Quand on s'appelle Stephen Desberg et qu'on souhaite donner une nouvelle orientation à sa carrière de scénariste, on est forcément attendu au tournant. Malgré des incursions dans le récit animalier, que ce soit dans le secteur jeunesse avec Billy The Cat ou plus récemment avec Le Dernier Livre de la Jungle, Jack Wolfgang est sa première série avec des personnages anthropomorphes. L'occasion aussi d'évoquer quelques unes de ses séries phare : I.R.$., Cassio, Le Scorpion et aussi quelques surprises... Une rencontre avec Stephen Desberg, même sous la chaleur d'un après midi caniculaire à Lyon, est toujours un moment de fraîcheur.
Une bande dessinée avec des personnages anthropomorphes, c’est une vieille idée ?
Stephen Desberg : Les bandes dessinées avec des animaux, c’est pour moi un vieux thème. J’ai réalisé chez Dupuis Billy The Cat, puis La Vache avec Johan de Moor chez Casterman. J’ai toujours beaucoup aimé les histoires d’animaux. Les succès d’I.R.$. et du Scorpion ainsi que mes autres séries sorties dans cette période m’ont un peu catalogué comme auteur de polar ou de thriller contemporain. J’ai eu le sentiment que ça devenait trop systématique : je développais une chouette relation avec un dessinateur qui me demandait ce genre de choses, l’éditeur me suivait facilement… C’était un peu trop automatique. J’ai donc réfléchi avec mes deux principaux éditeurs, Dargaud et Le Lombard, à la façon de reconstruire quelque chose pour les années qui viennent plutôt que de continuer sur des projets qui prenaient trop la même direction. Bien entendu, on garde I.R.$. et on se repositionne sur Le Scorpion : Enrico Marini va en dessiner le tome douze, puis on va ensuite continuer sans lui pour proposer une parution plus régulière.
Le dessinateur de la suite du Scorpion est déjà trouvé ?
S.D. : Non, ce n’est pas encore fait et je n’ai pas vraiment cherché. Je devais d’abord penser à terminer le scénario du tome douze à la satisfaction d’Enrico qui, entre ses différents projets, n’avait pas vraiment la tête à ça. Je m’étais vraiment interdit de réfléchir à la suite tant qu’un accord sur le tome douze n’était pas trouvé. Maintenant que tout est ok je vais réfléchir avec Dargaud pour trouver un dessinateur. Succéder à Enrico n’est pas du tout facile. On ne va pas chercher quelqu’un qui fasse une copie du Scorpion. On va essayer de trouver un jeune gars qui a du talent et qui pourra prendre des libertés.
Envisage-t-on de façon différente un scénario quand on sait qu’il y aura un changement de dessinateur ?
S.D. Oui. Je vais écrire un synopsis car si j’écris complètement le scénario avec tous les détails, surtout si on cherche un dessinateur qui a vraiment de la personnalité, je suis certain qu’il va vouloir discuter et revenir sur plusieurs points. En écrivant un synopsis de quatre-cinq pages, la discussion sera beaucoup plus facile. Enrico avait pris l’habitude de beaucoup s’impliquer dans le scénario. Quand on a créé Le Scorpion, on a mis deux ans à le développer, il était sur Rapaces à l’époque. On se voyait à l’époque au moins trois fois par an en amenant chacun de nouveaux éléments. On a continué de garder ce fonctionnement avec les années, je vais le voir en Suisse, il vient en Belgique… Il est peu probable que l’on tombe sur un dessinateur qui aura exactement la même personnalité. Cela va être très spécial pour moi de me retrouver sur la même série en prenant cette fois toutes les décisions tout seul, du moins dans un premier temps. Je pense qu’on bossera encore ensemble avec Enrico dans les années à venir. Ceci dit, il m’arrivait aussi de ne pas faire tout à fait ce que je voulais dans Le Scorpion. J’aurais donc une motivation supplémentaire avec ce changement.
