combien, on ne connait pas les pères non plus. Il y a eu des espèces de rumeurs sur le sujet, comme quoi elle aurait eu un enfant avec Wild Bill. Elle a eu un mari mais elle s’est séparée, il était alcoolique… Trier le vrai du faux là-dedans est assez compliqué et, très honnêtement, par rapport à mon travail de scénariste, j’ai pris ce qui m’intéressait pour construire une histoire.

Il y a déjà eu quelques références comme le Martha Jane Cannary de Perrissin et Blanchin. Vous avez fait comme si ça n’existait pas ?

T.G. : Très honnêtement, je ne l’ai pas lu, et je l’ai fait exprès. Qu’on soit bien clairs, ce n’est pas de la fainéantise. Je me suis dit que quand j’aurai fini ce mini-cycle, parce que ça va continuer, on pourra parler du titre de l’album parce qu'à la base ce n’était pas du tout un biopic sur Calamity Jane. L’idée, c’est d’avoir deux personnages principaux qui sont Wild Bill et Calamity Jane et qui ont des aventures ensemble dans l’ouest, point. Le pitch de base, à l’origine, c’est ça mais ça s’est transformé un petit peu. Si on a une suite sur le 3 - 4, on va continuer, Calamity sera là mais ça ne sera pas forcément centré sur elle. Tant qu’on en parle, le tome 1 s’appelle Calamity Jane, mais le défi pour le lecteur c’est de trouver à quel moment on l’appelle comme ça dans l’album. Jamais ! Ce qui s’est passé, c’est qu’avec Dupuis, comme ils l’ont eu un an à l’avance, les commerciaux l’ont lu, ça a tourné, ils ont bien fait leur boulot, et on a eu des retours par rapport à leur propre lecture. Au départ, l’album s’appelait Une Femme dans l’ouest, Calamity Jane n’était absolument pas citée. Je savais que c'était elle puisque j’ai pris son prénom.  Ces premiers lecteurs sont donc revenus vers nous en nous disant « mais c’est Calamity Jane ! » C'était bien, ils avaient compris l’album. Quand on leur a répondu que oui, ils nous ont dit qu’il fallait l’utiliser parce que c’est une approche intéressante. Au départ, je n’étais pas super chaud puis ça s’est imposé au fur et à mesure… C’est intéressant parce que toute mon approche est basée sur ce personnage là. Il y avait une espèce de pudeur de scénario ou d’écriture et en fait je ne révèle ça que dans le tome 2, une explication qui n’est pas historique, c’est la mienne.

En quoi cette héroïne est-elle chargée de symboles ?

T.G. :  Citez-moi une grande figure de l’ouest féminine... Des hommes, il y en a plein, mais pas de femmes. Alors voilà pourquoi au niveau symbolique elle était importante, parce que c’est la seule qui vient en tête. Après, au niveau de l’histoire, j’ai travaillé autre chose parce que personnellement j’ai fait un western en respectant tous ses codes. En revanche, j’ai impulsé des thématiques complètement différentes. Dans l’absolu, on n’est pas forcément dans une vengeance, on est plutôt dans un chemin de vie, un chemin de vie de femme, d’où le titre original  Une Femme dans l’ouest.

Par moments, vous avez fait le choix d’une narration à la première personne, symbolisée par les bulles bleues...

T.G. : C'était pour être dans l’empathie avec le personnage et aussi pour montrer quel était le personnage principal de cet album là. On risque d’avoir d’autres narrations avec un autre personnage qui amènera un axe un petit peu différent.

Omaha est un concentré de vies où on y trouve de tout : la prostitution, l’alcool et le jeu...

