Des Petits Livres à Naguère Les Étoiles en passant par un Stripbook Spirou, Herve Bourhis a prouvé qu'il était un véritable touche-à-tout. Celui qui dit "s'ennuyer très rapidement" mène la vie dure à son VRP préféré dans le deuxième tome du Teckel. L'acolyte "moderne et tête à claques" laisse cette fois sa place peu envieuse à la fille de Guy Farkas, qui troque quant à lui son attaché-case contre quelques accessoires très utiles dans l'univers du porno amateur.
La sortie de l'épisode 7 va-t-elle relancer les ventes de Naguère les Étoiles ? (sourire)
Hervé Bourhis : J’espère ! On est en train de travailler sur la suite avec Rudy Spiessert. On refait la trilogie 99, la deuxième. Enfin… La première si on considère l’ordre chronologique, c’est compliqué… Bref, on continue sans savoir si notre éditeur est d’accord. Quand le premier tome de Naguère les Etoiles est sorti il y a cinq ans, il y avait beaucoup moins de concurrence. Alors que maintenant, il y a énormément de bouquins sur Star Wars. Tout ce que je peux dire, c’est que l’intégrale de Naguère des Étoiles sortie en petit format a été réimprimée.Le Petit Livre Rock était un livre de fans ; la teneur encyclopédique plus marquée des suivants était-elle une contrainte ?
Pourquoi avoir associé Terreur Graphique sur Le Petit Livre de la Bande Dessinée ?
H.B. : Par confort ! Quand un copain me dit : « Ah mais tu n’as pas parlé de moi dans ton bouquin ! » Je lui dis que c’est la faute de Terreur Graphique. En fait, pour ce bouquin, on a posé la documentation sur une table et on s’est réparti les tâches, en gros une année sur deux. Je faisais les années paires, il s’occupait des années impaires, ou l’inverse. Et puis, je connais aussi la bibliothèque de Terreur et je sais qu’il a beaucoup de bouquins sur la bande dessinée. Je sais aussi qu’il est efficace et qu’il travaille vite et bien. Même si on est un peu « cousin » dans la façon d’apprécier la bande dessinée, lui est un peu un fils de Fluide Glacial alors que je viens plus de Dupuis, de Spirou et des indés américains. Lui est aussi purement dans la bande dessinée d’humour alors que je fais de mon côté d’autres choses. Il y a juste un auteur pour lequel on n’était pas d’accord et qui a occasionné quelques frictions.
Qu'est-ce qui vous plaît dans les vestiges de l'époque pompidolo-giscardienne ?
H.B. : Rien de spécial, je ne suis pas du tout nostalgique de cette époque. C’est juste que je suis né en 1974 et que, forcément, je suis fasciné par cette période que j’étais trop petit pour vraiment connaître. Ce sont aussi les photos de famille des années 70 avec les papiers peints incroyables… C’est une période pas spécialement belle, par contre c’est super marrant à dessiner. Si on me demande de choisir entre dessiner une CX des années 75 et une voiture d’aujourd’hui, il n’y a pas photo. Dans Le Teckel, je parle finalement de la France d’aujourd’hui. C’est juste que lui est un peu resté coincé en 75.
Le scandale du Mediator est-il l'étincelle qui a fait naître Le Teckel ? Ou est-ce le personnage du VRP "désuet" ?
H.B. : C’est tout ça. Comme beaucoup de scénaristes, je passe mon temps à prendre des notes, dès que je vois quelques chose qui m’intéresse. Puis, ça faisait une dizaine d’années que j’avais envie de faire une histoire avec deux VRP qui ne peuvent pas se saquer et qui se retrouvent dans un bled. Je voulais aussi un personnage qui ressemble au Marielle de Joël Séria, comme celui des Galettes de Pont-Aven. Le déclic a été effectivement l’affaire Servier et le scandale du Mediator qui a cristallisé mes différentes idées.