Le changement de direction que vous évoquiez passait forcément par une bande dessinée animalière ou par un scénario traitant de la malbouffe ?
S.D. : Je sentais que le public aujourd’hui fatigue beaucoup sur ce qui est perçu comme trop classique. Toutes les approches de dessin avec des mises en page en trois bandes ou avec des codes très ancrés, et peu importe le sujet traité, ont du mal à percer et sont de suite cataloguées « BD classique ». Ma première réflexion a donc été de trouver un moyen de casser un peu les codes de manière à avoir quelque chose de plus frais et de plus dynamique. Je souhaitais également continuer à travailler avec Henri Reculé. Cassio est une série qui a plutôt bien fonctionné, par contre Les Mille et Autres Nuits n’a pas du tout marché. Ça a donc aussi été l’occasion de réfléchir pourquoi ce dernier projet n’a pas fonctionné, aussi bien pour nous que pour l’éditeur qui ne l’a pas non plus très bien défendu. C’est mon épouse qui a eu l’idée d’une histoire avec des animaux, pour lesquels elle trouve Henri plus à l’aise que pour les personnages humains. On en a discuté avec lui et a il a dit oui après quelques heures de réflexion. Évidemment, Blacksad est une grande référence de ce type de récit. Je ne voulais donc pas faire un polar, encore moins dans les années cinquante. J’ai alors pensé à une histoire d’espionnage et à mélanger les hommes et les animaux. La question a alors été de se demander la façon de faire coexister les deux. Il y a eu plusieurs versions dont une dans laquelle Jack était pratiquement le seul animal, ayant été adopté par une famille d’humains et qui attirait l’attention de tout le monde, ce qui était un peu bizarre pour un agent secret. L’idée a fait son chemin et celle d’avoir cette société où il y a aussi bien des humains que des animaux ouvrait finalement le plus de possibilités dont les rapports existant entre les émigrés et les gens de souche. On sent bien dans l’album que les humains considèrent les animaux comme moins intelligents, moins performants… Je me souviens que j’avais eu cette même liberté quand j’avais lancé I.R.$. qui est un pur thriller. Mais le fait de le prendre par le biais de l’argent permettait de réattaquer toutes les problématiques sous un angle différent. Pour Jack Wolfgang, j’ai la même impression. Cette société mixte me permet de revisiter un thème classique avec une autre logique. Comme me l’a fait remarquer Henri, si on retire les animaux et que l’on ne met que des humains, le récit ne fonctionne pas. Il faut néanmoins que tout reste logique. J’ai l’impression d’être un peu plus créatif dans un univers comme celui-ci que lorsque je réalise un polar. Je pense très bien connaître les codes du genre et je pense que, même en les utilisant à ma manière, on ne peut pas non plus se réinventer tout le temps. Je ne compte pas arrêter d’en faire mais simplement en faire beaucoup moins. Je n’ai pas envie de changer de direction mais peut-être de revenir à un projet pour enfants comme je l’avais fait au début de ma carrière chez Dupuis.
Ce qui est intéressant avec les animaux, c’est aussi leur utilisation à contre-emploi, comme celui du loup agent secret…
S.D. : Tout à fait. D’ailleurs, dans le deuxième tome, il y a un pigeon milliardaire très énervé parce qu’on prend les pigeons pour des pigeons. Il souhaite redorer l’image des oiseaux de manière générale.
D’où le titre du deuxième tome…
S.D. : Le Nobel du Pigeon, oui.
Êtes-vous un militant de la cause végétarienne ?
S.D. : J’ai une alimentation un peu particulière, je mange très peu de viande. Ça n’a rien de religieux puisque je peux aussi manger un hamburger aux États-Unis (sourire). Je ne suis pas végétarien mais je suis sensible à la manière dont on traite les animaux. Je trouve que le végétalisme est une démarche un peu forcée, mais pourquoi pas… Je suis surtout sensible à l’exploitation industrielle parfois très cynique dans laquelle l’argent est roi et le public n’a pas à connaître les méthodes utilisées pour y parvenir.