T.G : Omaha, pour moi, c'était le symbole d’une ville de l’ouest, proche de la frontière. Ce qui nous importe réellement, c’est la porte de l’ouest, le début de quelque chose. Dès que l’on dépasse Omaha vers l’ouest on arrive dans le Wild West, c’est sauvage. À l’est on est dans quelque chose d’un peu plus civilisé. Omaha, c'était intéressant et aussi lié au train, je sais que c'était le passage, c’est pour ça que je l’ai choisie. Je voulais aussi une ville du nord, je ne voulais pas bosser sur le désert de l’Utah, j’avais envie de travailler un peu différemment. Entretemps est sorti le film Les Huit Salopards qui a aussi amené le Western dans la neige. Avant celui-là, il n’y en avait pas eu des masses. C'était moi qui voulais travailler le western dans la neige, la boue, la gadoue, pas dans le sable, le soleil…


Le salut de Martha passe par le maniement des armes, un moyen de niveler le rapport de force entre un homme et une femme ?

T.G. : On aborde le cœur du sujet. Je n’ai pas de passion pour le western en bande dessinée. J’en ai lu bien sûr, parfois on me parle de Blueberry, j’en ai lu aussi mais je n'en suis pas un spécialiste, très loin de là. En revanche, j’aime bien tout ce qui est western au cinéma. Au départ, on ne devait pas bosser sur un western mais sur une communauté. L’idée de la communauté dans l’ouest, c’est venu après. Quand j’ai commencé à écrire cet album-là, il y avait les élections de Donald Trump. Pour moi, les Américains c’est un peuple que je respecte énormément, j’ai été élevé avec le dessin animé Tom Sawyer, ils sont gentils, c’est l’aventure... Il y a un petit coté hyper sympa et je me suis demandé comment ce peuple a pu élire Donald Trump... Vu depuis l’Europe, c’est la violence, l’invective, c’est tout ce que je n’aime pas… Ma thématique sur le western ça a été ça. Comment trouver des biais pour essayer de comprendre pourquoi ce peuple a pu élire Donald Trump. Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose dans l’histoire de l’ouest qui a pu forger une mentalité qui a amené cet homme-là. C’est ma réflexion, je ne dis pas que c’est vrai ou que c’est une vérité. C'était vraiment ce qui m’intéressait.

D’ailleurs, vous en faites le gérant du bordel !


T.G. : Ça, pour le coup, c’est moi qui ai dit a Jacques : « tiens, prends la photo, c’est lui le méchant, il est horrible, il abuse, c’est Donald Trump ! »

J.L. : L’image s’est imposée d’elle-même. Un personnage grotesque assez gros… Immédiatement les traits de Trump sont apparus sous le crayon.

T.G. : Tu les as un peu atténués quand même…

J.L. : Oui mais en fait ça n’a jamais été le portrait de Trump, mais de façon inconsciente c’est devenu un personnage qui ressemblait étrangement à Trump.

T.G. : Moi, personnellement, dans ma tête, c'était lui. C'était clair, c'était ce personnage là qui devait jouer ce personnage. Et Jacques a mixé les deux.

J.L. : Inconsciemment.

On ne recherche pas la ressemblance mais on y pense forcément…

T.G. : C’est que ça fonctionne (sourire)…

Qui vous a inspiré le personnage de Martha ?

J.L. : Si on s’était basés sur les traits réels de Calamity Jane, je crois qu’il aurait été plus difficile de s’attacher à ce personnage, donc on l'a consciemment embellie afin que ce soit plus aisé de s’y attacher et de prendre partie pour cette jeune femme. Les photos qu’on peut voir sur internet ou dans les bouquins, ce n’est pas tout à fait ça…

T.G. : C’est plutôt une matrone, une maitresse femme…

J.L. : Qui ressemble davantage à la Calamity Jane de Morris.

T.G. : Mais d’un autre coté, on ne sait pas comment elle était à quinze ans. Sur les photos qu’on a, elle doit avoir une trentaine d’années quand elle a commencé à devenir célèbre. Si ça se trouve, elle avait 20 kilos de moins, toute pimpante, toute jolie, et puis la vie l’a ravagée. On n’a qu’une image figée, on n’a pas toute sa vie, donc pourquoi pas ? En tout cas c’est mon parti-pris.