Marrant d’ailleurs que Wilfrid Lupano ait choisi Jacques Servier comme inspiration du grand patron dans Les Vieux Fourneaux…
H.B. : Oui, c’est une coïncidence.
H.B. : Labionda était plus un concept qu’un véritable personnage. Il représentait la modernité. Le premier tome du Teckel, c’était aussi la confrontation de deux univers. Avec cette série, ce qui est intéressant, c’est de donner au Teckel chaque fois quelqu’un de très différent en miroir. Dans le deuxième tome, c’est d’ailleurs sa fille. Je ne trouve pas qu’il soit intéressant de garder le même duo sur plusieurs albums. Je ne pouvais pas non plus continuer dans le milieu médical, puisqu’on a vite compris qu’il aura du mal à retrouver du boulot. (sourire) J’ai aussi voulu donner un côté un peu moins polar et me focaliser davantage sur le vaudeville. Si je poursuis cette série, ce sera différent à chaque album, mis à part le personnage central qui est super intéressant à développer. Des conneries autour d’un personnage tel que celui-ci, c’est sans fin. (sourire) Je ne sais pas si vous avez remarqué mais autant dans le premier tome, on pense à Marielle, autant il devient le Teckel dans le deuxième. Le troisième tome sera d’ailleurs radicalement différent, dans le ton et dans le rythme, avec un retour du côté polar.
Avez-vous imaginé un casting idéal si vous deviez faire un film du Teckel ?
H.B. : C’est en cours. Marielle et Lonsdale étant maintenant trop vieux, ce sera forcément des acteurs plus jeunes. Je serai consultant sur ce projet.
Êtes-vous un vrai fan d’Arthur Rimbaud ou avez-vous lu toute son œuvre avant d’écrire le scénario ?
H.B. : En imaginant ce personnage-là, j’avais envie de lui donner un côté un peu lyrique. D’ailleurs, cela a été un vrai jeu de chercher la petite citation de Rimbaud qui va coller plus ou moins à la scène.
C’est plutôt rare de remercier une attachée de presse dans une préface d’album. Est-ce elle qui vous a initié aux clubs échangistes que l’on découvre dans le deuxième tome ? (sourire)
H.B. : Mais je suis un homme marié monsieur ! (sourire) Non, ce que je voulais, c’était de parler de la réalité d’aujourd’hui et les clubs échangistes et le porno amateur en font partie. Maintenant, Sandrine Dutordoir est la meilleure attachée de presse que j’ai jamais eue, il faut que ça se sache.
Participer à un Stripbook Spirou c'est un moment de récré ? Un exercice de style très sérieux ?
H.B. : C’est une expérimentation. Je m’ennuie très rapidement donc je fais des trucs comme ça de temps en temps. J’aime bien aussi alterner les collaborations et les projets solo. Je fais donc des Stripbooks pour Spirou, j’ai même dirigé un supplément en 2008. Récemment, dans Professeur Cyclope avec Rudy Spiessert, on a fait une histoire en scrolling. J’aime bien explorer toutes les possibilités que peut offrir la bande dessinée. Je n’ai pas envie de faire des cases et des bulles pendant tout le restant de ma vie. J’aimerais bien faire un vrai drame même si j’ai toujours tendance à mettre des blagues de partout.
Que s’est-il passé avec les trophées de chasse que l’on retrouve dans certains de vos albums ? (sourire)
H.B. : (rires) J’en sais rien. Je pense que tout ce qui touche à la taxidermie me fait peur. Le thème de la chasse revient aussi régulièrement. Je pense que ce sont des choses très éloignées de moi que je ne comprends pas.
Comment se porte Professeur Cyclope ?
H.B. : Je ne sais pas trop. Je pense qu’ils vont moyennement bien et qu’ils sont assez déçus par le nombre de personnes qui viennent cliquer. Je sais qu’on est passés au tout gratuit et que c’est désormais un trimestriel.