[PREVIEW] Oink, le boucher du paradis - Mueller - DELIRIUM

[Jetjet]

Message précédent :

Lu et bien apprécié. Certes ça se lit vite (pas tant que ça en fait si on s'attarde sur le dessin qui est vraiment excellent) mais il reste une réelle ambiance, forte, dure, et éminemment parodique. Je conseille de lire le texte de l'auteur après la BD plutôt qu'avant d'ailleurs. Evidemment on peut regretter que ce ne soit pas là le tome d'ouverture d'une trilogie par exemple, qui aurait permis de mieux fouiller cet univers et ses personnages, le travail de Mueller l'aurait mérité.

Il y a effectivement AU MOINS un autre comics sur cet univers et ces personnages !

[stema33]

Viens de voir la preview et je vais probablement me laisser tenter par cet Ovni

[nexus4]

Ouaip, la preview :



Dans un futur sombre, la cité du Paradis est dirigée de main de fer par une dictature religieuse. Les hommes cochons, esclaves génétiquement modifiés, travaillent inlassablement dans le confinement d’une vieille école transformée en abattoir, à produire la nourriture destinée à leurs maîtres humains.
OINK, lui, rêve d’autres horizons que les murs souillés du sang de ses congénères de l’abattoir. Pourquoi est-il exclu du Paradis qu’il ne peut atteindre qu’en se sacrifiant ? Pourquoi ses semblables obéissent-ils aux dogmes de la cité, soumis et écrasés par la peur ?
OINK va réaliser qu’il n’y a pas de marche arrière pour un esprit qui s’éveille et que le chemin vers la liberté est périlleux : les Anges Gardiens du Paradis veillent et sont prêts à éliminer tous ceux qui remettent en question l’ordre figé de la cité.
Mais attention : OINK n’est pas un mouton, hors de question pour lui de « tendre l’autre joue » ! Désormais, le Paradis sera une boucherie !

[mome]

La chronique de Oink le Boucher du Paradis par O. Boussin est en ligne.

[chris24]

Je ne trouve pas que le scénario parte dans tous les sens. On peut juste le voir comme l'allégorie d'une révolte contre une machinerie aliénante toute puissante dont les personnages ne sont que des rouages remplaçables et sans valeur dont elle tire bénéfice. Et cette gigantesque machinerie réduit à l'esclavage ses rouages de chair par différents moyens (endoctrinement, dictature, répression violente, fanatisme religieux, exploitation génétique, etc.). C'est tout le système qui est remis en cause dans ses ramifications tentaculaires dans tous les domaines de la vie de la société, exploitant et pervertissant à son profit le quotidien de ses sujets. Pas seulement le système éducatif, qui n'est qu'une facette, qu'un des moyens par le biais duquel cette machinerie carcérale dévore et contrôle ses sujets...

C'est comme ça que je vois cette allégorie de notre société, ou en tout cas d'une certaine société (tout dépend où on tombe et à quelle époque), celle dont semble avoir été victime l'auteur dans une moindre mesure mais suffisamment pour qu'il en ait garder des séquelles et des griefs visiblement...

[Olaf Le Bou]

Je ne trouve pas que le scénario parte dans tous les sens. On peut juste le voir comme l'allégorie d'une révolte contre une machinerie aliénante toute puissante dont les personnages ne sont que des rouages remplaçables et sans valeur dont elle tire bénéfice. Et cette gigantesque machinerie réduit à l'esclavage ses rouages de chair par différents moyens (endoctrinement, dictature, répression violente, fanatisme religieux, exploitation génétique, etc.). C'est tout le système qui est remis en cause dans ses ramifications tentaculaires dans tous les domaines de la vie de la société, exploitant et pervertissant à son profit le quotidien de ses sujets. Pas seulement le système éducatif, qui n'est qu'une facette, qu'un des moyens par le biais duquel cette machinerie carcérale dévore et contrôle ses sujets...