Si on revient sur la manière de gérer les conflits, Hickok est le seul qui a un certain sens de la justice…

J.L. : Il n’y a pas zone grise avec ce personnage.

T.G. : Pour moi, il représente tout ce qui peut être bon et mauvais aux États-Unis. Pas forcément mauvais, mais disons que pour moi c’est un homme de valeurs. De la même manière qu’il y a eu certains Américains qui avaient des valeurs forcément liées à la bible, ça s’est un petit peu perdu. Ils n’étaient pas forcément croyants mais il y avait ce « terreau » qui était là. Il y avait des valeurs fortes, viriles, très rattachées au terroir. Il y avait « le bien », « le mal », et « mes intérêts »… « Mes intérêts », c'était le principal et après avec ce prisme-là, il restait « le bien » et « le mal », il n’y avait pas de tiédeur.

C’est un peu le discours de Martha quand elle dit : « je tiens plus à ma vie qu’à la vôtre »...

T.G. : Pour moi, dans l’idée, c’est l’ouest sauvage. La priorité, c’est de sauver sa peau et faire fortune.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la colorisation ? Vous utilisez beaucoup de grains pour éviter un coté trop lisse ?

J.L. : Exactement. Nous voulions que le lecteur ressente la boue, la saleté, la crasse. J’ai développé des pinceaux spécifiquement pour Wild West afin d’obtenir cette approche un peu plus naturelle. En effet, je voulais éviter de faire quelque chose de trop lisse, de trop esthétique. C’est rugueux, il y a une patine à travers Wild West et c’est ce que je voulais retranscrire avec le dessin et les couleurs.

Il y a également tout ce travail sur les ombres et la lumière…

J.L. : Voilà, on peut avoir des éclairages diffus si c’est nuageux mais dès l’instant où l’on entre dans une pièce, c’est un éclairage qui est cru, un éclairage à la lampe à huile, ce qui jette forcément des ombres très fortes avec des éclairages assez vifs mais également des teintes très chaudes. Ce que je voulais également c'était rythmer, ponctuer l’album avec des scènes chaudes et d’autres plus froides, je trouvais que ça faisait de belles transitions entre chacune de ces scènes.

Comment avez-vous choisi la couverture ? Y a-t-il eu une hésitation entre celle choisie et le quatrième de couverture ?

J.L. : Pour la couverture, j’ai proposé à partir d’un crayonné que j’avais fait lors de la recherche sur le personnage de Calamity Jane, d’en faire une huile et de l’adapter pour la couverture. Dans un premier temps, il y a eu un peu de réticence, on n’était pas certain chez l’éditeur…

T.G. : Mais tu as eu l’intuition dès le départ de vouloir mettre le focus sur le visage du personnage.

J.L. : Oui et ce n’est pas un personnage qui est souriant ! C’est un personnage qui est terne, presque fatigué par la vie. On voit qu’elle est jeune mais pour une jeune femme de seize ans elle a les yeux durs. On a tout le travail sur le cuir… Cette image s’est imposée. En premier lieu, Dupuis n’était pas certain, mais avec le retour que l’on a maintenant de la part des lecteurs, on sait maintenant que c'était le bon choix. Ça se voit de loin, c’est impactant, et on sent qu’il y a une histoire derrière ça.

T.G. : Moi, j'étais plus réticent parce que je connais le talent graphique de Jacques et je pensais qu’il pouvait me faire quelque chose avec un grand décor.

J.L. : Pour le quatrième de couv’, j’avais proposé à Dupuis d’intégrer cette ouverture parce que c’est un appel à l’aventure. Ce que je trouve fabuleux dans l’écriture de Thierry au tout début de l’histoire, c’est qu’on part avec cette espèce de naïveté : c’est la joie, la chanson tout ça et là on bascule dans l’horreur avec l’arrivée des trois brigands qui trucident la famille.

