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BIENVENUE A BOBOLAND

01/08/2008 16 planches

Dupuy - Berberian, de Monsieur Jean à "Monsieur Les Présidents" Surprise de l'édition 2008, le Grand Prix d’Angoulême était décerné, non pas à une, mais à deux personnalités : Philippe Dupuy et Charles Berberian. Il faut admettre que, malgré quelques œuvres en solo (Hanté, aux éditions Cornélius, pour Dupuy) ou collaborations inédites (Cycloman avec Grégory Mardon pour Berberian, également chez Cornélius), ils sont indissociables : Dupuy et Berberian rédigent et dessinent ensemble, selon une méthode exposée dans Le journal d’un album (L’Association). Leur style graphique, héritier d’une certaine vision de la ligne claire a fait école, auprès de nombreux auteurs, dont Jean-Philippe Peyraud ou Andi Watson par exemple. Entrés à Fluide Glacial en 1984, ils produisent, outre quelques récits isolés, Le journal d’Henriette, saga d’une préadolescente complexée (pléonasme ?) en conflit larvé avec ses parents, et trouvant dans l’écriture un exutoire. Quittant le magazine d’Umour et Bandessinée en 1989, le tandem crée Monsieur Jean, aux Humanoïdes Associés puis chez Dupuis, un personnage ni héros, ni anti-héros, préfigurant cette « nouvelle bande dessinée » plus attachée à décrire le quotidien qu’à imaginer des aventures romanesques. Figure emblématique mais pas caricaturale du trentenaire urbain, célibataire mais en couple, Monsieur Jean est rempli d’hésitations quant à la direction à donner à son existence, et de contradictions qui ajoutent à son réalisme. Dépeindre les sentiments complexes de l’adolescence, puis de l’âge adulte, telle est véritablement la marque de fabrique de Dupuy et Berberian. Pour leur retour (inattendu) à Fluide Glacial en 2007, ils se sont lancés dans l'étude à la fois caustique et amusée de cette population qu'on désigne par un vocable qui semble relever du paradoxe ou de l’oxymore : les bourgeois-bohême. Bienvenue à Boboland, donc, pour une visite commentée par Monsieur les présidents d’Angoulême 2009 !

INTERVIEW DE DUPUY & BERBERIAN

Une planche prémonitoire
Vous avez été élus Grand(s) Prix de la ville d'Angoulême, en janvier dernier. C'est la première fois qu'un tandem d'auteurs n'était pas séparé. Vous aurez une ou deux voix au sein du collège des Grands Prix d’Angoulême ?
Philippe Dupuy : On a pris deux voix.
Charles Berberian : non seulement ils nous ont donné une voix chacun, ce qui est vraiment…
PD : …très généreux de leur part…
CB : … mais en plus, ils nous ont donné un trophée chacun.
PD : Jusqu’à maintenant, les Grands Prix n’avaient pas de trophée, c’est la première année que ça se fait. Ils ont fait refabriquer deux Fauves spécialement pour nous. Maintenant, il y a une discussion avec Lewis Trondheim, créateur de la mascotte, pour savoir comment créer un Fauve qui serait spécifique aux Grands Prix de la ville d’Angoulême. Ce serait la troisième déclinaison, puisqu’il y a déjà le Fauve d’Or, qui récompense le prix du meilleur album.  
CB : Lewis propose un Fauve en argent…
PD : D'accord, mais incrusté de diamants. Pour faire râler les anciens Grands Prix !
 
Vous deviez participer au film Peur[s] du noir, et finalement ça ne s’est pas fait. Pourquoi, que s’est-il passé ?
PD : Arrive un moment où même si on est deux, on n’arrive pas à tout faire. Le dessin animé, c’est un gros investissement en temps. Nous ne voulions pas retarder la sortie en librairie de nos livres. C’est vraiment une question de choix. Quand le film est sorti, ça nous a fait un peu bizarre.
CB : En même temps, nous avions commencé Un peu avant la fortune il y a un peu plus de quatre ans. S'il avait fallu le retarder encore, ça nous aurait encore plus ennuyé.
PD : Reculer un livre, c’est reculer aussi tous les livres et projets qui sont derrière. Aujourd’hui, le fait qu'Un peu avant la fortune et le premier Bienvenue à Boboland soient sortis, cela nous permet de nous tourner vers les choses qu’on va faire après.  

