On ne va pas se mentir, tout le monde connait Uderzo. Ce ne sont pas Astérix et Obélix qui sont orphelins mais des millions de gamins qui ont grandi avec les aventures des deux super-héros français les plus connus de l''empire romain (et au-delà). On lira ailleurs les qualités du dessinateur et du capitaine d'industrie. On a tous mille souvenirs d'Astérix, tous rêvé de reconstituer la potion magique en grappillant les ingrédients album après album. Du gamin qui s'esclaffe, nombreux sont ceux qui ont redécouvert plus tard la finesse du scénario, servi par un luxe de détails des décors et une variété d'attitudes qu'Uderzo savait instiller à ses personnages, même au fin-fond des arrière-plans. Et toujours une lisibilité exceptionnelle.
Parmi ces souvenirs, un me vient instantanément à l'esprit. Au début des années 2000 il y a eu dans le vieux musée de la BD d'Angoulême une grande exposition d'originaux avec tous les grands auteurs. Hergé, Jacobs, Martin, Franquin, Will, Peyo, Macherot. Le panthéon de la grande école franco-belge. Toutes les planches étaient plus impressionnantes les unes que les autres. Mais, mais, toutes avaient leur repentir, leurs crayonnés sous-jacents, leurs coups de blanco, etc. La seule qui était absolument parfaite, vraiment un cran au dessus de toutes les autres, c'était un peu plus loin, dans l'escalier, la planche d'Astérix Le bouclier Arverne dessinée par Uderzo. J'ai passé de très longues minutes, le nez collé à la vitre à la scruter jusqu'à ce qu'on annonce la fermeture du musée. Durant ces quelques instants, c'était un autre espace, un autre temps.
Bon voyage monsieur Uderzo et merci.
"Albert Uderzo est mort dans son sommeil à son domicile à Neuilly d'une crise cardiaque sans lien avec le coronavirus. Il était très fatigué depuis plusieurs semaines", a indiqué son gendre Bernard de Choisy à l'AFP.