T.G. : C’est exactement l’idée, j’ai Tom Sawyer en tête avec la chanson à la télé et tout d’un coup on bascule sur BFM TV avec les élections de Trump… Et là, on se dit « mais nan, nan ! »… Et on essaye de comprendre.

J.L. : Ce qui est intéressant également c’est que la chanson sert de transition lorsque Wild Bill Hickok arrive…

T.G. : … Et que le mec est sur les chiottes, c’est exactement ça. Tu allumes la télé et tu te dis « mmmmh on est pas dans le caca… », c’est tout à fait ça au niveau de la métaphore.

Il y a aussi cette double page qui est fabuleuse… (Les pages de garde, NDLR)

J.L. : C’est une scène qui n’existe pas et qui peut-être existera dans les prochains tomes. C’est amener le lecteur dans un univers, dans un paysage qui est intéressant.

T.G. : Quelque part, là, on a la série. Les deux personnages principaux, peut-être un troisième et un quatrième qui viendront, un troisième c’est quasiment sûr parce que je sais déjà où on va mais la série, elle est là. C’est pas un biopic, c’est une histoire d’aventure entre deux personnages dans l’ouest sauvage.

On peut imaginer qu’ils se sont exilés ?

J.L. : On peut imaginer n’importe quoi, ça peut être une pause après une longue chevauchée, on peut imaginer ce que l’on veut.

T.G. : C’est la série, ce sera deux personnages qui vont faire un bout de chemin ensemble, qui risquent de partir à un moment donné et revenir, on est là-dedans et c’est l’ouest. Ce n’est un biopic ni sur l’un ni sur l’autre.

Combien de temps avez-vous travaillé sur ce dessin ?

J.L. : Ça devient difficile de quantifier le nombre d’heures que je passe sur ces dessins. Pour la couverture, j’ai pu y passer plusieurs jours, je n’ai pas compté. Pour ce dessin, c’est très certainement deux à trois jours de travail. Certaines planches me prennent quatre jours, presque une semaine, d’autres un peu moins mais il y a beaucoup beaucoup de boulot sur Wild West.

T.G. : Je pense que ça se voit…

Je vais donner dans la caricature mais Martha en chevalier d’Éon c’est quelque chose qui vous suggère des situations cocasses ?

T.G. : Le cocasse il faut aller le chercher dans Aspic, là, non.

J.L. : On s’était donné comme base au niveau de la tonalité la série télé Deadwood, c'était très rude, crasseux, véridique, on est loin du western d’Hollywood. C’est exactement ce que l’on voulait retranscrire donc l’humour ne fait pas partie de Wild West.

T.G. : J’ai mis le coté « femme en uniforme » parce qu'on le voit dans la biographie mais j’ai des doutes là-dessus. C'était une espèce de passage obligé donc je l’ai mis, il n’y aura ni burlesque ni cocasse. Sur le tome deux ça ne dure pas très longtemps non plus. C’est juste un élément de sa biographie que j’ai mis et qui sert le récit car, si elle ne portait pas l’uniforme, il ne se passerait pas ce qu’il se passe ensuite.

Lorsque l’on découvre le titre pour la première fois, on a l’impression qu’on va avoir une galerie de personnages plus ou moins connus…


T.G. : Et bien non… Je pense que cette idée vient du fait qu’il y ait eu beaucoup de westerns de sortis à coté. Si on était venus à coté de Undertaker on aurait eu Wild West d’un coté et Undertaker de l’autre, là on se retrouve avec beaucoup de choses sur l’ouest en même temps.

J.L. : Ce qui peut donner cette impression, comme tu disais, c’est que le sous-titre devait être « une femme dans l’ouest » et que la volonté de notre éditeur était de clarifier un peu le personnage. Ceci a pu donner l’impression : tome un : Calamity Jane, tome deux : Wild Bill Hickok, mais c’est pas ça. On ne visitera pas la galerie des personnages célèbres du western.

