C'était il y a à peine trois semaines, Dargaud annonçait que Sfar et Christophe Blain reprenaient la mythique série Blueberry de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, le temps d'un hommage, d'un "vu par..." comme il en existe déjà pour Valérian et Lucky Luke. Sfar se fendait le lendemain d'une longue diatribe sur Facebook, expliquant comment il avait failli reprendre Tintin, Corto Maltese et bien d'autres et à quel point le défunt Jean Giraud était enthousiaste. Le 27 janvier, pendant le festival d'Angoulême était dévoilée une planche à l'occasion d'une rencontre réunissant les deux nouveaux auteurs autour cette reprise de Blueberry. Bref, l'affaire était sur les rails, sinon dans le sac, et rendez-vous était pris en fin d'année.
C'est pourquoi il est étonnant de voir Philippe Charlier, un des premiers inscrits sur BDGest et toujours vigilant sur l'héritage, la mémoire et l'image de son père, déclarer sur le forum :
Extraordinaire polémique sur un projet où il n'y a pas le moindre contrat signé.
Il y a un projet, un synopsis (qui tient la route mais quelques modifications sont demandées par les ayants-droit Charlier) et deux planches d'essais dessinées où le visage des personnages doit être travaillé.
Pas le moindre contrat n'a été signé par les ayants-droit Charlier, donc juridiquement...cela reste un projet.
et de préciser pour ceux qui se demanderaient pourquoi Dargaud a mis la charrue avant les bœufs :
Forcer la main des ayants-droit de J.M. Charlier serait, de la part de Dargaud... suicidaire pour le moins.
Avec d'un coté le duo Blain/Sfar qui, après l'échec de la reprise de Corto Maltese, illustre par ce nouvel épisode une certaine fébrilité, et d'un autre coté l'hommage de Blutch aux Tuniques bleues, son récent album de BD suédée et sa reprise de Tif et Tondu au printemps, tout ce beau monde donne vraiment l'impression de tenter une OPA sur le patrimoine Franco-belge. Ces anciens de la nouvelle vague semblent fascinés par le tsunami des grands maîtres, comme si avoir bouleversé et réinventé les codes de la bande dessinée n'était pas suffisant et qu'ils étaient encore en quête de légitimité.
A lire aussi :
- La génèse du projet selon Sfar
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