Pour beaucoup de monde, une société dans laquelle le tofu serait roi est une vision cauchemardesque !
S.D. : (rires) Certainement. Idéalement, dans une société future, on pourra imiter parfaitement les goûts de tous. Les habitudes alimentaires seront-elles alors changées ? Je n’en sais rien.
La mise en place de l’univers est expliquée dans un texte en début de récit. N’avez-vous pas eu envie de la mettre en dessins ?
S.D. : Si, bien sûr. Mais ça me paraissait difficile de commencer par une introduction dessinée, un préalable qui aurait pris plusieurs pages. Alors que j’aime bien, dès le début, positionner le héros, montrer qui il est et le mettre en situation. Mais je pense que l’on reviendra certainement là-dessus plus tard si la série a de l’avenir devant elle. Les lecteurs aujourd’hui n’ont plus beaucoup de patience, il faut pouvoir les convaincre le plus vite possible. C’est l’une des raisons pour lesquelles on a opté pour un récit complet pour ce premier tome : pas de diptyque, pas de cycle… La plupart des éditeurs ne souhaitent plus trop ce genre de choses. Ils veulent toujours construire des séries mais en mettant le maximum de choses tout de suite, aux auteurs ensuite de se renouveler pour les tomes suivants. Cela signifie aussi une pagination plus importante, et même si ce n’est pas trop dans les habitudes du Lombard, ils ont accepté.
Même si le récit se déroule dans de nombreux pays, le premier visité est les États-Unis, une tradition dans vos albums…
On retrouve d’ailleurs Samuel L. Jackson en compagnie de John Travolta dans l’album…
S.D. : (rires) Absolument. Un clin d’œil à Tarantino ! Dans Kingsman, il y a beaucoup de références aux anciens James Bond mais, en même temps, il y a une vraie histoire. On a envie de savoir ce qu’il va arriver aux deux personnages… Il y a aussi un ton qui est très moderne et très décontracté, un peu comme dans Deadpool. Ce mélange de tons est très intéressant, on ne peut pas être tout le temps sérieux.
Il n’y a pas eu de casting pour le choix du dessinateur ? Henri Reculé était une évidence ?
S.D. : Oui, c’était une évidence déjà parce que Les Mille et Autres Nuits n’ont pas du tout marché et nous avons beaucoup réfléchi à ce sujet. L’idée a donc été de refaire très vite un projet ensemble et de trouver un thème où l’on soit vraiment bon tous les deux, il ne s’agissait pas de se faire plaisir l’un à l’autre. Parfois, il m’arrive d’avoir une idée de projet sans pour autant avoir un dessinateur. Je me mets alors à l’écrire pour que celui qui va le dessiner ait déjà une base. C’est à la fois un avantage et un inconvénient. Si tout est déjà écrit, certains dessinateurs peuvent trouver ça bien mais d’autres peuvent aussi se retrouver exclus de l’élaboration du projet. Souvent, ils aiment bien qu’on écrive quelque chose pour eux, ou du moins qu’on puisse faire évoluer le projet avec leur réflexion. Je suis ouvert aux deux.
Dessiner des animaux, c’est un vrai plaisir pour Henri Reculé ?
S.D. : Oui. On a fait ensemble Le Dernier Livre de la Jungle même si ce n’était pas des animaux humanisés. Je l’avais senti assez à l’aise dans tout ce qui est animalier et je sens aussi que même si Henri peut travailler dans le dessin réaliste, son style est vraiment celui de Jack Wolfgang, quelque chose de plus libre. De même, Marini ne fait pas complètement du dessin réaliste, Le Scorpion reste très stylisé. Ainsi, je sentais bien qu’Henri pouvait glisser vers plus de liberté et les animaux sont un parfait alibi pour ça. En tant que scénariste, j’étais très impatient de voir comment il allait, par exemple, interpréter graphiquement les hyènes. Je n’ai jamais été déçu quand il devait relever des challenges. On est toujours curieux de voir comment le dessinateur visualise un scénario mais c’est encore plus fort quand il s’agit d’animaux.