T.G. : Ils risquent apparaître, ce n’est pas la question, puisqu’ils sont là, mais ce n’est pas le but. Sur le titre Wild West, il y a aussi une anecdote derrière. Je ne suis pas un spécialiste, j’ai suivi l’histoire, j’ai travaillé sur l’émergence d’une identité américaine, mais l’ouest sauvage n’était pas mon truc. Au départ, je bossais sur un western, pour moi c'était associé au Far West et en travaillant dessus j’ai appris que pour les Américains ça n’existait pas… Chez eux c’est le Wild West. J’ai dit à Jacques que du coup le titre serait Wild West (prononcé à la française), il réfléchit puis au bout d’un moment il comprend, « aaaah, Wild West !!! (prononcé à l’américaine) », c'était drôle (Jaques est Québécois et non habitué à la prononciation française de certains termes anglais, NDLR). C’est pour ça qu’est arrivé ce titre-là, c’est parti de mon ignorance très honnêtement car pour moi c'était LE Far West, mais il n’y a que les Européens qui appellent ça comme ça. J’ai compris ça plus tard mais la série qui passait lorsque j'étais gamin : Les Mystères de l’ouest, c'était Wild wild west, pour moi ça n’avait pas de sens mais pour les Américains oui.

J.L. : Si l’on traduit textuellement ça veut dire « l’ouest sauvage » alors ça représente tout à fait ce qu’il y a dans ces pages.

T.G. : C’est là que c’est américain, parce que Far West c’est « très loin dans l’ouest », en incluant le terme de sauvage on sent bien que pour les Américains cette histoire là est sauvage, pour nous elle est juste lointaine. Ça met deux axes différents d’appréciation et c’est en travaillant dessus que je l’ai appris.

Comment est-ce que vous travaillez l’un et l’autre ?

J.L. : Ce qui faut dire à la base c’est qu’on est une mécanique plutôt bien huilée avec déjà quatre albums réalisés ensemble donc on économise un temps fou. Il n’y a pas besoin de me livrer les intentions de Thierry avec ses écritures, on a tous les deux un bon bagage cinématographique et télévisuel et on a des goûts communs en matière d’ambiances. C’est plutôt simple, Thierry m’envoie ses scénarios, ses pages découpées, je lui envoie parfois des espèces de griffonnages que nous seuls pouvons comprendre. On s’entend là-dessus, on corrige quelques petits trucs.

T.G. : C’est exceptionnel que je change le story board, c’est vraiment très rare. Il m’arrive de trouver un petit souci sur le crayonné, de temps en temps, histoire de dire quelque chose…

J.L. : Parfois je vais simplement proposer autre chose à Thierry en lui disant que je ne sens pas une scène ou autre, il n’y a pas de guerre d’égo. Tout ce que l’on veut c’est le bien de la série.

T.G. : Il y a aussi le fait qu’en ayant bossé pas mal d’albums ensemble, je connais ses points forts et je sais là où il est le moins à l’aise. J’anticipe, j’ai tendance à jouer sur ses points forts. C’est pour ça que sur la couverture je pensais qu’il allait faire un truc énorme et c’est pour ça que j’ai été surpris par son choix, maintenant avec le recul je sais que c'était la bonne.

J.L. : Connaissant mes points forts aussi il a quelques fois tendance à abuser, des grandes scènes avec tout plein de figurants…

T.G. : Effectivement, j’abuse…



Propos recueillis par L. Cirade

Bibliographie sélective

Wild West (Gloris/Lamontagne)
1. Calamity Jane

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Aspic, détectives de l'étrange
1. La naine aux ectoplasmes

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Undertaker
1. Le Mangeur d'or

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Blueberry
1. Fort Navajo

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Martha Jane Cannary
1. Les années 1852-1869

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