C'est comme ça que je vois cette allégorie de notre société, ou en tout cas d'une certaine société (tout dépend où on tombe et à quelle époque), celle dont semble avoir été victime l'auteur dans une moindre mesure mais suffisamment pour qu'il en ait garder des séquelles et des griefs visiblement...

effectivement, le scénario est plutôt linéaire (voire simpliste), mais quand je dis que ça part dans tous les sens, c'est la volonté dénonciatrice de l'auteur que je vise. Qui trop embrasse mal étreint. Et là, il tape sur le système avec virulence, mais passe bien trop superficiellement sur la nature de ce régime, et on peut y lire bien trop de choses pour que cette dénonciation soit efficace ; ne reste en fin de compte que la description de la révolte d'un rouage qui refuse de continuer de servir cette machine inhumaine. C'est beau, relativement touchant, c'est bien mis en scène, mais c'est un peu court jeune homme...

[chris24]

Moi j'ai trouvé que la mission était remplie. Comme tu le dis c'est assez touchant, il y a quand même une empathie que l'on ressent face à la monstruosité de ce qu'ils subissent. Bien sûr l'œuvre aurait gagnée à être plus exploitée et approfondie, mais il a décidé (lui et peut-être surtout son éditeur) que ce serait un one-shot et donc un cadre limité qui ne permet pas la même chose que s'il y avait eu 2 ou 3 tomes... Et ce d'autant plus que malgré la centaine de planches, il y en a beaucoup en dessin pleine page ou bien avec seulement 2 ou 3 grandes cases et le texte n'est pas très prolixe... C'est peut-être ça qui crée un paradoxe : on a en main un bouquin épais qu'on sait ne pas être un 48 CC mais en fait il n'y a guère plus de place utilisé que dans un 48 CC à cause de cette mise en page qui met à l'honneur de façon spectaculaire le décor et les personnages. La lecture passe donc très vite et l'auteur n'a pas beaucoup de place pour développer plus le contexte.

Il reste qu'il va à l'essentiel et de façon efficace : il privilégie l'approche picturale comme pour mieux montrer en gros plan la laideur monstrueuse dans laquelle vivent ses personnages. Il peint la chair, grasse, dégoulinante, la saleté, la tristesse, la violence et l'aliénation. Et il peint la révolte de l'un des rouages du système, le cri de révolte de Oink. C'est peut-être une BD où il faut lire et imaginer entre les cases, mais ce cri n'est-il pas entendu et resssenti par le lecteur ? Moi je pense que si. Munch avec le sien en une seule image n'en dit-il pas lui aussi beaucoup ? On est dans l'émotionnel avec cet Oink, plus que dans une volonté de construire/expliquer de façon encyclopédique cet univers, dans l'émotionnel et la confrontation directe.

Oink c'est un peu un instantané : voilà la merde dans laquelle ils vivent, ce qu'ils font d'eux, et voilà comment l'un d'eux se révolte et se libère. Entendez son cri... L'auteur montre plus qu'il n'explique le contexte. Il donne les bases mais il préfère peindre l'aliénation que de nous décortiquer le système à la Tolkien. Peut-être qu'il aurait pu le faire s'il avait eu plus de place mais dans le cadre graphique qu'il s'est donné — si on compte le nombre de case plus que le nombre de planches (trompeur) — la mission est accomplie et il aurait été difficile de faire plus approfondi amha.

Maintenant entre sa révolte et la scène de la fin, il pourrait y avoir quantité de choses à raconter. J'espère que l'auteur en a encore sous le coude et que son histoire trouvera son public car quand même quelle façon charnelle et palpable et originale de nous avoir dépeint cet horrible univers !

[Olaf Le Bou]

en fait j'ai l'impression d'être devant une œuvre importante (de par son parcours éditorial particulier, de par son sujet fort, à la fois classique et contemporain, de par son traitement graphique largement au dessus du lot), réussie sur bien des points (narration, empathie, mise en page, émotion, décors) mais à laquelle il manque un je ne sais quoi de rigueur scénaristique pour ce qui aurait pu être un vrai chef d'œuvre et ne demeure qu'un album plaisant.


(mais effectivement, sa singularité fait que parmi la masse des albums "plaisants" qui sortent, ce Oink mérite une attention particulière)

[stema33]

Entièrement d'accord avec Olaf, on s'en prend plein les mirettes à beaucoup de niveaux mais sur le
scénar' je trouve que cela aurait pu être plus aboutit, au final content d'avoir acheté l'album
car il sort bien du lot mais une pointe de déception tout de même.