de lobo » 17/06/2025 12:20
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Pleins feux sur l’assassin (Franju, 1961)
C’est le genre de films qui accusent leur âge et qu’il m'a été difficile de regarder dans son jus. C’est vrai du jeu des personnages surtout (à part peut-être Trintignant). Dès les premières scènes les minauderies à la Bardot de Dany Saval, par exemple, font très daté.
On a affaire à une intrigue à la Dix petits nègres où une série de sept héritiers voit ses membres mourir les uns après les autres. L’intrigue elle-même me semble un peu bancale : comment les deux qui ourdissent un complot –qui va réussir- pour démasquer l’assassin sont-ils assurés de l’innocence de l’autre ? En tout cas, c’est l’occasion de nous embarquer dans une belle fausse piste. Il y a aussi des invraisemblances qui empêchent de prendre le film vraiment au sérieux. Comment croire que le spectacle puisse continuer tranquillement, et avec l’approbation du préfet, malgré les morts, notamment une spectaculaire (à laquelle on s’attend mais tout de même), pendant la générale, en présence dudit préfet.
Ce n’est pas un film de suspense comme Vertigo inspiré aussi de Boileau-Narcejac, c’est plutôt une mise en scène de l’étrange, du mystérieux, à la limite du fantastique. Ce qui me gêne, quand je compare au découpage au rasoir des films de Hitchcock, c’est une certaine désinvolture dans le découpage, avec des scènes qui ne mènent nulle part (la tentative de séduction du palefrenier par exemple, le rôle de la jeune ingénue copine de Trintignant…) ou pas très loin (la disparition des boîtes de corned-beef), des séquences mal reliées les unes aux autres. Peut-être est-ce voulu par Franju pour créer cette ambiance de mystère confus. Chez moi ça a plutôt produit une impression de confusion mal maîtrisée. De même l’emploi de la musique de Maurice Jarre, lourdement explicite, ne me semble pas parfaitement maîtrisé.
La bonne idée, me semble-t-il, c’est le spectacle « son et lumière » comme on en faisait à l’époque, un spectacle in situ avec un récitant, du son, de la lumière mais pas de personnages. Sauf que… D’abord ça permet une mise en abime entre histoire légendaire, « fiction » et « réalité ». Ensuite, la bonne idée c’est que c’est le dispositif « son et lumière » lui-même qui sera l’instrument de tous les crimes.
La fin, un corbillard circulant au milieu des menhirs sur une chanson de Brassens (« les funérailles d’antan »), se veut d’une cocasserie qui tranche sur le reste. Peut-être un peu appuyée.
En résumé, un film qui accuse son âge, à l’intrigue un peu bancale et au montage un peu maladroit amha, dans lequel on n'entre pas vraiment comme on dit, mais qui se laisse voir tout de même.
On note sur 20 maintenant, alors je dirais 13/20.