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Bouncer - To Hell

22/11/2012 20 planches

Zabounga ! Non, il ne s'agit pas du cri de guerre d'une lointaine tribu amazonienne mais du nom d'une maison d'édition fondée cette année par Gilles Coiffard, Mohamed Aouamri et François Boucq. Au menu de cette nouvelle structure : du Tirage de tête et pas n'importe lequel, celui du tome 8 de Bouncer. Il n'a fallu qu'un mois pour trouver les cents souscripteurs nécessaires à la réalisation de ce projet. BDGest, qui a relayé très tôt l'information, n'est sans doute pas étranger à ce succès. À cette occasion, François Boucq répond à quelques questions et lève le voile sur cette nouvelle aventure éditoriale, sur les péripéties infernales du célèbre manchot ainsi que sur le retour de Jérôme Moucherot dont le cinquième tome vient de paraître. Un conseil, prévoyez suffisamment de place sous le sapin !


Nous remercions les éditions Zabounga de nous avoir autorisés à reproduire les originaux du tirage de tête


Gilles Coiffard présente Zabounga comme une maison d’édition qui « pourrait apporter un peu de changement ». Que manque-t-il, selon vous, à l’offre actuelle ?

Cette nouvelle maison éditera essentiellement des tirages limités, plutôt axés sur l’aspect artistique. On veut montrer de la meilleure manière possible les originaux qui servent à imprimer une bande dessinée. L’idée est de non seulement avoir l’histoire qui y est racontée, mais avec l’impression d’avoir les planches originales entre les mains. On n’a pas les moyens de devenir un gros éditeur comme Dargaud, Glénat ou Le Lombard. On s’est juste dit qu’il y avait beaucoup de personnes qui s’étaient lancés dans des tirages de tête. Alors, pourquoi ne pas s’occuper nous-mêmes de notre propre production ? Un dessinateur, ou un auteur en général, peut très bien prendre son destin en mains. L’offre est intéressante pour les lecteurs car on utilise beaucoup moins d’intermédiaires. En passant par internet, on supprime les éléments liés à la distribution qui sont très onéreux.

Comment cette nouvelle structure a-t-elle été créée et quelle est l’origine de son nom, plutôt exotique ? (sourire)

Nous sommes trois personnes à l’origine de ce projet : Gilles Coiffard, Mohamed Aouamri et moi-même. On va commencer très doucement. On s’est très vite aperçu qu’il fallait beaucoup d’énergie et de travail : ajouter un texte par-ci, ou refaire un dessin par-là, être attentif à la maquette, aux bonus que l’on va donner… On ne pourra pas faire de l’édition à grande échelle, mais on le fera du mieux que l’on pourra, au moins sur nos travaux à nous. Concernant le nom de Zabounga, c’est Gilles (Coiffard, NDLR) qui tenait absolument à ce nom-là, je ne sais pas pourquoi. Il a peut-être des ancêtres qui ont été touchés par l’esclavagisme, à moins qu’il ait un penchant pour l’exotisme et les femmes à seins généreux. (sourire) Il y a aussi peut-être un côté « pirate », dans la sonorité du mot, comme si on faisait un travail un peu marginal par rapport à ce qui se fait d’habitude dans le milieu.

Pour l’heure, seuls deux auteurs font partie de l’aventure, vous-même et Mohamed Aouamri. D’autres auteurs sont-ils pressentis pour rejoindre l’aventure ?

Je ne sais pas. On est encore en phase de test pour nous. On se demande jusqu’où on peut aller en termes de temps et d’énergie.

Savez-vous quel sera le nouveau projet édité par Zabounga ?

Ce sera probablement une bande dessinée de Mohamed Aouamri, le prochain tome de Saga Valta, à moins qu’il ne prenne trop de retard sur ce qui était prévu.

Le tome 8 du Bouncer sort également chez Glénat. Est-ce le début d’un nouveau cycle ?

Oui. C’est une histoire prévue en deux tomes, le premier s’intitulant « To Hell » et le deuxième « And back ». Il va donc en enfer, et en revient ! (sourire) Cette histoire va donc s’étaler sur ces deux albums, mais certains éléments vont être sans doute utilisés dans les suivants.

Pour quelles raisons avez-vous choisi l’absence d’onomatopées dans Bouncer ?