Le premier Boboland… Il va donc y en avoir d’autres ?
CB : Les idées nous viennent sans faire trop d’efforts. Tant que ça frappe à la porte de l’inspiration, on continue.
 
Vous êtes arrivés chez Fluide Glacial en 1984, avec Gégé, Red et Basile, les héros de Graines de voyous. Puis est arrivée Henriette, avec une apparition mensuelle dans le magazine. A quel moment avez-vous décroché de Fluide, et pour quelle raison ? Pourquoi avoir transporté Henriette de Fluide Glacial à Spirou ?
CB : Ca ne s’est pas fait d’un coup. Nous avons arrêté Fluide en 1990, pour plusieurs raisons. Il fallait qu’on s’émancipe ailleurs. Nous sommes nés à Fluide, il fallait qu’on quitte la maison parentale. La deuxième raison, c’est qu’on avait fait le tour de la question des relations d’Henriette avec ses parents. Nous avons mis de côté ce personnage pendant trois ou quatre années, avant de la reprendre pour Je bouquine, chez Bayard Presse. Enfin, le rythme de publication mensuel, qui était exigé à l’époque des collaborateurs de Fluide Glacial, ne nous convenait plus. Pendant quatre ou cinq ans, nous n’avions eu le temps de travailler que pour Fluide.  
 

Projet de couverture pour Spirou
Le rythme de publication de la presse est une contrainte… D'un autre côté, vous semblez apprécier la prépublication, non ?
PD : On aime bien la presse (d’ailleurs nous sommes revenus à Fluide Glacial) mais tout dépend de la façon dont fonctionne un titre. Fluide, première époque, fonctionnait avec une équipe très réduite (Goossens, Binet, Edika, etc.) qui remplissait chaque mois le journal. Pour qu’un nouveau dessinateur trouve une place, il fallait qu’un ancien parte. Nous sommes arrivés quand Coucho est parti ; Blutch est arrivé quand nous sommes partis. Il y avait une sorte d’obligation à livrer des pages chaque mois, ce qui, sur la longueur, est un peu usant. Aujourd’hui, cela fonctionne d’une autre façon, avec une équipe beaucoup plus large, ce qui donne plus de liberté et le choix de faire des livres avec ou sans prépublication. Ou de faire des livres séparément, ou du scénario pour d’autres, ou d’autres projets encore.
CB : Cela dit, les Monsieur Jean ont été créés en album, sans passage par la presse. D’ailleurs, je profite de cette tribune pour un démenti formel : non, contrairement à ce qu’on peut lire sur internet, Monsieur Jean n’a pas été créé dans le magazine Yéti !

Eh bien allez-y, rectifiez… Où a été créé Monsieur Jean ?
PD : dans le cadre des albums « Margerin présente… ». Dans Yéti, c’était juste un replacement presse, comme on peut lire également des histoires dans Cargo Zone, ou des planches de Boboland dans A nous Paris.
  

Ce n’est certainement jamais simple de « revenir chez les parents ». Qu’est ce qui vous a fait retourner dans Fluide Glacial ?
CB : Le magazine a beaucoup changé. Thierry Tinlot est quelqu’un que nous avions appris à connaître en tant que rédacteur en chef, lorsqu’il s’occupait de Spirou chez Dupuis. Les quatre premières planches de Bienvenue à Boboland ont été créées pour Télérama, à l’occasion d’une carte blanche de l’été, il y a deux ou trois ans. On a tout de suite eu envie de continuer.  
PD : Télérama nous offrait quatre pages sur le sujet de notre choix. On leur a proposé les bobos ; on trouvait ça plutôt rigolo faire ça dans ce journal là. Les retours ont été bons, l’inspiration était là, d’où l’envie de continuer. C’est une série qui fonctionne par anecdotes, par petites touches, qui est donc bien adaptée pour de la prépublication. Nous avons proposé la série à Télérama, presque par politesse parce que nous savions qu’ils ne font pas de bande dessinée toute l’année, et juste après à Fluide Glacial. Parmi les choses qui nous ont attirées de nouveau dans ce magazine, il y avait donc le mode de fonctionnement plus souple, l’équipe, le fait d’y trouver des gens comme Riad Sattouf avec son Pascal Brutal…
CB : …et de retrouver des auteurs comme Goossens, Edika et Binet, qui nous manquaient !

Les fameux bouclages de la Gazette de Frémion sont l’occasion de les retrouver ?
CB : Et de faire la connaissance des nouveaux auteurs. Le bouclage nous donne le prétexte pour retrouver aussi plus régulièrement des gens comme Lefred-Thouron ou Chauzy.
 