Après toutes vos collaborations, parvient-il encore à vous surprendre ?
S.D. : Oui. Il y a un jeu de ping-pong permanent entre nous. Pour l’ours polaire présent dans l’album, il hésitait un peu car il en avait vu de superbes dans Zootopie. Il m’a alors dit qu’il verrait plutôt un panda à la place. Il en a fait toute une série de dessins mais sans arriver à me surprendre. Puis, il est revenu sur l’idée de l’ours polaire en trouvant quelque chose de différent. Parfois, tout ne marche pas du premier coup mais comme Henri est quelqu’un de très ouvert et de très à l’écoute, ça se passe toujours bien. Je lui laisse de plus en plus de liberté. Pour le premier tome, j’ai fait un découpage page par page. Pour le deuxième, j’en ai fait un image par image, ce sera à lui de décider parmi les 450 comment les organiser.
En règle générale, vous laissez plus de libertés à vos dessinateurs avec le temps...
S.D. : Oui, clairement. Ce sont des discussions que j’ai toujours avec les dessinateurs. Je n’attends pas d’eux qu’ils fassent ce que j’ai écrit à la lettre. Je ne suis pas dessinateur et je visualise l’histoire parce que je dois la rythmer et je me fais un film dans ma tête avec une série d’images. J’ai constaté que lorsqu’un dessinateur prend sa feuille le matin en respectant scrupuleusement ce que lui demande le scénariste, souvent la collaboration ne sera pas efficace. Par exemple, je peux décrire dans une case deux personnages, un qui parle et l’autre qui écoute. Le dessinateur qui est un simple exécutant va se poser dix mille questions sur la position de ces deux personnages pour être raccord avec ce que je lui ai demandé. En fait, ce n’est peut-être pas du tout nécessaire de mettre dans la même case les deux personnages, il peut très bien en faire une avec le personnage qui parle et celle d’après avec celui qui écoute. C'est donc beaucoup plus intéressant quand le dessinateur le visualise à sa manière, il pourra alors proposer des solutions qui seront graphiquement beaucoup plus fortes. Quand je travaillais sur Cassio avec Henri, il respectait encore très fort ce que je lui donnais. Depuis, je l’ai vraiment encouragé à interpréter à sa manière. En plus, il travaille à l’ordinateur donc il est beaucoup plus facile d’y revenir et de corriger. J’ai un projet tout public qui s’appelle Mon chat est une ordure et j’ai rencontré une toute jeune dessinatrice qui m’a demandé de tout lui expliquer jusqu’au moindre détail sur ce qu’elle devait faire. Je lui ai répondu que ce qui est important c’est qu’elle développe ce qu’elle a envie de faire. L’identité graphique est plus que jamais importante aujourd’hui dans la bande dessinée. Une BD, ce n’est pas seulement une histoire qui va bien fonctionner ou un bon dessin. Ce doit être une vraie proposition à tous les niveaux. Par exemple, Alain Queireix est un très bon dessinateur mais il fait exactement ce que je lui demande de faire et il le fait très bien. Je crois que dans tout ce qu’on a fait ensemble, il manquait cette prise de liberté.
Le plaisir du scénariste vaut autant par la mise en images de ce qu’il a écrit que par les surprises graphiques qui peuvent en découler…
S.D. : Bien sûr. Si le dessin me surprend, il a aussi des chances d’accrocher le lecteur. On vient de passer toute une époque, je pense ces vingt dernières années, où le mot d’ordre était d’avoir un dessin efficace. Quand une critique utilise ce terme pour un de mes albums, je le prends plutôt comme un échec. (sourire) On n’est pas là que pour être efficace et pour construire un bon récit bien documenté, même si j’y ai aussi contribué. Aujourd’hui, j’en reviens beaucoup de tout ça. Je pense qu’il faut viser un cran plus haut, à tous les niveaux. C’est ce qu'on essaie de faire avec Jef, pour Deux Hommes en Guerre qu’on a évoqué tout à l’heure, même s’il y a une forme de classicisme chez lui. Je me vois maintenant beaucoup plus aller vers ces formes d’expériences plutôt que vers Bagdad Inc. avec Thomas Legrain que j’ai bien aimé mais que je trouve aujourd’hui trop classique.
