L'édition 2016 du Festival d'Angoulême a été abondamment fournie en péripéties plus calamiteuses les unes que les autres. Près d'un mois plus tard, le temps de la réflexion passé, les éditeurs menacent de boycotter le festival et d'organiser leur propre manifestation.
Mais le festival a aussi été, à l'occasion des états généraux de la bande dessinée, riche en information sur la paupérisation du métier d'auteur. Ces derniers, par l'intermédiaire du SNAC-BD, regrettent de ne pas avoir été consultés par les éditeurs avant qu'ils ne publient leur communiqué. Avant le festival, il leur semble plus urgent de sauver ceux sans qui toute l'industrie de la bande dessinée n'existerait tout simplement pas : les auteurs.
Communiqués :
Communiqué de presse des éditeurs
23 février 2016
Sauvons le festival d’Angoulême
Loyaux soutiens du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (FIBD) depuis sa création, les éditeurs ont maintes fois alerté ses organisateurs, ses financeurs et les pouvoirs publics sur les carences récurrentes de ce rendez-vous annuel.
Conséquence de l’absence à la fois d’une vision partagée et d’une gouvernance efficace, la dernière édition du Festival a cumulé les errements : absence de femmes dans la liste des auteurs éligibles au Grand Prix de la Ville d’Angoulême, mécontentement des auteurs souvent mal traités par l’organisation, baisse de la fréquentation, opacité dans les sélections des prix, cérémonie de clôture désastreuse…
Le Festival est parvenu à décrédibiliser notre profession aux yeux du monde entier, comme en témoigne avec justesse Fabrice Piault, rédacteur en chef de Livres Hebdo, dans son éditorial du 5 février 2016.
Cet événement occupe une place centrale dans la vie de la bande dessinée. Il est impossible de le laisser se dégrader et entacher ainsi l’image du 9e Art tant en France qu’à l’étranger. C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas participer à la prochaine édition du FIBD si une refonte radicale n’est pas mise en œuvre dans les meilleurs délais. Le Festival doit être repensé en profondeur, dans sa structure, sa gouvernance, sa stratégie, son projet, et ses ambitions. Etant donné l’ampleur de la tâche à accomplir et l’importance de l’enjeu, tant pour notre profession que pour la population d’Angoulême et de sa région, où la bande dessinée a généré tout un ensemble institutionnel et industriel, nous faisons appel à l’Etat : nous demandons à Mme la Ministre de la Culture de nous recevoir et de nommer un médiateur afin de mener à bien, de toute urgence, cette refondation.
Les éditeurs de bande dessinée du Syndicat national de l’édition :
Casterman, Dargaud, Delcourt, Denoël, Fluide Glacial, Futuropolis, Gallimard, Glénat, Jungle, Le Lombard, Panini, Rue de Sèvres, Sarbacane, Soleil, Urban, Vents d’Ouest
Les éditeurs du Syndicat des éditeurs alternatifs (SEA) suivants :
Anathème, Arbitraire, L’Association, Ça & Là, La Cafetière, La Cerise, La 5éme Couche, Cornélius, Éditions 2024, Frémok, Ici Même, Ion, L’Égouttoir, L’Employé du Moi, L’Œuf, Le Lézard Noir, Les Requins Marteaux, Les Rêveurs, Misma, Pré Carré, Radio As Paper, Super Loto, Vide Cocagne, Même Pas Mal, The Hoochie Coochie.
Communiqué du SNAC-BD (Syndicat des auteurs)
Le SnacBD a découvert hier, comme l’ensemble des auteurs, le communiqué commun d’éditeurs » Sauvons le festival d’Angoulême » interpellant la ministre de la culture pour qu’elle nomme un médiateur afin de mener à bien, et de toute urgence, la refondation du Festival d’Angoulême.
Même si le Snac BD, fort de ses 400 adhérents, ne peut que souhaiter que ce festival, fenêtre principale de notre secteur et donc de nos professions, puisse effectivement bénéficier d’une refondation. Il regrette que ni le SNE , ni le SEA aient eu la présence d’esprit de nous consulter avant la publication de ce communiqué.
Cette refondation devra se faire impérativement avec la participation des auteurs et de leurs représentants, sans quoi nous la considérerons comme illégitime.
En outre, puisque nos éditeurs s’inquiètent du « mécontentement des auteurs souvent mal traités par l’organisation du festival », nous voulons que leurs inquiétudes se focalisent d’avantage sur la situation des auteurs fragilisés et en voix généralisé de paupérisation.
Enfin et pour rappel : sans auteurs, pas d’éditeurs, pas de festivals.
Le SnacBD.
- Pour aller plus loin : L'interview de Guy Delcourt