Il y a eu une histoire d’Henriette, publiée l’an dernier dans Spirou ?
CB : c’est un projet démarré avec Jean-Louis Capron, qui a écrit toute une histoire. Mais on s’est rendu compte qu’Henriette ne faisait plus partie de ce qui nous intéressait le plus, et surtout, la crise traversée par Dupuis nous a épuisés. Ce qui explique aussi le retard pris par Un peu avant la fortune. Nous avons préféré lever le pied, le temps que les choses se calment et retrouvent un certain équilibre.
 
C’était un interlude nécessaire, de décrire la population des bourgeois-bohème, pour éviter que l’étiquette bobo soit collée à votre personnage Monsieur Jean ?
CB : Ce n’est pas tout à fait ça. Dans nos deux derniers albums, on s’intéressait de plus en plus aux personnages secondaires. Avec Boboland, on est passé dans le décor.
PD : Pour reprendre les choses à l’origine, on a commencé Monsieur Jean en 1990, à une époque où le concept de bobo n’existait pas. On n’aime jamais être étiqueté trop facilement, on avait une réaction de défense par rapport à ça. Mais reconnaissons les choses, bobo est un qualificatif qu’on peut donner à Monsieur Jean. Bobo, c’est un mot multi-facettes. L’envie de faire Boboland part de Télérama, avec un esprit un peu moqueur, consistant à vouloir renvoyer aux lecteurs une image d’eux-mêmes. Mais c’est aussi une manière de tendre notre propre miroir. Si Monsieur Jean est un bobo, il fait partie de ces bobos que j’aime bien, qui peuvent faire partie de mes amis. Ensuite, l’idée de Bienvenue à Boboland, c’est de raconter les personnages qui vivent autour de chez lui. On voulait pouvoir raconter ces histoires, sans que toute l’histoire soit accaparée par un personnage principal.  
L’autre intention de l’album, c’est réellement de dépeindre ce que sont les bobos, une population hétérogène qui ne se limitent pas aux patrons d’agence de pub. Il y a des bobos pas très riches. Certains sont sympathiques, d’autres sont franchement antipathiques. Tous les profils existent.
 
Les bobos sont-ils une population strictement parisienne ?
CB : Je ne crois pas. Les villes se ressemblent de plus en plus. Les gens aussi. On achète les mêmes choses, que ce soit en fringues ou en alimentation. Le bobo, on peut le caractériser par cette rencontre entre deux  pulsions contradictoires, de ce qui est bohème et de ce qui est bourgeois. Je ne crois pas que le Parisien soit le seul à être à cheval entre ces deux choses-là, ou à avoir un rapport compliqué avec l’argent, la bourgeoisie ou la bohême. 

C’est cette contradiction qui nous plait. Le bobo est l’urbain parfait. On n’est pas sociologues, économistes ou politologues. On se contente d’observer et de raconter. Nous parlons de nous, des gens que nous côtoyons. Nous partons du quartier de Paris dans lequel nous sommes, mais Boboland est en lui-même un pays, avec des ramifications à l’échelle de la planète… Peut-être même des boyaux de communication d’une capitale à l’autre. Les lieux de passage d’une zone à l’autre, ce seraient les magasins. On entrerait dans un « Occitane » à Paris, et on sortirait dans l’Occitane de Hong Kong.
PD : Nous avons eu quelques dates de signature en province, et quand on demande s’il y a un quartier bobo dans les villes de province, on nous répond toujours oui. Si au lieu de vivre à Paris, nous vivions à Toulouse, nous aurions raconté Monsieur Jean exactement de la même façon. Avec la place du Capitole en décor, au lieu de la Tour Eiffel et du Canal Saint Martin. La vraie question que je me pose, c’est de savoir s’il peut y avoir des bobos ruraux, qui ne soient pas des citadins en résidence secondaire.
CB : S’ils fabriquent des vaporisateurs à vinaigre balsamique ou à huile d’olive, alors oui !…
 
Il y a deux phrases très caractéristiques de l'esprit Bobo dans l’album : « C’est inutile donc indispensable » et « Bio, c’est d’abord une attitude ».
CB : chez Fluide, le livre de Cyril Pédrosa, Auto-bio, qui vient de paraître, parle de cela. De l’attitude à avoir par rapport à l’alimentation, à quel moment on tient le cap, à quel moment on baisse les bras par rapport à la volonté de vivre selon certains principes. Nous n’avons pas inventé ces deux phrases. Elles résument très bien toute l’ambigüité du propos. La nature humaine se débat avec la complexité. C’est quelque chose qu’on avait commencé à décrire avec Monsieur Jean : le jeune homme qui ne sait pas s’il doit se marier, qui est tiraillé entre l’envie et la crainte d’avoir un enfant. Tout ça donne une super matière pour raconter des histoires.
 