C’est un pari que j’ai fait. Je voulais faire en sorte que l’image soit suffisamment expressive pour qu’elle puisse suggérer le bruit. Quand on écrit « Bang », « Crack » ou « Pan » dans une bande dessinée réaliste, je trouve ça ridicule, alors que ça passe très bien pour une bande dessinée humoristique. Ce sont des conventions mièvres, beaucoup trop naïves, qui étaient valables dans des bandes dessinées anciennes. La bande dessinée a pris tellement d’avance qu’il faut la traiter avec un maximum de respect. J’ai toujours l’impression de ne pas entendre la chose, d’avoir la suggestion d’un bruit minimisé, voire ridiculisé par rapport à ce qui devrait être. Je préfère ainsi ne pas utiliser ces onomatopées et jouer sur la suggestion des personnages, celui qui reçoit une balle ou celui qui tire, sur l’intensité de l’expression, pour donner l’illusion du bruit.

Le nouveau Jérôme Moucherot sort au Lombard, après quatre tomes parus chez Casterman. Quelles sont les raisons de ce changement ?

Je ne me sentais plus en totale sympathie… Un éditeur, c’est un complice, pas un ennemi comme on a l’habitude de le croire. Je me suis toujours arrangé pour avoir de bons rapports avec mon éditeur, le but étant de trouver ensemble la meilleure manière de réaliser une bande dessinée. Quand je travaillais chez Casterman, on avait créé à l’époque un nouvel état d’esprit qui était celui de (à suivre), ce qui a donné ses lettres de noblesse et de prestige à la maison Casterman. Ce n’était ni le travail de l’éditeur seul, ni celui de l’auteur seul, c’était un travail que l’on réalisait pour chaque album à deux. Quand les nouvelles équipes sont arrivées (suite au rachat de Casterman par Flammarion en 1999, NDLR), on n’était plus du tout dans le même état d’esprit. On était dans une vision un peu plus opérationnelle, il fallait du rendement. Je ne sentais plus du tout le même type de rapport humain. Quand j’ai commencé à travailler avec Le Lombard, j’ai trouvé un éditeur qui était plus proche de mes aspirations. Je m’entends très bien avec eux, aussi parce que c’est une jeune équipe qui a envie de changer les opinions que l’on pouvait se faire de cet éditeur qui a une image très classique et conservatrice.

Que pensez-vous de l’inquiétude de certains auteurs de Casterman face au rachat de cette maison d’éditions par Gallimard ?

Ce sont des choses que l’on a déjà connues quand Casterman a été racheté par Flammarion… Tout ce qui se dit actuellement, ce sont exactement les mêmes propos que l’on trouvait en 1999. Je pense que tout ça va finir par se tasser. Je ne crois pas que Gallimard ait racheté une maison d’édition pour mépriser ses auteurs. Ce sont des angoisses assez habituelles que l’on retrouve vis-à-vis d’un éditeur. Il doit entretenir des relations régulières avec ses auteurs, il faut qu’il les voie, qu’il discute avec eux…

Le tome 5 de Jérôme Moucherot est présenté sous forme de mini-récits et met en avant le personnage de Jérôme ainsi que l’univers dans lequel il évolue. Une façon d’apprivoiser les nouveaux lecteurs qui découvriraient la série ?

Complètement. C’est une série dont j’avais mis un peu de côté les albums, par la force des choses, en raison de toutes les activités que j’avais par ailleurs (Bouncer, Le Janitor…). Mais j’avais néanmoins commencé des tas de petites histoires de Jérôme Moucherot. Quand on a relancé cette affaire du côté du Lombard, on voulait repréciser qui était vraiment ce personnage, surtout à des lecteurs non aguerris. Au départ, je voulais faire simplement un petit album de 46 pages. Puis, de fil en aiguille, les idées aidant, qui arrivent parfois par tsunamis, je me suis retrouvé à faire un album de 86 pages. L’idée est vraiment celle de montrer ce personnage ainsi que l’étendue de son univers.

Avec-vous encore un peu de place pour de nouveaux projets ?

J’essaie ! (sourire) Je suis en ce moment en pleine promotion de Jérôme Moucherot et de Bouncer, et je n’arrive pas à dessiner alors que je n’ai qu’une envie, c’est celle de retrouver ma table à dessin et de continuer mon travail. Je fais un dessin par ci par là, mais ce n’est pas évident. Le problème de la bande dessinée, ce n’est pas d’avoir une idée, c’est surtout de la réaliser. Je vois par exemple Alexandro (Jodorowsky, NDLR) qui est en train de réaliser un film depuis un an, sans compter le temps qu’il a passé auparavant pour écrire le scénario. Pour un dessinateur de bandes dessinées, c’est un peu la même chose. Nous réalisons des films. Je dois avoir à mon actif entre 40 et 50 films réalisés, tout seul, sans équipe pour m’aider. (sourire) J’ai un projet avec Jérôme Charyn, une histoire complète de la même veine que La Femme du Magicien ou Bouche du Diable. Cet album est prévu au Lombard dans la collection Signé. J’ai un autre projet, dont je ne sais pas encore s’il verra le jour, avec Gotlib.

Propos recueillis par L. Gianati