La recette de tofu présente en dernière page, l’avez-vous essayée ?
S.D. : Non, je ne l’ai pas encore essayée. (sourire) C’est en fait une idée d’Henri qui avait eu l’idée de contacter quelqu’un d’une émission culinaire populaire du type Top Chef pour nous donner une recette de tofu. Nous en avons parlé au Lombard et ils ont eu peur qu’on nous demande une fortune, pensant qu’on allait vendre les bouquins avec ça. Par relation, on est finalement rentré en contact avec une ancienne candidate de MasterChef qui a accepté de jouer le jeu et a donc créé cette recette.
Un tour d’horizon de vos prochaines sorties ?
S.D. : Un I.R.$. est sur le point de sortir (Sorti le 16 juin, NDLR). Il y a aussi le projet avec Jef, Deux hommes en Guerre (Premier tome prévu le 15 septembre au Lombard, NDLR), dont nous avons parlé. Il va aussi y avoir la fin de L’Étoile du Désert avec Hugues Labiano. Il y a également un beau projet chez Dupuis dans la collection Aire Libre, qui est la suite de SOS Bonheur, toujours avec Griffo et avec l’autorisation de Jean Van Hamme. On va le faire en deux tomes : un tome d’une centaine de pages dans lequel se trouveront six histoires courtes avec les différents personnages et un autre tome dans lequel on va tous les retrouver. Ce sera pour la fin de l’année. Dès que Marini aura terminé les deux Batman en préparation, il va s’attaquer au tome 12 du Scorpion. Je pense que l’album devrait sortir début 2019. Le projet serait de faire en 2019 une année Scorpion chez Dargaud avec donc le tome 12 signé par Enrico en début d’année et un autre en fin d’année réalisé par un autre dessinateur accompagné de tout un projet de relance du fond. Concernant les nouveaux projets, une nouvelle série est prévue avec Hugues Labiano chez Dargaud. Ce sera de la vraie aventure dans les années vingt. J’ai de la chance d’avoir deux séries qui marchent vraiment bien et en même temps, j’ai vraiment envie de tenter de nouvelles choses. Il y a quatre ou cinq ans, j’avais dit à mon épouse que je n’avais plus envie de travailler avec des dessinateurs très jeunes car il y a tout un travail d’apprentissage, beaucoup de choses à leur faire accepter… Et là, je vais travailler avec une jeune dessinatrice… C’est une expérience avec quelqu’un qui déborde d’enthousiasme, comme un vent frais qui arrive et qui donne envie de se dépasser. Il y a un mois, j’étais au Maroc à l’Institut des Beaux-Arts de Tétouan dans lequel existe une section de Bande Dessinée qui a fait d’énormes progrès en quinze ans. C’est donc là-bas que j’ai rencontré cette jeune dessinatrice de 24 ans qui a un talent incroyable et qui travaille pour les américains. Si l’essai que je vais faire avec elle est à la hauteur de ce que j’ai vu en BD, ça va être extraordinaire.
Vous privilégiez les séries par rapport aux one shots…
S.D. : Oui, je ne suis pas très « one shot ». J’aime bien construire sur la durée. Mais nous sommes aussi dans une époque dans laquelle les gens veulent décider très vite, ils ne veulent pas attendre trop longtemps. Ce qu’on a fait avec Le Scorpion, commencer une histoire qui va seulement se terminer au tome 12, on ne pourrait absolument plus le faire aujourd’hui. Il existe maintenant d’autres solutions : faire de gros albums de soixante pages ou des diptyques avec des sorties rapprochées.