Dans Monsieur Jean, vous aviez une approche plus réaliste. Boboland force plus le trait, vous êtes plus dans la satire et la caricature…
PD : Oui et non. Il y a des choses qui paraissent caricaturales, et qui sont pourtant réelles et notées mot pour mot. Dans Boboland, les gens se débattent. A une exception près, mêmes s’ils ne sont pas sympathiques de prime abord, ils ont tous un côté touchant. « Bio, c’est avant tout une attitude », c’est une phrase chose qu’on a vraiment entendue.  
CB : Le principe des quartiers bobos, c’est de stigmatiser les contrastes. On part de quartiers populaires, des artistes arrivent, puis des couches de populations se superposent, ce qui fait que des très pauvres côtoient des riches ou très riches. C’est ce contraste qui crée des situations cocasses. La scène du couple qui demande à un clodo s’il a entendu parler d’un appartement à vendre dans le quartier, ce n’est pas non plus une invention. On n’invente pas grand-chose en fait. On fait notre marché en se baladant, et la seule chose qu’on invente, c’est la manière de mélanger les ingrédients : les raccourcis, la confrontation d’une anecdote avec une autre, la façon d’appuyer au mieux.  

 
Une autre personne qui a voulu caractériser les bobos, c’est le chanteur Renaud, qui leur a consacré une chanson. Vous l’allumez un peu, dans Boboland. Pourquoi ?
PD : On aime plutôt bien Renaud, on regrette simplement qu’il ait un peu perdu son côté mordant et son humour, et qu’il se fasse le porte-drapeau de toutes les causes imaginables. L’engagement est une chose compliquée. Cela dit, dans sa chanson, Renaud se renvoie à lui-même tout son argumentaire en disant qu’il est le premier des bobos.  Notre livre Bienvenue à Boboland n’est pas un procès à charge contre les bobos, pas plus qu’il n’est un plaidoyer en leur faveur.  
 
Vous faites de l’illustration de publicitaire. Vous avez essayé de vendre « dans quel monde Vuitton » ?
CB : (rires) Non. On aurait du mal, parce que ça ne marche pas dans toutes les langues.
 
Un mot à propos du film Ce soir je dors chez toi, qui est une adaptation de Monsieur Jean ?
PD : C’est un film d’Olivier Baroux, avec Jean-Paul Rouve, Mélanie Doutey et Kad Merad, qui est sorti sur les écrans en novembre 2007, et qui sors ces jours-ci en DVD. Au départ, c’est un projet que devait réaliser le frère de Charles. Nous avions écrit une première version, et puis le scénario est passé de main en main, nous avons lâché le truc, et Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve se sont appropriés le scénario et l’ont réécrit. Ca ne s’appelle pas Monsieur Jean, des distances ont été prises et sont parfaitement assumées. Nous apparaissons au générique dans l’intitulé « Librement inspiré des bandes dessinées Monsieur Jean ». Ce n’est pas une adaptation littérale des bouquins, ce qui n’est pas plus mal. Livres et films sont des médias tellement différents, la recherche de fidélité conduit rarement à des œuvres intéressantes.

  
En tant que présidents d’Angoulême, vous êtes invités à participer peu ou prou à l’organisation du festival d’Angoulême 2009. Comment allez-vous marquer cette édition ?
CB : On nous a déjà proposé de travailler sur la continuité de ce qu’avait fait Lewis Trondheim, qui avait travaillé sur la communication visuelle. Nous allons nous pencher sur la charte graphique, avec un ami avec qui nous avions déjà collaboré pour les vins Nicolas, un spécialiste du dessin de lettres et du graphisme

