En abordant un mythe américain, Eric Hérenguel a conscience de s'attaquer "au genre ultime"(J.Ford) car toujours selon l'auteur il s'agit de "la récurrence du thème biblique opposant le bien et le mal, la terre vierge (l'Eden) et le sang versé."
Il aura attendu près de 15 ans de pratique dans son métier pour se risquer dans l'aventure même si les jalons étaient posés dès 1999 avec une première version de "Lune d'argent".
Mais avant toute chose, le maître-mot de cet album demeure: Plaisir.
Eric Hérenguel a débuté sa carrière de dessinateur dans le journal de Tintin. En 1991, ses premiers albums sortent chez Glénat (Carnivores) puis il succède à Vicomte sur Ballade au Bout du Monde.
Depuis Krän (Vents d’Ouest), il est aux commandes du scénario et du dessin et renouvelle l’expérience dans cette BD.
Il s’entend à dessiner les monstres et autres bêtes diaboliques comme personne ! Les couleurs sont surprenantes, angoissantes mais toujours terriblement "glamour" avec un aspect quasi hollywoodien. Et c'est certainement la raison pour laquelle Vents d'Ouest parle d'une histoire dans le genre "Autant en emporte le vent" . D'ailleurs l'auteur confirme que "les costumes et les coupes de cheveux font référence aux acteurs des années cinquante tel que James Stewart. Mais je développe un sujet orienté vers le fantastique, dès lors j'entre en opposition avec le genre. J'ai consciemment installé les codes dans cet album pour renforcer le contraste avec la vraie nature de mon histoire".
Si les influences d'Eric Hérenguel restent filmographiques ( les Mystères de l'Ouest "pour le coté fantasque et la couleur trés présente dans les images" ou encore Jim Jarmush Dead Man) il évoque également, pour sa propre vision, "des illustrateurs de l'Âge d'Or américain, les Nicolas Wieth , Heinrich Kley, et la plupart des dessinateurs de pulp-magazines."
En ce qui nous concerne, ce " John Wayne " mâtiné de fantasy nous conquiert !