Posy Simmonds s’expose au Centre Pompidou
Depuis le 22 novembre 2023, la BPI (bibliothèque publique d’information) consacre une exposition à Posy Simmonds, devenue, depuis, Grand Prix de la ville d’Angoulême lors de la 51ème édition du Festival International de la Bande Dessinée.
Difficile d’être plus dans l’actualité. Lorsqu’est inaugurée au centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (« Beaubourg » pour les intimes) l’exposition intitulée Posy Simmonds - Dessiner la littérature, les trois finalistes de l’édition 2024 du Grand Prix de la ville d’Angoulême ne sont pas encore connus. Deux mois plus tard, l’autrice anglaise est sacrée lauréate, après avoir remporté en 2022 le Grand Prix Töpffer de la ville de Genève. À travers cinq pièces, quelques dizaines de planches originales, extraits de presse et carnets de croquis, l’exposition revient sur le parcours fascinant de cette géante du neuvième art.
L’une des premières dessinatrices de presse
Lorsqu’elle était au pensionnat, la jeune Posy excellait en français et en dessin. C’est donc assez logiquement qu’en 1962 elle rejoint Paris où elle prend des cours de dessin, en marge de son année d’étude en civilisation française à la Sorbonne. Rapidement, c’est dans la presse que sa carrière va s’installer. Elle commence à dessiner pour The Times et obtient même une rubrique dessinée régulière dans The Sun, à partir de 1969, où elle met en scène un personnage d’ours. Mais c’est surtout le début de sa collaboration, en 1972, avec The Guardian (journal avec l’orientation politique duquel elle se trouve plus en phase) qui marquera un vrai tournant puisque quelques années après elle y est chargée de réaliser une demi-page pour la rubrique « Women ». Le format et l’espace qui lui sont accordés lui permettent de véritablement s’installer (dans un monde essentiellement masculin) et de laisser ses talents narratifs s’exprimer pleinement.
Des ouvrages jeunesse aux romans graphiques
Passionnée par Béatrix Potter et Charles Dickens, Posy Simmonds développe à partir des années 1980 ses propres histoires pour enfants. De La fabuleuse vie secrète de Fred à Baker Cat, en passant par Matilda, l’autrice apporte son regard sur le genre de la littérature jeunesse, n'hésitant pas à s’appuyer sur un ton corrosif voire insolent. Elle y développe aussi de nouvelles techniques, puisque l’occasion lui est donnée de travailler en couleurs.
La reconnaissance la plus large arrivera à l’aube du XXIème siècle avec Gemma Bovery (1999), d’abord publié sous forme de feuilleton dans la presse (comme le fut aussi, d’ailleurs, Madame Bovary de Gustave Flaubert). Suivront Tamara Drewe (2007) et Cassandra Darke (2018), tous publiés en France par Denoël. Trois femmes, au cœur de la narration et actrices de leur destin. Trois romans graphiques d’une puissance, d’une intensité et d’une justesse incroyables, qui achèveront de faire connaître leur auteure dans le monde entier.
L’exposition est visible jusqu’au 1er avril 2024 (entrée gratuite). Pour plus d’informations, voir le
site de la bibliothèque publique d’information.
⦿ Reportage photo de Damien Kebdani