PD : Le FIBD a besoin de ça depuis un moment. L’idée est de pouvoir rendre cohérent tout ce qui est visuel dans le festival, pour que ça ne s’arrête pas à l’affiche : les programmes, les supports papiers, la signalétique peut-être même. Le FIBD utiliserait ce travail pour l’édition 2009, mais aussi pour les suivantes. Ca n’a l’air de rien, c’est assez technique, mais c’est vraiment du boulot.  
CB : C’est un peu tôt pour en parler de façon concrète : pour l’instant rien n’est fait, nous devons commencer par proposer quelque chose qui plaise aux organisateurs du festival. Mais on nous a posé cette problématique, et cela nous intéresse d’essayer d’y répondre.
PD : En tout cas, le contexte du FIBD, l’évolution que le festival a prise depuis quelques années nous convient parfaitement. Depuis que Zep a amené les concerts de dessin, il y a toute une programmation culturelle, des ateliers, et un programme de rencontres qui viennent s’ajouter aux expositions. Les spectacles comme celui de Blutch avec Brigitte Fontaine, de Pascal Rabaté avec Yolande Moreau, de Joann Sfar avec Thomas Fersen, tout cela marche bien. Nous n’avons donc aucune raison de bouleverser la formule. Nous sommes vraiment heureux que tout cela coexiste avec l’accès des gens aux livres, dans les bulles, avec les éditeurs et les auteurs en dédicace, événement qui n’est absolument pas à remettre en question. La programmation est suffisamment fournie, à présent, pour que les gens n’aient pas le temps de tout faire.
CB : Ce qui est bien, c’est que la rencontre avec le dessinateur ne se fait plus uniquement au travers de la dédicace, qui est un échange assez rapide au terme d’une attente souvent longue. Ce qui peut être frustrant. Les concerts de dessins permettent à un public bien plus nombreux de voir le dessin en train de se faire, et dans des conditions plus confortables et sereines que la queue d’une dédicace. Le plus agréable pour les lecteurs, pendant une dédicace, c’est de voir le dessin en train de se faire. C’est le point de départ de Zep quand il a imaginé les concerts de dessin, faire de cela un véritable spectacle, avec un support musical. A côté de ça, les master-class permettent de voir le dessin en construction, avec des commentaires du dessinateur. Il y a réellement une rencontre riche, qui met en scène le dessin.  
PD : Comme tout le monde ne peut pas venir à Angoulême, nous pensons qu’internet peut être un bon moyen de partager l’esprit du festival plus largement. Dans ce même esprit, nous nous réjouissons qu’au travers des partenariats, ce ne soient plus uniquement les lauréats des prix, ou le seul Prix du meilleur album, qui bénéficient de retombées, mais bel et bien l’entièreté de la sélection. La FNAC joue le jeu en magasin, et la SNCF met à disposition du public, dans les gares, les albums de la sélection. Ce qui est bien tant pour les livres grand public retenus dans la sélection, que pour les ouvrages à petit tirage.
 
Mais en dehors de votre contribution à la communication visuelle ou numérique, vous n’avez pas manifesté d’envies d’exposition ou de spectacles ?
PD : Nous allons faire une exposition sur notre travail, avec un certain nombre d’invités. Celle-ci mise à part, nous n’avions pas réellement la possibilité d’initier des expositions. Quand on est arrivés, il y avait déjà des projets en cours, initiés par le Festival. Des projets très bons, d’ailleurs, que nous cautionnons. Une difficulté réelle à Angoulême, c’est que les surfaces d’exposition ne sont pas extensibles à l’envi.  
CB : Pour ce qui est des spectacles, nous avions des idées, qui pourraient se faire dans le futur, mais pas l’année prochaine. Il n’y a qu’un seul lieu réellement utilisable, c’est le théâtre. Entre les spectacles existants et les remises de prix, le théâtre est utilisé sans relâche.  
PD : Nous trouvons très bien que coexistent les concerts dessinés avec les matches d’impro, parce que les ambiances de spectacle sont complètement différentes, mais cet existant, le planning du théâtre est déjà complet. Les autres idées seront pour plus tard. Il faudra d’ailleurs que nous discutions avec Zep, qui avait plein d’idées, dont toutes n’ont pas forcément été réalisées.
 
Une question protocolaire, pour terminer. A Angoulême, faudra t-il vous appeler Messieurs le président ou Messieurs les présidents ?
PD : Le mieux serait de nous appeler Monsieur Les Présidents.
CB : Ah oui, c’est pas mal, on va dire ça.

Dossier préparé par Stéphane Farinaud et Jérôme Briot
Propos recueillis par Jérôme Briot
Les illustrations de l'interview sont issues du site http://www.duber.net/ avec l'aimable autorisation des auteurs.